La famille Jumbo Pneus s’agrandit
Coller au terrain comme un pneu à la route… Cette formule pourrait être le leitmotiv de Jumbo Pneus. Car le réseau de pneumaticiens chez lequel on peut venir sans rendez-vous poursuit son expansion au plus près du terrain. Basé à Gennevilliers (92), il compte 30 sites dont 23 franchisés, majoritairement installés en région parisienne, mais aussi dans quelques villes en région : Marseille (13), Metz (57), Caen (14), Angoulême (16), etc.
Ce développement permet au réseau de massifier ses achats d’enveloppes. Il s’est spécialisé dans le TC4 neuf, qu’il distribue à prix compétitifs. Jumbo Pneus propose également tous les services liés : équilibrage, montage, réparation, permutation, et de petites opérations mécaniques.
Depuis 2021, les Franciliens bénéficient en plus d’un atelier mobile pour des prestations à domicile, tandis que l’enseigne étend ses services (liés à la sécurité) à des opérations annexes, comme l’entretien et le remplacement des freins. Et depuis un an, de plus en plus de centres adoptent le panneau Jumbo Pare-Brise…
"Nous pensons arrêter notre développement autour de 70 à 80 franchisés", annonce Patrick Bazin. Le dirigeant de l’enseigne précise vouloir ainsi "garder une taille humaine", pour préserver à la fois la qualité de ses prestations et l’esprit familial du réseau. La tête de l’enseigne évite d’imposer un processus d’entrée trop compliqué à ses membres, pour ne pas oblitérer leur personnalité ni les éloigner du terrain. Mais pas question pour autant de laisser n’importe qui accrocher le panneau. Bien au contraire !
"Permettre à tous de gagner de l’argent"
Le recrutement est majoritairement initié par le bouche-à-oreille. "Nous recevons une à deux demandes par jour. Sur le mois, deux à trois dossiers apparaissent sérieux", souligne Isabelle Sun, responsable des grands comptes, du réseau et de la communication. Puis l’équipe écrème par région et réalise des études de marché. "Nous nous assurons que les nouveaux centres tiendront la route." Deux à trois mois sont ensuite nécessaires avant de poser la première pierre du projet, car l’enseigne propose aux candidats de les accompagner de A à Z.
Mais elle vérifie d’abord que le nouveau site ne fera pas d’ombre à ceux existants – qui sont consultés et privilégiés. Car si en Ile-de-France, la zone de chalandise moyenne des franchisés s’étend sur dix kilomètres, son rayon est généralement deux fois plus important en province. Leur chiffre d’affaires oscille entre 500 000 euros (pour les plus récents) et trois millions d’euros, avec quatre à dix salariés. "Notre ambition est de maintenir la qualité de service et de permettre à chacun de gagner de l’argent", précise Patrick Bazin.
Par ailleurs, le nombre de places limitées dans le réseau offre des perspectives de développement intéressantes pour les membres les plus dynamiques… Mais auparavant, les nouveaux entrants doivent passer par une phase de formation. "Par principe, nous faisons mettre les mains dans le cambouis aux candidats. Tous doivent être capables de démonter des pneus, du début à la fin, pour savoir de quoi on parle. Ainsi, ils peuvent aussi répondre aux questions des clients", raconte Isabelle Sun. "C’est particulièrement important pour les femmes. Car les gens ont moins confiance, et elles doivent montrer qu’elles connaissent bien le métier."
Jumbo ou l’état d’esprit d’un couple hors du commun
Cette approche maintient l’esprit de famille de l’entreprise lancée en 1985, à partir de laquelle la franchise a été fondée en 2014. Ses créateurs sont Thérèse et Jean-Yves Bazin, personnages hors du commun – tous deux disparus à quelques semaines d’intervalle au printemps 2022. Pourtant, au départ, "mon père n’était pas du tout dans l’automobile, puisqu’il était antiquaire et roulait en utilitaire. Il s’est mis à travailler avec des pneus d’occasion, car il n’aimait pas le gaspillage et avait une fibre écologiste", se souvient Patrick Bazin.
"Dans les années 1980, il s’était rendu compte qu’on jetait les enveloppes en demi-vie. Il s’est donc mis à les exporter en Afrique puis à vendre des pneus en France." Au début, l’activité a démarré dans le pavillon du couple à Taverny (95), avant d’investir un entrepôt à Méry-sur-Oise (95). Puis de finalement s’implanter sur son emplacement actuel du port de Gennevilliers. "À l’époque, le quartier était défavorisé mais la solidarité primait chez ses habitants. Les membres de l’entreprise y vivaient ensemble, comme une grande famille. Cet état d’esprit est très fort chez Jumbo Pneus", raconte le dirigeant.
Thérèse Bazin s’occupe alors de la gestion de l’entreprise et des enfants, tandis que son époux ne quitte pas sa cotte verte pendant de très longues journées. Il entretient des relations privilégiées avec ses clients, qui lui amènent des véhicules sans planifier de rendez-vous. "C’était un précurseur. Il y a trente-cinq ans, il avait déjà inventé le “tout compris”… Auquel aujourd’hui, on intègre le pare-brise", affirme son fils.
C’est sa mère qui trouve le nom de l’entreprise au mitan des années 1980 : "Jumbo" est une salutation commune en Afrique subsaharienne. "Cela renvoie aussi à l’éléphant, animal symbole de prospérité", précise Isabelle Sun. En 2011, Patrick Bazin prend le relais. Auparavant, il avait multiplié les fonctions au sein de l’entreprise familiale, en commençant par le montage de pneus pendant un an…
RSE n’est pas "charity business"
Par la suite, la franchise naît presque par hasard, lorsque des salariés veulent s’établir à leur compte en conservant "l’esprit Jumbo". Le premier franchisé ouvre ses portes à La Courneuve (93). Il sera suivi par d’anciens collègues et par des clients. Depuis cette époque, "nous préservons la personnalité de nos franchisés, afin qu’ils gardent leur flexibilité et leur réactivité. Et en préservant ce côté humain, on se rend compte qu’on doit s’insérer dans le tissu social et associatif local", explique Isabelle Sun.
Cette démarche entraîne une pratique aiguë de la responsabilité sociale et environnementale (RSE). Ainsi, l’équipe de la maison mère se félicite de la fidélité de ses employés, avec un faible turnover interne. À l’extérieur, l’enseigne n’est pas avare de ses efforts dans le domaine associatif et caritatif.
Le site de Gennevilliers donne l’exemple en soutenant des équipes sportives (de rugby féminin, foot, tir), distribue régulièrement de l’aide alimentaire et des kits scolaires, et envoie aussi du matériel médical au Cameroun. "Il ne s’agit pas de “charity business”, mais d’aller au contact des personnes en regardant comment elles vivent. Ce type d’activité caritative est indispensable aux associations et collectivités dans les évolutions de la société", affirme Patrick Bazin.
L’appel de la province pour développer Jumbo
Cet état d’esprit permet de resserrer les liens avec le terrain sur lequel opère chaque site. On le renforce avec la mise en place d’une véritable machine de guerre pour conquérir de nouveaux franchisés. Ceux-ci restent libres de nouer des partenariats, pour exploiter toutes les opportunités locales. Ils sont soutenus par les services d’accompagnement du réseau.
Ainsi que par le stock de Villetaneuse, qui compte 15 000 pneus de toutes dimensions. L’enseigne a développé un modèle logistique mixte, dominé par la sous-traitance du transport. Ce dispositif pourrait être complété par des plateformes en province, au fil du développement de Jumbo Pneus hors d’Ile-de-France. "Notre avenir réside dans le développement en province. Cela présente moins de contraintes, et les candidats y sont plus faciles à trouver", précise Isabelle Sun.
Plusieurs implantations figurent au programme dans les prochains mois. Les dirigeants affirment que le développement pourrait être plus rapide tandis que, côté services, de nouvelles initiatives pourraient voir le jour. Mais ils préfèrent garder leur rythme de développement. "Nous avons un côté très traditionnel, mais en mettant en place beaucoup d’innovations", résume Patrick Bazin. L’objectif reste de conserver la plus grande proximité possible avec les clients, pour répondre au mieux à leurs besoins.
Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°178 de janvier-février 2023.