S'abonner
Distribution

Henri Venturini : famille, travail, passion

Publié le 16 octobre 2023

Par Romain Baly
4 min de lecture
Chez les Venturini, l’automobile est une passion qui se cultive et se transmet. Agent Renault historique depuis près de 80 ans sur l’île de Beauté, la famille a développé ses affaires il y a une quinzaine d’années sous la houlette d’Henri. Pilote de rallye sur son temps libre, le quadragénaire est aussi un chef d’entreprise accompli. Il s’est lancé dans le pneumatique grâce à Siligom. Avec réussite.
Représentant historique de la marque Renault sur l’Ile de Beauté, l’entreprise Venturini s’est diversifiée dans le pneumatique en 2006 grâce à Siligom.

Commençons tout d’abord par nous excuser. Cet article consacré à Henri Venturini et sa famille ne suffira pas. Leur histoire mériterait assurément d’en faire un livre ! Aux confins des liens du sang et du cœur, de l’entrepreneuriat et de la passion, des idées et des convictions, il y a tout chez eux pour en écrire autant. Aussi loin qu’il se souvienne, le quadragénaire a toujours baigné dans l’automobile. "C’est ma véritable passion" résume-t-il. La rencontre entre les Venturini et cet univers remonte à bien des années.

Tout est parti de l’arrière-grand-père d’Henri. C’est lui qui, d’une certaine façon, a planté la graine de la "bagnole" auprès des siens en fondant l’un des tout premiers garages en Corse après la Première Guerre mondiale. Dans la lignée, son grand-père a lancé Renault sur l’Île de Beauté en ouvrant la première agence au losange au milieu du XX e siècle. Une affaire dans laquelle son père, Ange-Marie, a évolué pendant toute sa vie jusqu’au moment de prendre sa retraite en 2017.

Il rêvait de devenir pilote professionnel

Fous de mécanique, les Venturini le sont aussi de sport auto, et plus particulièrement de rallye. Le grand-père d’Henri, encore lui, a participé à la toute première édition du Tour de Corse. Ange-Marie s’est de son côté distingué en prenant part à de nombreuses épreuves. "Je me souviens de moi, tout gamin, traînant dans l’atelier. Je voyais ça avec des yeux d’enfant. On peut dire que j’ai grandi dans les voitures !" Dans et autour d’elles, ce qui va conduire très vite Henri Venturini à suivre les pas de ses aînés.

Dès 15 ans, il maîtrise les fondamentaux de la mécanique et, puisqu’il n’aime pas l’école, s’oriente assez naturellement dans cette voie. Un BEP puis un bac pro en poche, le voilà qui intègre l’entreprise familiale en 2000. En parallèle, il se fait un nom, ou plutôt un prénom, dans l’univers du rallye. Amateur puis semi-pro, Henri accumule l’expérience, s’aligne sur de multiples épreuves en championnat de France et s’imagine faire carrière au volant.

Sauf que le rallye, comme la plupart des compétitions autos, coûte cher : "À un moment, il a fallu se concentrer sur le travail…" Aux manettes, Ange-Marie n’est pas du genre à enfermer sa progéniture. Au contraire. Rapidement, Henri se voit confier des responsabilités. Pleinement investi et avec de la suite dans les idées, il décide en 2006 de diversifier les activités de l’entreprise.

On ne vient pas chez Siligom, on vient chez les Venturini !

"On avait à Corte une petite carrosserie et la question de son avenir s’est posée, narre-t-il. Moi, je trouvais que cette activité était difficile à rentabiliser et pas assez proche de notre métier initial. On a donc décidé de raser le site et d’en construire un tout nouveau dans lequel on a développé une activité de pneumaticien avec Siligom. Conseiller, aider, faire du service rapide… ça permet de créer du lien avec les clients et ça s’inscrit vraiment dans notre philosophie."

Au demeurant très terre-à-terre. À Corte, on ne va pas chez Renault ou chez Siligom ; on vient chez les Venturini ! "Je connais 99,9 % de mes clients", confirme le dirigeant. Henri Venturini se rappelle tous ces repas où son père quittait la maison pour dépanner untel ou untel. La réussite et la réputation de son entreprise doivent donc beaucoup à son sérieux, son savoir-faire, le dévouement de ses équipes, des centres nickel à l’accueil soigné… Aujourd’hui, ces valeurs restent plus que jamais le socle des Venturini.

Moins délité en zone rurale qu’en ville, l’attachement des automobilistes envers leur garagiste demeure. "Cette proximité est à double tranchant. Un client satisfait va vous en faire gagner trois ; un autre mécontent, lorsqu’il va descendre au bar du village, va vous en faire perdre dix ! Il faut être très attentif à l’image." Après le succès rencontré par le Siligom de Corte, Henri Venturini souhaite aller plus loin et investit en 2010 dans un centre de contrôle technique avec l’appui de Dekra. 2022 marque une nouvelle étape très importante avec un développement hors des bases familiales.

Montrer l’exemple

Attaché à son réseau, le dirigeant entend que celui-ci vivote plus au nord, du côté de l’Île-Rousse. Voyant l’opportunité offerte par cette zone de chalandise, il décide d’investir dans un second centre Siligom. Basé sur la commune voisine de Monticello, celui-ci a ouvert ses portes en octobre dernier et ne cesse, depuis, de dépasser les prévisions de croissance imaginées en amont. Avec la même recette qu’à Corte (service, disponibilité, dépannage, stock…), le succès est là.

Nonobstant l’opportunité qui se présentait à lui, Henri Venturini avoue avoir douté à l’idée de sauter le pas. Pour une raison évidente que connaissent à peu près tous les entrepreneurs du secteur : se développer oui, mais avec quelles compétences ? Recruter de la main-d’œuvre s’avère de plus en plus difficile dans le pneumatique, et dans l’après-vente automobile en général. Avant d’acter cet investissement, le patron assure ses arrières en trouvant son chef de centre et en envoyant ses équipes dans son site de Corte pour trois mois de formation.

Cette problématique de recrutement est un frein dans sa stratégie, et il le déplore. Ouvrir un troisième centre est une éventualité, pas dans l’immédiat mais à moyen terme, à condition de pouvoir disposer d’une équipe de qualité. D’autant qu’une fois recrutés, ses collaborateurs font preuve de fidélité, la plupart étant présents depuis au moins une dizaine d’années. Du genre à mouiller la chemise et à montrer l’exemple, Henri Venturini exècre l’idée d’être "un patron de bureau", enfermé entre quatre murs avec la tête dans ses dossiers. Il reste profondément attaché au terrain.

Un patron serein et bien entouré

Et s’il cultive cela, c’est aussi parce que son entreprise est parfaitement structurée. Il peut même s’accorder un peu de temps pour lui et a repris la compétition cette année, s’alignant en championnat de France terre. Au quotidien, il peut aussi compter sur le précieux soutien de son épouse Flora. "Heureusement qu’elle est à mes côtés. Elle me modère et m’aide beaucoup dans la gestion quotidienne."

Bien installée chez Dekra, tête de gondole locale de Siligom, représentant historique de Renault, la société Venturini s’est construite méthodiquement pour que sa riche histoire se poursuive. Henri a encore des projets en tête, mais se montre pragmatique et patient. Serein, il sait tout le chemin déjà parcouru. "Reprendre une entreprise familiale est parfois lourd à porter. Le regard des gens peut être pesant. Certains ont peut-être douté de mes capacités, admet-il. Aujourd’hui, je gère très bien cette pression. Je sais aussi que mon père est fier de mon parcours même si, en bon Corse, il le dit davantage aux autres qu’à moi."

À son tour père de famille, Henri Venturini ne peut évidemment pas savoir si l’histoire continuera avec la prochaine génération, son fils n’ayant que 6 ans. Mais quand il en parle, sa voix prend un grand soleil. "Tous les week-ends, on lui prépare son kart. Il traîne tout le temps dans l’atelier !" Ça ne vous rappelle pas quelqu’un ?

 

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°181 de septembre-octobre 2023.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager : 

Sur le même sujet

cross-circle