Philippe Comes touche au but
Il n’y a pas d’âge pour se réaliser. Philippe Comes vient le confirmer en se lançant dans l’entrepreneuriat à 50 ans passés. À la différence de tous ceux qui embrassent cette destinée à corps perdu, sur un coup de tête ou parce que, dans la vie, il faut savoir prendre des risques, lui a pris le temps de se construire, d’apprendre et de comprendre, d’atteindre méthodiquement, pragmatiquement, un certain niveau de connaissances, de maîtrise ou de maturité, à même de lui permettre "d’y aller" justement en prenant le moins de risques possible. Ce portrait n’a pas vocation à prendre parti entre tel ou tel cheminement.
L’histoire de ce Parisien de naissance et Charentais d’adoption est intéressante à plus d’un titre, et notamment parce qu’elle offre une autre vision de ce que peut être, finalement, l’entrepreneuriat. Pour Philippe Comes, l’automobile est la passion d’une vie. Enfant, il se revoit jouer aux Majorette ou monter dans la Diane de ses parents. Hier comme aujourd’hui, telle une madeleine de Proust, la voiture est un lien sacré entre le passé et le présent.
Un fil conducteur aussi, et c’est donc tout naturellement qu’il s’oriente très tôt dans cette voie. Passion n’étant pas (toujours) raison, Philippe Comes mesure sa chance d’avoir eu des parents réceptifs à ses envies. "Je les remercie d’avoir compris cela et de m’avoir permis de faire les études que j’ai faites", confie-t-il.
Le goût de l’après-vente
Titulaire d’un DUT de génie mécanique et d’un diplôme d’ingénieur de l’Estaca, sa carrière débute en 1996 par un stage de quatre mois à la réception client d’Opel France. Un premier pied dans l’après-vente puis rapidement le second, lorsqu’il est embauché par Fiat pour gérer les activités service rapide, contrôle technique, informatique, valorisation des déchets ou encore assurance automobile de 50 concessions Fiat, Alfa Romeo et Lancia, réparties dans 23 départements. Au bout de trois ans, retour dans le groupe General Motors en tant que conseiller pièces et accessoires au soutien, cette fois-ci, de 15 concessions Opel du Sud-Ouest de la France.
Captivantes, très formatrices, valorisantes aussi, ces étapes développent en lui ce goût si prononcé pour l’autre facette du monde de l’automobile. Entre la vente et l’après-vente, le clivage est ancestral. De l’un à l’autre, on passe du costard au bleu de travail, du carrelage bien lustré au sol graisseux, de l’achat plaisir à la dépense contrainte…
Philippe Comes, lui, juge les choses bien différentes, à juste titre. "L’après-vente, c’est de la technique, du commerce, de l’écoute, du conseil aux clients… En termes de fidélisation, avoir un bon atelier est sans doute plus important qu’avoir un bon espace de vente. C’est ce qui va faire revenir le client chez vous." Malgré cette passion, il souhaite, en 2002, franchir un nouveau cap dans sa carrière en y intégrant une dimension managériale plus importante.
La distribution, une "évolution naturelle"
L’opportunité se présente finalement chez Semat, spécialiste des bennes à ordures, où il est nommé responsable du service pièces de rechange avec 10 personnes sous sa responsabilité. L’expérience est là encore enrichissante, mais l’automobile lui manque. Alors, dès 2006, il y revient mais cette fois avec une nouvelle casquette. Le voilà nommé à la tête de la concession Opel/Kia de Rochefort (17), un site qui écoulait à cette époque environ 300 véhicules neufs et 350 véhicules d’occasion par an. Plus qu’un changement, une "évolution naturelle", se souvient-il.
"Après les expériences que j’avais connues précédemment, cette étape était dans l’ordre des choses." S’ensuivra la direction, entre 2013 et 2014, des concessions Opel et Chevrolet du groupe Gibaud de Poitiers (86) et Châtellerault (86), puis entre 2014 et 2020, celle de la concession Nissan de Niort (79), détenue par Eden Auto. Après avoir passé plus de quinze ans dans la distribution, Philippe Comes sent que l’heure du changement est arrivée. "Je n’ai pas fui le monde de la distribution. Simplement, après avoir fait gagner de l’argent à des investisseurs, j’ai souhaité en gagner pour moi", résume-t-il en toute franchise.
L’idée de se lancer dans l’entrepreneuriat remonte d’ailleurs à bien plus tôt. Ce projet, il le mûrit depuis une dizaine d’années et, en quittant Eden Auto en 2020, son ambition n’est pas de rester dans l’automobile. "C’est un univers qui me passionne, que j’adore, mais j’aime aussi beaucoup le monde de l’assurance, et je voulais alors devenir agent."
Un échec salvateur
Ne laissant aucune place au hasard, il quitte donc son poste et investit quelques économies pour passer un MBA d’agent général en assurance. Diplôme qu’il obtient, sans toutefois réussir à concrétiser son projet, ne trouvant pas le portefeuille adéquat en Charente-Maritime. D’aucuns auraient été minés par cet échec, pas lui. Cette expérience le conforte paradoxalement dans l’envie d’être à son compte.
Aussi, lorsqu’il tombe sur une annonce de Midas annonçant que l’enseigne est à la recherche de nouveaux franchisés, il saute sur l’occasion. "J’avais déjà eu l’opportunité de reprendre deux centres autos près de chez moi, mais les bilans n’étaient pas bons et j’avais finalement décliné, précise-t-il. Dans la foulée, Midas est arrivé et j’ai rencontré des gens très chaleureux, dotés d’un grand sens du commerce, avec qui le courant est bien passé… Je me suis très vite senti en confiance."
Les deux parties sont faites pour s’entendre mais en plein Covid, l’affaire n’a rien d’une évidence. Depuis le début de la pandémie, le modèle de la franchise souffre non pas d’un moindre attrait, mais d’une plus grande vigilance des banques. Tous les dossiers sont scrutés à la loupe. Celui de Philippe Comes passe comme une lettre à la poste : quatre demandes de financement, quatre accords !
Créer plutôt que reprendre
On en revient là au propos initial. Cette conclusion doit sans doute beaucoup au parcours de cet homme aujourd’hui âgé de 52 ans. "J’imagine que les banques ont été réceptives à mon projet. Elles ont vu que mon dossier était bien ficelé. Peut-être aussi que mon parcours et mon expérience les ont rassurées…" Le 30 août 2021, un nouveau centre Midas ouvre ainsi dans la zone artisanale de Saintes (17), animé par deux mécaniciens et leur patron.
Une création plutôt qu’une reprise, un choix voulu par ce dernier. "J’ai hésité, mais je me suis dit que j’allais trouver beaucoup plus de satisfaction à tout construire, à développer un centre à mon image. Le revers de la médaille, c’est que vous partez de zéro et que personne ne vous attend…" Après avoir investi 280 000 euros dans ce lancement, Philippe Comes entend donc se faire connaître. Rapidement, il adhère au club des entrepreneurs du coin, il sollicite les artisans locaux pour bâtir son bâtiment, leur propose en retour de venir chez lui pour entretenir leur véhicule, investit aussi dans la communication, travaille son référencement sur le web…
Des efforts qui payent. Depuis l'été dernier, le centre Midas de Saintes enchaîne les croissances à deux chiffres. À tel point qu’il se verrait bien aller encore plus loin en reprenant ou en ouvrant un second site d’ici "deux à trois ans". Ambitieux, déterminé mais aussi pragmatique, Philippe Comes n’a pas pour autant la folie des grandeurs. Il entend simplement vivre à fond ce qui sera "probablement la dernière expérience de ma carrière". Probablement aussi la plus belle.
BIO EXPRESS
Philippe Comes (Midas), 52 ans
1996. Diplôme d’ingénieur (Estaca) en poche, il évolue à l’après-vente d’Opel puis de Fiat.
1999. Nommé conseiller pièces et accessoires de GM pour le Sud-Ouest de la France.
2002. Rejoint Semat, spécialiste des bennes à ordures.
2006. Prend la tête de la concession Opel/ Kia de Rochefort (17).
2014. Dirige la concession Nissan de Niort (79).
2021. Devient franchisé Midas à Saintes (17).