Profil Plus : chez les Mariotte, les années passent mais l’ambition demeure

Le dernier quadrimestre 2025 sera forcément chargé pour Mariotte Pneu. Le pneumaticien de Luxeuil-les-Bains (70) va profiter des derniers mois de l’année pour célébrer son 70e anniversaire au travers de manifestations organisées dans ses points de vente. Une manière de fêter ce moment important tout en facilitant la vie de ses clients, pour lesquels l’entreprise s’est toujours évertuée à cultiver le service et la proximité.
"70 ans, dans la vie d’une entreprise familiale, c’est une fierté mais ce n’est qu’une étape !" note Gérard Mariotte. "Cet anniversaire constitue l’occasion de célébrer notre passé et notre futur", résume sa fille Julie, codirigeante.
Le passé, longuement développé dans nos colonnes en 2020 (voir saga du JDP n° 163), tient dans l’histoire d’Edmond et Colette, respectivement fils de cultivateur et fille de boucher. Uni à la ville comme au travail, le couple reprend en 1955 une affaire spécialisée dans le rechapage de pneus d’essieux et de chariots agricoles qu’ils rebaptisent La Maison du Pneu Mariotte. Un nom au double sens puisqu’en plus d’être l’épicentre de la gomme à Luxeuil, l’atelier accueille aussi la maison familiale.
C’est là que grandira Gérard, leur fils né en 1952, dont la propre histoire sera marquée au fer rouge par cette entreprise. En l’intégrant en 1973, celle-ci a déjà bien grandi avec un second site à Besançon (25). Entre rachats et déménagements, les années 1980 et 1990 seront marquées par une profonde expansion. Pontarlier (25), Gray, Vesoul (70)… le pneumaticien va progressivement renforcer son maillage local pour devenir une référence de son univers dans la région.
Un trio en osmose
Un statut qu’il doit alors, et toujours, à ces développements mais aussi à une stratégie atypique. Si le pneumatique est inscrit dans ses gènes, l’entreprise s’est diversifiée un peu par hasard dans la distribution de carburant en reprenant, en 1993 à Besançon, un site déjà doté d’une cuve. Le "pourquoi pas" est devenu un incontournable qui représente désormais 28 des 50 millions d’euros de chiffre d’affaires.
C’est dans ce contexte que la troisième génération familiale a pris ses quartiers aux côtés du paternel. En deux temps toutefois. Marie, la fille aînée de Gérard, a rejoint l’équipe en 2007. Cette diplômée de Maths sup et Maths spé aurait pu prétendre à une grande carrière dans la finance mais, "mordue par le pneu et faite pour cet univers", dixit sa sœur cadette, elle a finalement choisi de tracer son chemin auprès des siens après avoir fait ses gammes chez Michelin.
Julie, quant à elle, n’est arrivée qu’en 2021. Ancienne élève de l’Edhec, elle a vu le monde durant ses études (Australie, Japon, Canada…) avant d’évoluer dans l’univers du luxe au sein du groupe LVMH. La Covid, période propice à l’introspection, et l’enjeu de la transmission l’ont convaincue de revenir à Luxeuil pour reprendre le flambeau avec Marie.
Dans les faits, leur père n’est jamais très loin… Le trio fonctionne en osmose. "Il faudra bien couper le lien tôt ou tard car, à un moment, gérer une entreprise devient difficile, admet Gérard. Mais en attendant je suis toujours là à accompagner mes filles."
Avec huit points de vente, autant de départements couverts, 60 véhicules d’intervention et une centaine de collaborateurs, la petite affaire d’Edmond et Colette est devenue un mastodonte régional grâce, notamment, au soutien du réseau Profil Plus dont La Maison du Pneu est l’un des porte-étendard. "Faire partie d’un réseau est incontournable pour un négociant comme nous, précise Julie Mariotte. Sur les achats, les grands comptes ou les services, nous avons besoin de cet appui. Et avec Profil Plus, nous gardons notre indépendance et côtoyons des entrepreneurs qui nous ressemblent."
Structurer pour pérenniser
Avec son enseigne et ses idées, l’entreprise haut-saônoise entend perpétuer son développement. Sur la feuille de route des sœurs Mariotte, figure la transmission, qu’il faudra finaliser de façon invisible et indolore pour les clients. En interne, il sera question de moderniser le fonctionnement RH, pour répondre aux enjeux des nouvelles générations et rester une structure attractive à l’heure où la quête des talents s’avère complexe.
Cette problématique sera d’autant plus incontournable qu’elle constitue un point clé des futurs développements. Le rachat ou l’ouverture de nouveaux points de vente demeurent dans la ligne de mire des Mariotte, mais cela nécessitera de réunir toutes les conditions, l’une des plus importantes étant de trouver les bonnes compétences. "Ce métier a bien changé depuis mes débuts, constate Gérard Mariotte. La gestion des équipes est devenue plus compliquée. On manque de talents et on peine à les garder. Parfois, vous vous investissez avec cinq jeunes et, au bout de leur formation, deux ou trois s’en vont…" Ainsi, c’est par la concrétisation de ces projets structurants que Julie et Marie entendent "pérenniser le profil" de leur groupe avec toujours en toile de fond le pneu et le carburant comme moteur.
La première souligne "qu’il n’y a jamais eu de pression" pour reprendre le flambeau familial. Ce que confirme le paternel : "Elles n’ont jamais eu le couteau sous la gorge pour revenir. Elles ont fait ce choix pour de bonnes raisons, parce qu’elles en avaient envie. Aujourd’hui, je ressens de la fierté que cette entreprise continue et du soulagement que l’histoire se poursuive avec deux jeunes filles très douées." L’une et l’autre sont pleinement investies pour que l’histoire perdure, encore et encore.
"Cette entreprise n’a jamais été un poids. Bien au contraire, elle nous a beaucoup apporté, à commencer par la valeur du travail. Marie est venue d’abord parce que le secteur lui plaisait, moi parce que l’entreprise me plaisait", précise encore Julie. Et de conclure : "On sait ce que ça représente de reprendre une affaire familiale, mais on se sent l’une et l’autre pleinement à notre place".
Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°191 de septembre-octobre 2025.