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Distribution

Quand faut-il calibrer les Adas ?

Publié le 11 septembre 2025

Par Nicolas Girault
3 min de lecture
Certains "freinages fantômes" seraient dus à une mauvaise calibration des Adas d’après quelques spécialistes – hypothèse non confirmée pour l’instant. Mais dans tous les cas, cette opération reste impérative sur les véhicules concernés, notamment après les opérations de géométrie, pour maintenir la sécurité des automobilistes. Rappel des règles de l’art.
Certains outils de géométrie (comme ici un modèle de Bosch) intègrent un système de recalibrage des Adas. ©Bosch

Formateurs, prestataires spécialisés et experts automobiles affirment que tous les professionnels de l’auto ne mesurent pas encore l'importance du calibrage des Adas (systèmes d'aides à la conduite) après certaines opérations. Ils observent des ignorances et déficiences inquiétantes dans certains ateliers. Cela, aussi bien chez des indépendants, que des constructeurs et centres auto. Autant de négligences qui pourraient être à l'origine de certains freinages intempestifs ou "fantômes".

Après une géométrie ou la dépose de certains éléments

Pourtant, les pneumaticiens sont autant concernés par les Adas que les carrossiers, les poseurs de vitrage, les mécaniciens et les centres autos… Sans oublier non plus les experts automobiles et assureurs en réparation collision – pas toujours exemplaires non plus sur le sujet.

Ces systèmes doivent être recalibrés après certaines réparations et opérations de maintenance. Démontage de certaines pièces de carrosserie, de pare-brise et interventions sur le train roulant imposent une géométrie, suivie d'un nouvel étalonnage de ces capteurs. Toutefois, le calibrage n’est pas obligatoire à la suite d’un changement de pneumatique.

Pour tous les réparateurs, la règle à appliquer est claire : "après toute opération de géométrie ou de dépose d’un élément comprenant un capteur Adas, un recalibrage est nécessaire", rappelle Éric Blaizeau, référent technique mobilité du Cesvi. Ce technocentre du groupe Covéa fait référence en la matière. Ses techniciens spécialisés y étudient tous les systèmes Adas multimarques existants, fabriqués par BoschContinentalValeo et d’autres. Ils identifient ainsi des méthodes de réparation. Ils enseignent également les règles de l’art de leur calibrage.

À partir de l’angle de poussée réelle du véhicule

Concrètement, les capteurs (radars ou lidars) sont présents sur les parechocs ou traverses des véhicules récents, ainsi que les modèles haut de gamme plus anciens. Sans oublier leurs pare-brises qui accueillent une caméra.

Tous informent les différentes fonctions d'aides à la conduite sur l’environnement du véhicule. À partir de ces données, son électronique embarquée peut activer des commandes indépendamment du comportement du conducteur, pour assurer la sécurité du véhicule.

Les spécialistes du Cesvi insistent donc sur l’importance d'étalonner les Adas à partir de l’angle de poussée réel du véhicule. En effet, le réparateur ne doit pas se fier uniquement à l’axe de symétrie de la carrosserie. Car avec le temps, celui-ci peut dévier dans les cas où l'arrière du véhicule est décalé par rapport à l'avant. Celui-ci avance alors "en crabe" et ses Adas doivent obligatoirement prendre cet axe en compte.

Éviter d’induire en erreur les systèmes de sécurité

Par ailleurs, le calibrage des Adas doit être uniquement effectué avec des outils dédiés. Parmi les marques spécialisées figurent Autel, Bosch, Delphi, Hella Gutmann, Mahle, Texa, etc. Une grande partie de leurs systèmes édite un certificat de calibrage après chaque prestation – preuve que l'opération a été réalisée correctement.

A contrario, si le calibrage n’est pas correctement effectué les Adas ne perçoivent pas la direction réelle du véhicule… Et induire en erreur les dispositifs de maintien dans la voie, de régulation de vitesse adaptatif, de freinage d’urgence automatique ou encore éventuellement des phares matriciels…

Ces derniers peuvent alors déclencher un coup de frein intempestif, un écart de trajectoire hors route ou l'éblouissement d'un véhicule arrivant de face. En cas d'accident, le réparateur pourrait être reconnu responsable. Si la justice prouve qu'il a mal (ou pas) calibré un capteur à l'origine d’un sinistre, sa vie peut basculer.

Toujours davantage d’Adas

Il n’en demeure pas moins que ces outils et formations restent coûteux. Difficile de trouver un système couvrant la majorité du parc roulant à moins de 9 000 euros. Sans compter le prix de la formation de ses utilisateurs. Néanmoins des solutions alternatives existent. Pour éviter d’engorger les concessions automobiles avec des véhicules à recalibrer, des prestataires proposent de les effectuer dans les ateliers.

Dans tous les cas, les professionnels seront de plus en plus confrontés à la problématique du recalibrage. En effet, la réglementation européenne GSR2 impose dores et déjà certains Adas depuis 2022. Parmi eux, figurent l'aide au maintien dans la voie, l'alerte de survitesse (avec lecture des panneaux de signalisation) et l'AEB. À partir de juillet 2026, un système de détection de piétons, deux-roues et d'obstacles sera aussi obligatoire sur les nouveaux modèles…

D'après la Fédération des industries des équipements pour véhicules (Fiev), un véhicule sur deux du parc roulant devrait être équipé d'Adas d'ici à 2030. Mais dès aujourd’hui, tous les ateliers doivent être capable d'assurer leur maintenance (en l’internalisant ou pas).

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