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Manufacturiers

Toyo vainqueur du froid à Val Thorens

Publié le 4 avril 2014

Par cynthia
10 min de lecture

Importé en France par Dipropneu, le manufacturier japonais Toyo prend de l’assurance. 

Il dispose dorénavant d’une usine aux Etats-Unis, d’une autre très productive en Malaisie, d’une unité en Chine en plus des deux « historiques » japonaises de Kuwana et Sendaï. La R&D s’appuie sur des équipements ultra-modernes et deux pistes d’essai, Miyasaki au sud du Japon pour les pneus été et Saroma, au nord, pour les pneus hiver. C’est sur cette île d’Hokkaïdo, très froide et recouverte de glace tout l’hiver, que les pneus amenés à Val Thorens pour un comparatif avec Continental et Hakkapeliitta ont été mis au point.

 

Pas de chance, la tempête a déversé 30 cm de neige sur le circuit en une après-midi, offrant certes des conditions 100 % hivernales mais limitant les possibilités de comparaison. Après beaucoup d’efforts, on a pu ébaucher quelques matchs où les Toyo Snow Prox, Observe GSi-5 et G3-ICE (clouté pour la Scandinavie), se sont fort bien comportés. Une confirmation pas vraiment surprenante pour le staff Toyo, venu nombreux organiser la session depuis le siège européen de Willich, en Allemagne, mais aussi agréablement accueilli par les clients invités à les tester par Dipro. qui ont pu vérifier une seconde fois les excellentes performances de Toyo hiver en repartant de Val Thorens sur une épaisse couche de neige !

 

Comment survivre sur un marché intérieur japonais encombré par Bridgestone, n°1 mondial, Sumitomo, n°5, et Yokohama, n° 8 ? Toyo Tires and Rubber, qui navigue depuis toujours vers la 12/13 ème place a trouvé la solution en occupant la niche de la technologie pointue, comme ses rivaux, mais à prix abordable. Accessoirement, Toyo réalise dans le pneu 2,8 milliards de dollars de CA annuel, mais on devrait y ajouter un petit milliard de CA dans des pièces caoutchouc et composants pour automobiles, et d’autres hyper techniques comme les amortisseurs anti-sismiques pour les immeubles et des produits chimiques.

 

D’être « le plus petit des très grands » ne complexe pas le manufacturier Toyo, qui développe comme ses confrères une politique mondiale et est déjà présent dans plus de 100 pays. Il faut fabriquer là où sont les clients, voilà pourquoi la firme d’Osaka s’est implantée aux Etats-Unis dès 1966, a construit une usine en Chine et tout récemment une nouvelle unité en Malaisie. Pas de surprise, Toyo est donc bien placé sur les grands marchés mondiaux en expansion mais sans négliger les autres. Son plan à moyen terme prévoit de passer de 29 millions de pneus produits annuellement (niveau 2010) à 45 millions en 2015, dont 12,5 millions en provenance d’Asie contre zéro 5 ans plus tôt, avec un doublement de la production américaine à 6,5 millions contre une stagnation du Japon à 26 millions. Cette perspective révèle une excellente adaptation au marché mondial d’un manufacturier dont l’effectif ne dépasse toujours pas les 10.000 employés ce qui, compte tenu de son chiffre d’affaires, en fait le leader mondial de la rentabilité par employé !

Comment on devient premium...

Présent depuis une trentaine d’années en Europe, Toyo n’y disposait d’aucune structure commerciale ou technique. A l’instar de nombreuses firmes japonaises, le manufacturier se concentrait sur son métier, la production de pneus, et se déchargeait de la vente sur une « maison de commerce », Mitsubishi Corp, qui s’occupait aussi de bien d’autres firmes nippones, y compris d’autres manufacturiers comme Yokohama. Il ne faut pas chercher ailleurs la raison de l’excellent ratio personnel/chiffre d’affaires de Toyo mais aussi l’absence criante d’une vraie politique d’image et de notoriété. Il a fallu attendre 2005 et l’installation d’un siège européen en Allemagne, à Willich, pour qu’une structure complète coiffant 35 pays et regroupant vente, marketing, pricing et technique, soit mise en place même si Mitsubishi Corp reste toujours dans le coup !


Ce qui a tardé sur le Vieux Continent a démarré beaucoup plus tôt aux Etats- Unis, où Toyo s’est d’emblée imposé comme un manufacturier premium. Son porte-drapeau, le sportif semi slick routier Proxes R888 a cartonné auprès de tous les jeunes sportifs, qui disputent courses et épreuves d’accélération avec la voiture qui les mène tous les jours au travail. Résultat, depuis 8 années consécutives le Proxes R888 a été élu meilleur pneu sportif de l’année et, pour couronner le tout, les films culte Fast and Furious roulent sur Toyo, et ça se voit ! Second volet de cette construction d’une image de constructeur premium, les « gros pneus » pour les énormes 4x2 V8 des courses dans le désert type Baja. Liés à l’arrivée de Robby GORDON et de son Hummer sur le Dakar, ses exploits – en bien ou en mal – ont braqué les projecteurs sur lui et son principal sponsor, Toyo. Voilà une communication qui a été rapidement déclinée en Europe via les Dakar, avec une foule de buggies portant haut et fort le message de Toyo.

 

Reste qu’à écouter les clients revendeurs invités à Val Thorens par Bruno MAZZACURATI, ils sont tous fans du R888 – et maintenant des R1R et T1-R– et avouent « se régaler » au volant en pilotant ces semi-slicks si performants... comme beaucoup de clients toujours accros au fil des années.


Reste qu’une position de manufacturier premium se bâtit obligatoirement avec la première monte, et que Toyo met des bouchées doubles ces dernières années. Etre fournisseur première monte d’Audi, Mazda, Lexus, Toyota, Nissan, Daihatsu, n’est pas rien, c’est une référence absolue de qualité – pour le produit – et de confiance dans le staff technique de développement du manufacturier de la part du constructeur. Plus fort encore, Toyo est exclusif sur certains modèles, comme le très sportif TT d’Audi !

 

On ne sait pas assez ces références sportives prestigieuses, tout comme celle récemment acquise avec Renault sur le Circuit du Nürburgring, un record du tour avec une voiture 100 % de série, une Mégane R26-R et des pneus routiers Toyo R 888 100 % de série. Et, pour rester en Allemagne, il faut y prendre en compte les nombreux tests réalisés par des organismes consuméristes ou des journaux spécialisés. On s’en f.... complètement en France, mais c’est indispensable Outre - Rhin (chaque manuf a un ingénieur qui ne fait que ça !), Toyo ne serait jamais parvenu à s’imposer en première monte s’il n’avait caracolé, depuis des années, en tête de ces comparatifs été où hiver où il est opposé à la fine fleur des n°1 mondiaux...

 

Reste une dernière composante du statut de manufacturier premium, sans doute la moins connue, la profondeur de gamme. Tout le monde peut faire de l’argent avec quelques dimensions, cela ne durera pas alors que créer une relation de confiance dans la durée impose d’éditer de larges gammes, en tourisme, 4x4, été comme hiver, capables de chausser un maximum de véhicules sur un marché. Et ces « gammes longues » qui rassurent sont depuis toujours une spécialité de Toyo...

Les 3 mousquetaires de l’hiver

En Allemagne, il se vend déjà autant de pneus été que d’hiver, la France dépasse les 15 % et l’Italie nous double à 27 % grâce à une législation intelligente, monte obligatoire pendant les mois d’hiver dans les zones du nord, inexistante dans le sud. On pourrait se diriger vers un tel panachage en France, c’est du moins le voeu minimal des manufacturiers. De toute façon, lorsqu’on dispose d’un bon produit, testé victorieusement contre la concurrence en Allemagne, on n’hésite pas à recommencer l’opération devant des revendeurs. Voilà pourquoi lorsque Dipro propose des matchs, Snowprox S943 contre Conti TS 830, Observe GSI-5 et Observe G3-ICE contre les « spécialistes » nordiques Hakkapeliitta de Nokian, on accourt sur le circuit de glace de Val Thorens.

 

Pour monter cette opération sur trois jours, deux réservés aux Français, un aux Suisses, toute l’équipe de Toyo Tires Europe s’était mobilisée. Takanari MURASE, responsable des marchés européens distributeurs, assisté des techniciens Yusuka OTSUKA et Keisuke MURANISHI, était épaulé par un staff opérationnel européen : Jens BRUCKNER directeur commercial Europe, Aaron KRUMM, assistant marketing Europe, Mike RIGNALL, responsable marketing événementiel, Leonardo TIBURZY, assistant export. Que dire d’autre sinon que tout était parfaitement organisé... dans les moindres détails. L’altitude de Val Thorens garantit la présence permanente de glace sur la piste, qui manque parfois cruellement sous le cercle polaire où devait initialement avoir lieu ce match des pneus hiver.

 

En revanche, négociants suisses et français ont pu rejoindre Val Tho en voiture, perdant un minimum de temps en transport pour rejoindre une station super efficace, où l’hôtellerie 5 étoiles, la restauration et les loisirs – neige ou autres – sont d’excellent niveau. Pour le reste, Bruno et ses enfants, Philippe, « Juju » (Julien COUPECHOUX) et la force de vente Dipro étaient là pour l’ambiance, les apéros, les restos, la chenillette, les boîtes, un peu de ski tout de même, bref tout ce qui fait qu’on se souvient avec plaisir de ce genre de réunion. Val Tho 2014 restera donc un très bon millésime en dépit d’une invitée inattendue le vendredi, la tempête !

Pas de chance pour le S 943 !

Deux jours de météo « normale » ont permis aux Suisses et au premier groupe français de profiter pleinement des duels proposés par Toyo. Pour le Snow Prox S 943, pneu neige « standard » pour berlines petites et moyennes, en indices vitesse T et H, séries 70 au 45, 42 références du 14 au 17’’, le concurrent choisi était un best-seller en Allemagne, le Conti TS 830. Pourquoi pas le récent TS 850 avons-nous demandé ? « Parce qu’il n’était pas sorti quand le S 943 est arrivé sur le marché » nous a-t-on répondu. Son profil répond aux canons du pneu hiver moderne avec un profil en V et deux grands canaux circulaires pour bien évacuer l’eau, un maximum de lamelles pour la neige et la glace, plus un mélange de gommes qui reste souple jusqu’aux plus basses températures. La tenue de route en virage est aussi classiquement dévolue aux blocs d’épaule massifs, ce qui ne les empêche pas d’être lamellisés pour la neige.

 

La confiance des techniciens de Toyo face à la « valeur sûre » TS 830 s’explique par les progrès réalisés en performances par rapport au précédent 942 lors de l’arrivée de l’étiquetage européen. Ainsi en freinage mouillé le Snow Prox est passé de E à C pour la version 943, soit d’une valeur 100 en décélération à 109. De même, le freinage sur la neige a gagné 4 % en distance d’arrêt tandis que la résistance au roulement diminuait de 19 %, de quoi améliorer de E à C l’étiquette européenne.


Pour le comparatif, Toyo avait amené deux Golf identiques, mais le comparatif était réduit à un test « routier » sur le circuit de Val Thorens, glacé en sous couche et enneigé par dessus. On sait que la piste comporte une longue descente se terminant par un freinage d’enfer avant le gauche serré qui amorce la remontée. En haut, virages serrés imposant bonne direction et grip pour la relance permettent de départager les pneus. Et même en tronçonnant la piste en plusieurs morceaux, on pouvait mettre au jour des différences significatives.
Hélas pour le troisième groupe, la tempête s’est mise à souffler !

 

Dans le « grand blanc », si on voyait à peine le bout du capot, on ne faisait plus aucune différence entre le sol, le ciel et les murs de neige ! Fenêtre ouverte, la tête dehors, on roulait au pas en corrigeant au dernier moment les flirts avec les murs de neige ! Ce qui devait arriver arriva, tout doucement mais sûrement la Golf s’est enfoncée latéralement dans la neige et, train avant soulevé, y est restée ! Plus de comparatif possible, mais de toute façon rouler au pas dans de la neige fraîche, très accrocheuse, n’aurait pas permis de départager les pneus en compétition. On se contentera de l’avis des précédents conducteurs français et suisses qui les mettaient à égalité partout avec toutefois plus de progressivité pour le Toyo, qui « prévient » plus tôt avant le décrochage : pourquoi se seraient-ils tous trompés ?

Des pneus en bambou et en bois

Dans la gamme hiver Toyo l’Observe GSi-5 est le pneu « performance », spécialement conçu pour les conditions hivernales sévères, type station de haute montagne. Il offre une technique très élaborée comme en témoigne une bande de roulement dotée de types différents de lamelles, chacune affectée à une tâche bien précise. Toyo vante ses qualités sur la neige et la glace, et une efficacité maxi à très basse température. Commercialisé en 100 références, du 13’’ au 20’’, 38 dimensions tourisme et 62 dimensions SUV, indices vitesse Q à H, séries 75 à 35, c’est le pilier de la gamme hiver de Toyo. A Val Thorens, l’Observe GSi-5 et le Hakkapeliitta étaient montés sur une Audi A4 TDi.

 

Le matin, une équipe a réussi à rouler à petite allure avec les deux A4, sans grandes possibilités de comparatif tant la couche de neige épaisse et grossissant à vue d’oeil changeait les conditions d’un conducteur à l’autre. Constat à minima, le GSi-5 tient la dragée haute à l’Hakkapeliitta 7, vainqueur de nombreux tests et très réputé en Allemagne. Ce déluge de neige a toutefois empêché Toyo de mettre en valeur deux innovations présentes dans le GSi-5, très intéressantes parce qu’aussi efficaces qu’écologiques. La première est une poudre carbonée, issue de la combustion du bambou, qui pompe l’eau à la surface de la route, permettant ensuite à la gomme d’adhérer plus efficacement à une glace sèche.

 

La seconde invention utile est aussi végétale, Toyo noie dans la gomme de la bande de roulement des coquilles de noix broyées en toutes petites particules. En cherchant bien, ( voir photo ), on peut voir en surface quelques-uns de ces morceaux de bois hyper dur. Au départ, ils font office de « clous » et griffent la glace, améliorant le grip tout en respectant l’interdiction des crampons puisque ces particules végétales ne sont pas métalliques et biodégradables. Une fois arrachés par l’usure, il reste une micro alvéole dans la gomme, dont les bords servent ensuite de lamelle pour un meilleur grip en toutes circonstances. Voilà sans doute un pneu vert bien plus vert que ceux qui en arborent le label !

Enfin une éclaircie...

Prévue pour le lendemain matin, la tempête est arrivée avec beaucoup d’avance le vendredi. En fin d’après-midi, si les chutes de neige n’ont pas cessé, elles ont au moins ralenti. Ce qui a permis au responsable du circuit, le coureur Frank LAGORCE, de mettre en route une niveleuse pour diminuer un peu l’épaisseur de la couche de poudreuse sur la piste. Après maints essais infructueux, en balisant les murs de neige de cônes bien rouges seule façon de voir en pointillé le dessin de la piste - et avec un co-pilote japonais a connaissant le circuit par coeur, il a été possible de tourner un peu avec les deux Audi Q5 TFSI prévus pour le duel.

 

De l’avis unanime, compte tenu de l’épaisseur de neige restant sur la piste, seuls des SUV 4x4 puissants étaient capables de rouler à ce moment-là : les autorités confirmeront en fermant la station, et en recommençant pendant la nuit ! Coup de chance, les Q5 étaient chaussés du meilleur Hakkapeliitta, le 7, face au meilleur Toyo SUV, le Observe G3 ICE lui aussi renforcé de coques de noix. Pas de chance, ces deux pneus étaient en version « scandinave », c’est-à-dire cloutés de façon tout à fait illégale pour la France ! On s’en contentera puisqu’on opère sur circuit, on roulera difficilement au départ, puis de plus en plus vite au fur et à mesure qu’on éliminera la neige fraîche en roulant et en dérapant.

 

En toute fin d’après midi, avant la nuit, on pourra même un peu attaquer et « balancer » les gros Q5 dans les épingles. Reste que si l’excellent comportement du G3 ICE surpasse un peu celui de son opposant, on ne sait s’il faut l’attribuer au dessin très étudié de sa bande de roulement, à ses lamelles auto-bloquantes aux épaules, à ses blocs en dents de scie au centre, au mélange conçu pour les très grands froids, ou aux crampons métalliques astucieusement dispersés sur la bande de roulement sur 20 rangées longitudinales au lieu de 12. Peu importe, avec un tel engin chaussé de Observe G3-ICE, on se sent capable d’aller n’importe où en montagne ! De l’avis unanime, voilà un pneu vraiment très performant puisque testé victorieusement dans des circonstances vraiment extrêmes. L’ennui est que c’est réellement un pneu de niche, uniquement indice T, séries 75 à 30, 13’’ à 21’’, cloutable et fier de l’être pour permettre aux gros SUV et 4x4 d’être aussi performants en conditions extrêmes à la montée comme à la descente !


Conclusion simple et solide de cette journée hivernale, à la fois gâtée et valorisée par la météo ? Lorsqu’on est dans la m..., pardon bloqué dans la neige épaisse, pour s’en sortir un Toyo hiver vaut tous les pneus de la concurrence, fussent-ils produits par des spécialistes renommés et décorés comme des arbres de Noël. Le reste, kilométrage, tenue sur le mouillé, freinage, bruit, prix, etc, passe alors au second plan même si les Toyo sont aussi très à l’aise dans ces domaines...

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