S'abonner
Distribution

Daniel Mouton, bien dans son époque

Publié le 21 février 2023

Par Romain Baly
5 min de lecture
Après s’être essayé à de multiples métiers, Daniel Mouton a découvert le monde du pneumatique il y a plus de trente ans. Aujourd’hui, le dirigeant de Pneumatic 2000 reste fidèle à ses principes – bien servir les clients, compter sur le bouche-à-oreille, choyer les équipes – et livre un témoignage en phase avec son temps.
Daniel Mouton, ici tout à droite avec son épouse Véronique à ses côtés, et l’ensemble de son équipe.

A contre-courant de ceux pour qui tout s’écrit naturellement, Daniel Mouton a pris le temps de construire sa voie. Tour à tour conducteur de bus, animateur associatif ou mécanicien dans l’univers industriel, l’Ardéchois s’est essayé à différents métiers avant de trouver le sien, celui qui allait animer sa vie et avec lequel il allait tisser, au fil de trois décennies, un lien peut-être pas passionnel, mais assurément fort et sincère. Pas du tout issu du monde du pneumatique, Daniel Mouton tombe dans la marmite à caoutchouc par le biais de son beau-père.

En effet, Aimé Bonhomme tient depuis les années 70 une belle affaire à Prades (07), et son beau-fils le rejoint dans les années 80 pour travailler à ses côtés. Un peu plus tard, en 1991, un commercial avertit le dirigeant qu’une opportunité se présente non loin de chez lui, sur la commune du Teil. Plutôt que de s’en saisir, Aimé Bonhomme donne le tuyau à la prochaine génération, et c’est ainsi que Daniel Mouton monte sa première affaire. "C’est grâce à mon beau-père que j’ai découvert ce métier, et c’est aussi grâce à lui que j’ai ouvert mon premier point de vente", confirme-t-il.

Rapidement, "la sauce prend et les clients affluent". Comptant au départ uniquement sur le soutien de son épouse Véronique, le patron néophyte s’entoure au fil du temps d’une petite équipe donnant corps à cet ensemble naissant. Si l’idée de dupliquer son modèle ailleurs n’est pas forcément dans les projets, le pneumaticien développe tout de même son entreprise en 1997 lorsque son beau-père décide de prendre sa retraite et de lui céder son centre.

À chacun son métier

L’année 2000 et les suivantes ne marquent pas seulement le changement de millénaire. Elles constituent aussi un tournant important dans l’histoire de Daniel Mouton. Cette année-là, il rejoint le nouveau réseau Eurotyre, héritier d’Arc-en-Ciel. Un an plus tard, son atelier déménage, dans la même commune mais dans une zone plus attractive, à côté d’un centre commercial Intermarché.

Lire aussi : BestDrive et Eurotyre : l'heure du rapprochement

Dans la foulée, le choix est opéré de diversifier les activités en s’ouvrant à la mécanique. Une décision de bon sens. "Ça répondait à une certaine logique de notre métier et à une demande du marché, note-t-il. Après, n’estimant pas avoir les compétences pour assurer correctement ce développement, j’ai fait le choix de recruter les bonnes personnes." Cette anecdote dit beaucoup de la manière dont Daniel Mouton conçoit son métier. Sûr de son expérience, le dirigeant ne se montre jamais présomptueux.

À chacun sa spécialité, et comme le service client est un véritable leitmotiv, il convient de s’appuyer sur les bonnes personnes pour répondre à cette exigence du quotidien. "On communique assez peu. L’essentiel de notre développement commercial repose sur la confiance des clients et le bouche-à-oreille, détaille-t-il. C’est une stratégie qui ne laisse pas de place à l’erreur. Il faut être bon chaque jour. C’est aussi là-dessus qu’on se démarque."

Attentif aux clients

Une complexité d’autant plus importante qu’elle se corrèle avec le spectre, très large, de véhicules pris en charge par Pneumatic 2000. Motos, quads, véhicules légers, poids lourds, matériels agricoles, engins élévateurs… le pneumaticien entend répondre à toutes les demandes. Une formule vertueuse, donc, qui implique en parallèle le déploiement de services additionnels tels que des véhicules de courtoisie, mais aussi des solutions de financement. La spécificité de ce point de vente tient aussi dans sa typologie de clients.

Des particuliers, bien entendu, mais également beaucoup d’artisans, petites et moyennes entreprises pour lesquels Daniel Mouton est très à l’écoute. "C’est ça aussi, être pneumaticien, martèle-t-il. Tous ces gens font des métiers difficiles avec des équilibres financiers parfois complexes. On n’a jamais lâché nos clients et on ne le fera jamais. Au contraire, on est à l’écoute, on les aide, on essaie de leur faciliter la vie." Avec notamment un étalement des paiements dans les périodes où ils doivent se serrer la ceinture.

 

Bien que Pneumatic 2000 ait changé de site à trois reprises, Daniel Mouton est fidèle à la commune du Teil (07) depuis trente ans.

 

Et à certains de ses confrères qui se montrent désenchantés par une relation distendue entre le professionnel et l’automobiliste, ce qui pourrait inciter à en faire moins, Daniel Mouton livre une autre analyse. "Moi, je n’ai pas l’impression de faire un métier différent d’il y a trente ans. Ma clientèle me semble fidèle, j’ai une relation plutôt conviviale avec elle, et je n’ai pas l’impression que les échanges sont plus complexes. Ce qui a davantage changé, c’est que l’activité s’est élargie, que l’offre en pneumatiques s’est étoffée et complexifiée, que les réglementations sont plus nombreuses… Tout cela fait que notre responsabilité vis-à-vis des clients est plus importante aujourd’hui qu’elle ne l’était dans les années 90."

Le carnet de notes plutôt que les notes

De façon plus factuelle, face à des automobilistes plus volatiles qu’auparavant, Pneumatic 2000 a fait le choix de travailler exclusivement sur devis. "Comme ça, il n’y a pas de déception ni de surprise pour le client", pointe le dirigeant. Cette attention portée à ses interlocuteurs du quotidien va de pair avec celle pour ses équipes. Choyées au demeurant. Là aussi, Daniel Mouton fait preuve d’empathie. "Il faut faire attention aux salariés, commente-t-il. La problématique RH est trop forte dans notre univers pour passer à côté."

Sa société emploie 12 personnes avec lesquelles "ça se passe super bien. On a une équipe stable, avec 15-20 ans d’ancienneté." Le patron estime bien rémunérer ses troupes, de sorte que personne ne part ailleurs, mais constate malgré tout qu’il est de plus en plus difficile de fidéliser les collaborateurs. "Aujourd’hui, on est sortis de cette pseudo-image selon laquelle on serait moins bien payé dans le pneumatique qu’ailleurs. Le problème n’est plus là. Les départs sont désormais provoqués par des changements de vie ou par des réorientations professionnelles." Une logique différente, mais encore prégnante.

D’autant qu’il demeure toujours kafkaïen de recruter. La société mise beaucoup sur l’apprentissage, modèle d’intégration qui fonctionne bien, et se montre aussi iconoclaste dans son processus de recrutement. "On regarde le carnet de notes, pas les notes, précise tout en nuances Daniel Mouton. On préfère un jeune volontaire qui va parfaitement s’intégrer qu’un autre brillant qui restera à la marge." Dans la gestion de son équipe, le dirigeant fait aussi preuve de flexibilité, n’hésitant pas à donner leur mercredi aux salariés qui ont des enfants, par exemple.

Un indépendant convaincu

Tout ceci traduit finalement une certaine indépendance, dans l’esprit comme dans les actes. Une valeur qui lui est chère. Daniel Mouton se sent "indépendant dans l’âme", et rien ni personne ne peut changer cela. Pas même son réseau, auquel il est très attaché. "J’ai toujours aimé Eurotyre, justement parce que c’est une enseigne qui préserve l’indépendance de ses adhérents. C’est un réseau où le coût d’accès est très raisonnable, qui donne des outils et un cadre à ses membres tout en laissant beaucoup de liberté. Moi, typiquement, je vais souvent dans le sens de ce que préconise mon réseau, mais je reste maître de ma stratégie, de mon développement, de ma politique commerciale…"

À bientôt 60 ans, l’Ardéchois sait que l’essentiel de sa carrière est derrière lui. Lui et son épouse Véronique, toujours à ses côtés, ne peuvent espérer transmettre leur affaire à leurs enfants, aucun d’eux ne prétendant à cela. Ils resteront malgré tout attentifs à la transmission. "Il faut que cette entreprise perdure et que l’histoire avec nos clients continue", conclut-il.

 

BIO EXPRESS

Daniel Mouton, 59 ans (Eurotyre/Pneumatic 2000)

  1. Ouvre son premier point de vente au Teil (07).
  2. Reprend le centre de son beau-père, à Prades (07).
  3. Intègre le réseau Eurotyre dès sa fondation.
  4. Diversifie ses affaires en y ajoutant de la mécanique.

 

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°178 de janvier-février 2023.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager : 

Sur le même sujet

cross-circle