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Distribution

Doumerc, une famille visionnaire pour une distribution réussie

Publié le 21 mars 2025

Par Tristan Baez
5 min de lecture
260 000 pneus stockés en permanence dans ses plateformes et 600 000 enveloppes distribuées chaque année, Doumerc Pneus international (DPI) est une affaire qui roule ! La famille Doumerc, de grand-père à petit-fils depuis plus de 60 ans, a su implanter l’une des plus grosses entreprises d’importation de gommes asiatiques dans l’Hexagone. Au départ de Montauban (82).
De gauche à droite Patrick Doumerc, son fils Cédric, Olivier Dusserre, le directeur commercial, et Thomas Doumerc. ©DPI

C’est le long du Tarn, en 1963, dans une petite station-service de centre-ville, que débute l’épopée du pneumatique dans la famille Doumerc. Le grand-père de l’actuel directeur général Thomas Doumerc possède une machine à recreuser les pneus poids lourds et lorsqu’il s’essaye sur ce marché, le succès est au rendez-vous. Le pneumatique s’impose alors pour l'homme, qui investit au début des années 1970 dans un premier point de vente et de maintenance de 300 m², avec une capacité de 10 000 unités annuelles, en zone commerciale montalbanaise.

Pierre Doumerc a bien senti cet emplacement, au croisement de la nationale en direction de Toulouse et de l’autoroute, qui allait devenir cinquante ans plus tard l’une des zones de stockage et de distribution les plus importantes de la région sud-ouest.

L’entreprise Doumerc gagne encore en ampleur à la fin de la décennie, lorsque Pierre Doumerc part de zéro en faisant bâtir un second point de vente et de stockage, avec 3 000 m² de bâtiment sur plus de 75 000 m² de terrain. "À l’époque, il était courant d’entreposer les enveloppes dehors, bâchées", se souvient Patrick Doumerc, président de DPI qui rejoint l’aventure à cette époque-là. Aujourd’hui encore, ces sites historiques représentent plus de 30 000 pneus écoulés chaque année.

L’export à prendre

C’est au début des années 1980 que le père et le fils Doumerc, alors en relation avec Michelin, s’adonnent au secteur de l’export du pneumatique. L’entreprise se charge d’exporter les pneus du manufacturier clermontois qui possèdent des défauts d’aspect, dans des régions du monde qui n’entrent pas en concurrence avec Michelin.

Le marché domestique étant proscrit, les pneus déclassés de Michelin vendus à l’étranger représentent alors tout de même 80 % du chiffre d’affaires de DPI. "Tout notre business était basé sur un gentleman agreement avec Michelin, on s’occupait de l’ensemble de leurs surstocks de première monte, ainsi que des pneus avec un défaut d’aspect au démoulage. On avait accès à des montagnes de pneus sans parfois savoir quoi en faire", explique Patrick Doumerc.

Olivier Dusserre, réelle figure du distributeur de la Ville Bourbon, sort tout juste de ses études de commerce lorsqu’il rejoint l’entreprise familiale au début des années 1990. "Je devais faire des études de marché afin d’identifier de nouveaux business. Ma première mission avec DPI était de vendre des surstocks de pneus de VW Coccinelles en Amérique du Sud. J’y suis resté un mois, mais les législations ont changé avant que l’on puisse faire affaire", relate l’actuel directeur commercial. Mais l’export commence à se compliquer lorsque les manufacturiers réussissent à mieux gérer leur production afin d’éviter les surstocks, obligeant DPI à jongler entre rentabilité et devoir de ne pas perturber les affaires des manufacturiers.

L'Asie, terre promise

"Nous étions souvent amenés à voyager, notamment en Asie, explique Olivier Dusserre. C’est lors de salons sur place que nous nous sommes rendus à l’évidence : ce continent serait le manufacturier du XXI e siècle." C’est ainsi que DPI perçoit un bon moyen de diversifier ses secteurs d’activité et ainsi ne plus reposer la plus grande partie de sa rentabilité sur un unique manufacturier.

Précurseur, Patrick Doumerc se lance : "J’ai acheté trois containers de pneus de la marque GT Radial sur un coin de table lors d’un salon, dans les trois seules dimensions alors dispo nibles pour le marché européen." C’est le début du basculement d’exportateur à importateur pour Doumerc Pneus International qui peut enfin espérer devenir rentable sur son marché domestique.

Le distributeur, visionnaire au début du XXIe siècle, s’engage alors à effectuer le travail de ses manufacturiers en important et en mettant sur le marché français des pneumatiques de marques jusqu’alors totalement inconnues. Cette nouvelle activité s’accompagne de l’achat de sa première plateforme de stockage de près de 3 000 m2.

L’activité poids lourd se développant également, ce premier entrepôt y devient dédié. DPI acquiert une seconde plateforme en 2011, ayant autrefois appartenu à Bridgestone, de près de 10 000 m² de stockage et 800 m² de bureaux.

Instauration du WMS

L’immense bâtiment accolé aux bureaux de Doumerc Pneus International inaugure en 2014 le premier système de gestion d’entrepôt WMS intégré dans sa logistique. Un projet clé à près de 100 000 euros. Désormais déployé sur les deux plateformes, cet algorithme développé en interne par un commercial adepte de l’informatique permet de gérer la logistique de près de 600 000 pneus par an.

"Nous sommes partis de zéro dans ce projet de gestion de la logistique par algorithme. Gilles Bechard, au profil multicasquette, puisqu’il a commencé cuisinier tout en développant sur le tas des compétences en informatique et une appétence pour l’ornithologie, s’est chargé du développement du WMS. Face à la quantité de pneus à traiter et à l’inconnu que représentait ce type de système, nous pouvons nous estimer heureux que tout ait fonctionné dès le départ", témoigne Thomas Doumerc, actuel codirecteur général de Doumerc Pneus International avec son frère Cédric.

Ainsi, ce système intelligent propose un emplacement pour les pneumatiques en fonction de leur taux de rotation et suggère une manière de les ranger. Il va guider les manutentionnaires tant pour la gestion du stockage que pour le picking. L’algorithme va dessiner l’itinéraire idéal afin d’aller chercher les pneus, tout en réagissant en temps réel entre les commandes et les stocks, afin que le collaborateur puisse récupérer différentes enveloppes sur un même trajet.

Chaque rangée de pneus est répertoriée avec un code-barres relié au WMS. Dans cet entrepôt qui peut stocker entre 230 000 et 260 000 enveloppes, le déchargement des pneus tourisme prend facilement une heure trente à deux heures et plusieurs personnes sont nécessaires à l’opération, malgré la présence de tapis roulants.

Les pneus poids lourds, environ 30 000, stockés dans le second entrepôt, nécessitent bien moins de temps et de personnel. "Un seul manutentionnaire peut prendre une pile de pneumatiques PL et les ranger avec son chariot élévateur, le tout en une grosse demi-heure", explique Cédric Doumerc. 52 collaborateurs œuvrent au bon fonctionnement de Doumerc Pneus International, qui peut désormais livrer à travers la France en 48 h.

Le défi de l’exotique

Lorsque DPI se lance dans l’importation exclusive de marques asiatiques, l’entreprise se heurte à la méconnaissance, voire à la réticence des auto mobilistes français habitués aux DPi pneus premium.

Quant aux réseaux, ils sont bien souvent affiliés et donc dépendants des manufacturiers historiques. Pourtant, la douzaine de marques (Giti, Sailun, RoadX, Rotalla, Nankang ou encore Austone) importée et distribuée par DPI entre peu à peu dans les mœurs. "La période Covid a fortement accéléré nos ventes, puisque nous avions bien plus de stock que les manufacturiers européens, nous étions parmi les seuls à pouvoir répondre à la demande", accentue Olivier Dusserre.

Post-Covid, la demande évolue et face à l'augmentation des prix des pneus premium (près de 28 %) et à la diminution du pouvoir d’achat des Français, le pneu budget prend tout son sens. "D’autant que les ambitions de ces marques pointent vers des qualités répondant aux meilleures normes : respect de l’EUDR, présence de puces RFID dans les pneus PL ou encore développement de gammes spécifiques aux véhicules électriques."

Visionnaire, DPI réalise désormais près de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 75 % provient du marché domestique, 10 % de ses deux points de ventes historiques et 15 % d’export de pneus premium. Toujours ouverte aux nouvelles opportunités, la famille Doumerc cherche désormais à centraliser ses deux plateformes et envisagerait même d’en ouvrir une à proximité d’un port commercial.

 

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°188 de janvier-février 2025.

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