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François Berthet, tout feu tout flamme

Publié le 21 février 2022

Par Romain Baly
6 min de lecture
[Abonnés] Chez Norauto comme chez Vulco, en tant que salarié comme en tant que chef d’entreprise, François Berthet a conservé intacte la passion de son métier. Celle-ci semble même plus forte que jamais, alors que le dirigeant, 30 ans après ses débuts, est désormais épaulé par son fils. De quoi nourrir de nouvelles ambitions.
Adhérent Vulco depuis les débuts de sa société, François Berthet ne cache pas son attachement envers son enseigne et encore plus envers ceux qui l'animent. ©Vulco

Au cours d’une riche discussion, François Berthet en vient à s’excuser de raconter "de façon décousue" beaucoup de choses… Décousue, vraiment ? Cousu main, plutôt ! Que ce soit sur son histoire, son parcours professionnel, ses idées ou ses valeurs, l’Alsacien d’adoption à des choses à dire, et nous des choses à apprendre. À l’aise à l’oral, son discours est précis, dénué du moindre artifice et particulièrement pertinent.

Avant de devenir celui qu’il est aujourd’hui, François Berthet a connu une première vie riche en enseignements. Un peu comme Rome, lui non plus ne s’est pas construit en un seul jour. À vrai dire, on n’a pas très bien compris laquelle de ses deux passions, l’automobile ou l’entrepreneuriat, était née en premier, mais qu’importe, puisque l’une et l’autre se sont finalement imbriquées dès le plus jeune âge.

Se remémorant la Bagheera de son enfance, François Berthet égrène les souvenirs, comme pour mieux tenter de remonter à la source avec ce frère patron d’une concession Opel, pilote amateur à ses heures perdues, et cette conviction, ressentie très jeune, de vouloir travailler pour soi. "Sauf que l’énergie ne suffit pas ! concède-t-il. Il fallait acquérir de l’expérience avant d’en arriver là." Devenu jeune adulte, il opte pour une maîtrise d’économie, validée en Angleterre, se plie au service militaire puis cherche un emploi.

Une curiosité bien nourrie

Quelques candidatures spontanées plus tard, il décroche un poste chez Norauto. Nous sommes en 1988 et l’enseigne de la famille Derville n’est pas encore celle qu’elle est aujourd’hui. Le réseau compte alors tout au plus une quarantaine de sites, loin des 400 actuels, et s’avère être aussi un formidable terrain d’expérimentation pour tous ceux qui y travaillent.

François Berthet confirme. "Ce qui m’a convaincu de rejoindre Norauto, c’est de pouvoir évoluer dans l’univers automobile, et dans une boîte en plein développement. J’y ai appris le b.a.-ba du commerce, toutes les bases de mon métier, la gestion d’équipe… J’ai eu la chance d’être chez Norauto à une époque où on pouvait avoir peu de compétences dans un domaine, et être formé pour y évoluer." Grâce à cette philosophie, il va, pendant douze ans, connaître une multitude de postes différents et assumer des responsabilités variées. Responsable de rayon à son arrivée, il devient chef d’atelier, responsable de magasin, responsable de zone, responsable des ressources humaines, responsable régional…

La curiosité naturelle de François Berthet y est ainsi nourrie, jusqu’au jour où les ambitions de jeunesse reviennent comme un boomerang. En 2000, après avoir déménagé une dizaine de fois depuis 1988, il sent la fin du chapitre Norauto proche. "C’était très gratifiant de pouvoir évoluer régulièrement mais un jour, on m’a proposé de partir en Pologne pour diriger le réseau et là, j’ai refusé, explique-t-il. J’avais trouvé avec ma famille un équilibre en Alsace et je voulais m’y poser."

Un indépendant pragmatique

La terre d’accueil deviendra un port d’attache. Connaissant alors plutôt bien le marché local, s’estimant également prêt à sauter le pas, il juge l’endroit idéal pour concrétiser ses ambitions entrepreneuriales. Très pragmatique, François Berthet n’entend toutefois pas se lancer seul. Indépendant, oui ; isolé, non. "Ouvrir un centre en étant indépendant et sans le moindre soutien, c’est sans doute possible, mais ça ne me paraissait pas raisonnable. Je voulais être accompagné par une enseigne."

Plusieurs options sont sur la table. Comme un ancien collègue travaille chez Vulco, c’est auprès du réseau du groupe Goodyear que les premières discussions s’engagent. On dit souvent que le premier contact est crucial dans une relation, et celui-ci s’avère très bon. "J’ai rencontré des gens transparents, très humains, qui me promettaient d’avoir une vraie indépendance", se souvient-il.

Le voilà donc qui intègre la famille Vulco avec l’idée d’ouvrir un nouveau centre à Eckbolsheim, en proche banlieue de Strasbourg. Le projet est solide, les banques sont réceptives au CV de leur interlocuteur, et François Berthet inaugure rapidement son premier centre. On pourrait penser que la mayonnaise a naturellement pris. Que nenni ! "J’ai loué sur plan un centre qui se trouvait dans une zone commerciale toute nouvelle. Quand on a pris possession des locaux, les accès étaient quasi inexistants, et le problème a duré dix-huit mois…"

Savoir s’entourer

Motivé comme pas deux, sûr de ses forces et avec des idées à revendre, le néo-chef d’entreprise se retrousse les manches et, pour se faire connaître, investit dans la communication une somme loin d’être négligeable pour une structure naissante. Une première bataille vite remportée. En quelques mois, les équipes du centre d’Eckbolsheim font leur place et réussissent à fidéliser leur clientèle. Deux ans après l’ouverture, le dirigeant rachète les murs de son site, avant de nourrir très vite des envies de développement.

Il lui faudra attendre 2011 pour inaugurer une deuxième implantation, à Marlenheim cette fois. D’un à deux, la différence paraît plus importante que les chiffres. La petite entreprise devient un petit groupe et l’aspect managérial prend dès lors une importance capitale. "Ça change beaucoup de choses, c’est vrai. C’est pour ça que je me suis entouré de gens que je connaissais, soit parce que je les avais déjà croisés, soit parce que j’avais déjà travaillé avec eux, souligne-t-il. Il fallait que je m’appuie sur des gens de confiance avec qui j’avais la même vision des choses."

Ce point est d’autant plus fondamental que, à Eckbolsheim comme à Marlenheim, il était question de créations et non de reprises. Or, quand vous créez, "personne ne vous attend, pointe le dirigeant. C’est à vous de prouver votre valeur aux yeux des clients, et c’est au chef d’entreprise d’emmener ses équipes avec lui dans ce challenge."

Créateur d’ambiance plus que manager

De manière plus générale, François Berthet semble avoir en lui une profonde sensibilité pour tous ceux qui contribuent, chaque jour faisant, à l’évolution de sa société. Plutôt que parler de méthode de management, de gestion directive ou participative, il adopte une tout autre image.

"Je me définis plutôt comme un créateur d’ambiance, dans le sens où je veux que mes salariés viennent avec le sourire, qu’ils soient bien dans leur job, qu’ils y prennent plaisir, qu’ils récoltent les fruits de leur investissement, qu’ils sentent qu’ils ont le droit de faire des erreurs… À côté de ça, j’attache beaucoup d’importance à la notion d’exemplarité. Chaque jour, je viens ainsi avec une tenue Vulco, pas une tenue civile. Quand on a eu notre pic lié à la loi Montagne en septembre-octobre, j’ai mis la main à la pâte, j’ai monté des pneus avec mes salariés. En fait, je veux pouvoir compter sur eux, et je veux aussi qu’ils puissent compter sur moi."

Après plus de trente ans de carrière, François Berthet n’est pas rassasié. Au contraire, le voilà qui en redemande. Bien sûr, depuis ses débuts, son métier a beaucoup évolué. "Schématiquement, à la fin des années 80, on faisait du pneu, les bons faisaient en plus des vidanges, et les très bons des plaquettes aussi… Ça, c’est le passé. Aujourd’hui, on doit monter en compétences." Une mutation qui se concrétise par la formation et le recrutement, par des investissements dans les outils, le matériel et les infrastructures (avec des standards équivalents aux concessions) et par une diversification de l’offre.

La "vision temps" a changé

Début 2021, ses centres se sont mis à faire du vitrage et de la carrosserie, par intérêt, pour le potentiel, mais aussi "parce qu’il ne faut pas avoir peur d’essayer". Loin d’être un problème, cette complexification, encore une fois, nourrit le dirigeant, le challengeant d’autant plus qu’il possède depuis 2020 un troisième centre. Une reprise cette fois-ci, opérée à Truchtersheim, avec un site qui représente à lui seul un chiffre d’affaires équivalent aux deux autres.

Si l’opération a demandé un investissement important, elle semble ravir le dirigeant. "Depuis dix-huit mois, ça cartonne… Je m’éclate !" s’enthousiasme-t-il. L’histoire de ce troisième centre est doublement intéressante, car elle met également en exergue les solides liens qui unissent François Berthet à Vulco, dont il a récemment intégré le comité opérationnel. Le site de Truchtersheim était précédemment aux couleurs First Stop, et le réseau du groupe Bridgestone a beaucoup œuvré pour conserver son implantation et récupérer au passage un adhérent de grande qualité.

"Ils s’y sont pris de façon très professionnelle, mais j’ai choisi de rester fidèle à mon réseau, notamment grâce à la qualité des personnes qui m’entourent et parce que je suis attaché à elles." Un, deux, trois… et peut-être plus à l’avenir. À une époque, l’Alsacien envisageait de ralentir la cadence, jusqu’à voir son fils Clément le rejoindre il y a quelques mois. À 56 ans, sa "vision temps" a changé. "Ce n’est plus la mienne, mais la sienne", sourit-il, et le dirigeant se verrait bien faire encore grandir une structure de deux millions d’euros et 20 salariés. L’envie est là et, avec le soutien de la relève, ce passionné s’imagine encore aller loin.

 

Centre Vulco de Truchtersheim (67). ©Vulco

 

BIO EXPRESS

François Berthet (Vulco), 56 ans

1988 Rejoint Norauto en tant que chef de rayon.

2000 Crée un centre Vulco à Eckbolsheim, près de Strasbourg (Bas-Rhin).

2011 Ouvre un deuxième centre à Marlenheim.

2020 En reprend un troisième, à Truchtersheim.

2021 Son fils Clément le rejoint dans l’entreprise.

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