Marie-Christine Billaud tire sa révérence, non sans émotion
Ils se sont réunis une dernière fois pour lui dire au revoir et merci. Du 7 au 9 septembre 2022, toute la "famille Profil Plus" s’est retrouvée à Lyon (69) pour un séminaire de rentrée aussi studieux que festif. Sur les bords du Rhône, le réseau de pneumaticiens indépendants a discuté de son avenir, de son développement et de ses projets, mais il a aussi célébré son ex-présidente.
Ce préfixe est désormais de rigueur puisque Marie-Christine Billaud, aux manettes depuis cinq ans, a rendu son tablier de présidente de Profil Plus. Un choix guidé par les circonstances et par la raison. De retraite, il en était déjà question depuis un moment.
Entrée dans l’entreprise familiale fondée par son père Michel Chouteau en 1976, Marie-Christine Billaud va y connaître une trajectoire plus méthodique que fulgurante, qui l’amènera à assumer de multiples responsabilités et à gravir les échelons un à un. Elle qui confiait en 2017 à nos confrères du Journal de la Rechange et de la Réparation avoir dû "jouer des coudes dans un milieu très macho où, lorsqu’on est une femme, il faut en faire toujours plus pour convaincre", finit par prendre la présidence du groupe Chouteau en 2003, succédant à son frère.
Un départ bien préparé
Après avoir largement pérennisé et développé son entreprise (sous sa direction, le nombre d’agences est passé de 8 à 21), elle décide en 2015 d’assurer l’avenir en opérant un rapprochement avec le groupe Simon. De quoi "permettre à l’histoire de perdurer", disait-elle, ajoutant : "Chouteau est prêt à vivre sans moi". Sauf que les aléas de la vie vont décaler son retrait de quelques années.
Par conviction, sens des responsabilités et attachement viscéral à l’œuvre d’une vie, sa retraite est en effet retardée par différents événements, dont le Covid, qui va la mobiliser en tant que cheffe d’entreprise et présidente d’un réseau de 40 adhérents et 230 agences en France. Cet été, l’heure est enfin venue. Après avoir cédé les rênes du groupe Simon-Chouteau, rien ne l’obligeait à en faire de même pour Profil Plus. "Sauf que je trouvais ça plus logique de me retirer, n’étant plus au quotidien dans cet univers", explique-t-elle.
La fin de son mandat, qui courait jusqu’en septembre 2023, sera assurée par Mikaël Mauguen, directeur général de la SAS Holding Simon (basée à Morlaix), Marie-Christine Billaud demeurant membre du comité de direction. Elle emporte avec elle 46 ans de labeur fait de réussites, de coups durs aussi, mais surtout de rencontres, l’humain (avec un grand H) s’avérant une véritable vigie dans son esprit.
Avec Pascal Audebert, un vrai binôme
"À titre personnel, je tire un bilan très positif de cette carrière. Quand mon père est décédé, beaucoup pensaient que Chouteau allait s’écrouler. Mais cette entreprise a une culture différente ; nous avons une vraie force en nous, nous avons toujours réussi à emmener les gens avec nous. C’est la même chose qui s’est passée avec Profil Plus. Au milieu des années 2010, notre réseau a subi un véritable tsunami et, quand j’en ai pris la présidence, je m’étais fixé pour objectif de resserrer les liens, d’aller à la rencontre des adhérents. C’était très important."
L’autre satisfaction de la dirigeante est aussi d’avoir trouvé sa place dans cet univers longtemps observé avec de petits yeux par cette éternelle discrète. Et de souligner qu’elle était en 2017 la seule femme à la tête d’un réseau. "J’ai trouvé ma place à ma façon, autrement que mes aînés, avec de l’empathie, de l’humain et du savoir-faire", ajoute-t-elle.
Durant toutes ces années, Marie-Christine Billaud a aussi pu compter sur un précieux allié, qu’elle ne manque pas de saluer. Entrée au comité de direction dès 2008, elle s’est en effet toujours appuyée sur Pascal Audebert, grande figure de Profil Plus et du pneumatique, qui a quitté le réseau en novembre 2021 pour rejoindre Goodyear. "J’ai adoré travailler avec Pascal. J’ai passé de superbes années à ses côtés. Avec lui, j’avais l’impression que rien ne pouvait m’arriver, souligne-t-elle. Son départ a été difficile pour moi."
Pas faite pour rester à la maison!
Avec ces deux icônes en moins, l’enseigne est à un tournant et elle devra relever de nombreux challenges. Marie-Christine Billaud continuera d’observer tout cela de façon attentive. Pour elle, à court terme, ce départ, aussi bien anticipé que préparé, n’en reste pas moins une épreuve. "C’est une déchirure, confie-t-elle. Même si je m’étais préparée, tout s’arrête du jour au lendemain."
Et de confier ses doutes : "Qu’est-ce que je suis moi, Marie-Christine Billaud, sans mon groupe et sans tous ceux qui m’ont entourée durant toutes ces années ? Je sais que demain sera différent, mais je ne sais pas de quoi il sera fait." Même si elle confie vouloir consacrer plus de temps à son mari, ce "coach qui a toujours été là" pour elle, et à l’ensemble de sa famille, on sent bien dans ses propos l’envie de rester une femme active.
"Il n’est jamais trop tard pour avoir une révélation, mais je ne crois pas être faite pour rester à la maison!", rigole-t-elle. Elle entend ainsi s’investir davantage dans la société qu’elle a montée et qui épaule de jeunes entrepreneurs. Des sollicitations lui sont également parvenues de diverses organisations pour mettre son savoir-faire au service des autres. Une continuité logique pour cette femme d’engagements.
ENCADRE
Pascal Audebert : "Marie-Christine est une vraie battante"
"La première chose qui me vient à l’esprit en pensant à Marie-Christine, c’est son engagement. Que ce soit avec son entreprise ou avec le réseau, elle s’est toujours énormément impliquée. Marie-Christine est une vraie battante. Elle a porté le groupe Chouteau et l’a emmené très loin. Elle a aussi su faire les bons choix, se montrer très pertinente dans sa réflexion, en pensant notamment à la pérennité de son entreprise et en s’associant au groupe Simon.
C’est pareil avec Profil Plus. Son père, Michel Chouteau, a été l’un des membres fondateurs et Marie-Christine s’est impliquée pendant très longtemps dans la vie du réseau. Elle a été adhérente, membre du comité de direction, vice-présidente puis présidente et, à chaque fois, elle a su se mettre au niveau du challenge proposé. Elle a succédé à Jean-Paul Siney, qui était le président des années flamboyantes, et à Michel Simon, celui qui a contribué à sauver l’enseigne. C’était un véritable challenge pour elle.
C’est une femme qui se met beaucoup de pression, qui doute aussi parfois, mais elle a été habituée à se battre et a réussi à relever ce challenge. Elle voyait dans ses prédécesseurs des gens brillants et craignait de ne pas être à la hauteur, mais elle a su, elle aussi, être une présidente brillante avec ses propres qualités.
Personnellement, j’ai beaucoup apprécié travailler avec elle. On se disait les choses, on trouvait des solutions, on travaillait ensemble avec un vrai partage. Elle a été pour Profil Plus une présidente humble, ce qui la rend particulièrement attachante, mais qui savait prendre les décisions qui s’imposaient et est toujours restée fidèle à sa ligne de conduite. Elle a beaucoup fait pour préserver l’unité du réseau, elle est restée proche de tous les adhérents, sans distinction, avec toujours la même proximité.
C’est finalement assez cohérent avec l’une de ses qualités, que les gens ne connaissent pas forcément, à savoir son esprit de famille. Avec son époux Dominique, ils ont toujours su préserver leur vie de famille et l’esprit de famille de leur entreprise, ce que je trouve très fort. Je pense que tous les adhérents Profil Plus ont de belles choses à raconter sur Marie-Christine. Elle fait partie de cette génération d’entrepreneurs qui ont marqué notre profession."
Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°176-177 de novembre-décembre 2022.