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Distribution

Pour Kévin Carrillo Perez, la difficulté est un challenge

Publié le 21 août 2023

Par Romain Baly
5 min de lecture
Avec ses parents, auprès desquels la passion a grandi, le trentenaire s’est fait une spécialité depuis une quinzaine d’années de redresser des affaires en difficulté. Aujourd’hui à la tête de quatre franchises Speedy à Paris et en Seine-Saint-Denis, Kévin Carrillo Perez gère son entreprise avec précision et engagement, tout en manageant efficacement ses équipes, principal facteur de réussite selon lui.
Baigné depuis enfant dans cet univers grâce à ses parents, Kévin Carrillo Perez s’est tout naturellement orienté dès l’adolescence vers la mécanique automobile. Le voilà aujourd’hui, toujours en famille, à la tête de quatre centres Speedy.

L’œil est aussi vif que le propos est précis. Le signe d’un dirigeant qui a la tête sur les épaules et sait où il veut aller. Du haut de ses 35 ans, Kévin Carrillo Perez est un professionnel toujours jeune, mais déjà chevronné. Depuis ses débuts, sa carrière se veut linéaire, construite au sein d’une même entreprise mais ponctuée de multiples défis, tous relevés l’un après l’autre, qui ont forgé son CV autant que ses convictions. La vie est une aventure qui mérite d’être pleinement vécue !

Celle du Francilien est intimement liée à l’automobile. Ses parents sont des entrepreneurs de longue date. Enfant unique, il passe ses vacances et son temps libre dans les stations-service familiales. L’une d’elles, une BP implantée à Châtenay-Malabry (92), dispose d’ailleurs d’une baie Speedy, ce qui va provoquer l’étincelle. Adolescent, il s’oriente naturellement vers la mécanique, sans la moindre pression de ses parents, et décroche un BEP puis un bac pro.

"J’ai grandi dans cet environnement, ça me plaisait bien et, à 15 ans, les choses se sont éclairées pour moi", se remémore-t-il. Après une alternance réalisée ailleurs, il revient auprès de ses parents et débute sa carrière à Stains (93). Formé à la dure, il commence "tout en bas", se plie à la tâche sans sourciller, et fait preuve d’une grande curiosité.

À tout juste 20 ans, le voilà déjà plus que technicien. "Au bout de deux-trois ans à Stains, comme mon père gérait alors aussi des centres à Bobigny et à la porte Maillot (Paris), je m’occupais aussi un peu du bureau. Je faisais de la mécanique et j’étais progressivement formé par le chef de centre sur la gestion."

Les réussites s’enchaînent

La mue du jeune homme est lancée. Suivront deux autres expériences d’adjoint à Bobigny et à la porte Maillot, puis de numéro un au centre de la gare de Lyon (Paris). Une expérience fondatrice dans son parcours. "C’est la première fois que je figurais dans les statuts avec mes parents. J’ai beaucoup poussé pour que l’on reprenne ce centre. Il n’allait pas bien, mais j’avais décelé tout son potentiel", détaille-t-il. Un véritable défi que Kévin Carrillo Perez va rapidement relever.

Porté par ce succès inaugural qui lui donne confiance et crédibilité, il récidive quelques années plus tard. Désormais à nouveau d’aplomb, le Speedy de la gare de Lyon est revendu et la famille décide, autre première, d’en créer un, près de la place des Fêtes, dans le 19e arrondissement de la capitale. Une histoire dans l’histoire puisque dix ans plus tôt, l’enseigne avait été contrainte de fermer son atelier à cause d’une pollution du site.

Rasé mais pas oublié, le voilà alors qui ressuscite grâce à la volonté d’un dirigeant conscient du potentiel, et pas inquiet du challenge. "Ça a été une très belle expérience, se souvient-il, le regard lumineux. Il y avait tout à construire. Nous ne pouvions nous appuyer sur aucun portefeuille clients, mais les habitants de ce quartier très populaire et très attachant se souvenaient tous du Speedy d’avant." Bien accueillie, l’affaire trouve rapidement son public. Nouveau succès.

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Tout part des équipes

En 2022, telle une marque de fabrique, deux autres sites en difficulté (rue des Pyrénées, à Paris, et Villemomble, en Seine-Saint-Denis) sont repris. En un an, le premier d’entre eux a vu son chiffre d’affaires être multiplié par deux. "C’est un super résultat", se félicite Kévin Carrillo Perez, qui refuse toutefois de personnifier ces réussites. "Je ne suis pas un héros", lâche-t-il en souriant. Un héros, peut-être pas, mais un dirigeant qui connaît la recette, assurément.

Sa réussite repose en réalité sur trois piliers fondamentaux. Un premier lié à l’aspect humain de son métier. La bonne dynamique de ses affaires dépend en bonne partie de son attachement à ses proches et à ses équipes. Concernant les premiers, s’il admet que travailler en famille n’est jamais chose aisée, il loue l’harmonie et la complicité qui le lient à ses parents. Un trio parfaitement complémentaire avec un papa très porté sur le relationnel et qui continue de travailler malgré ses 70 printemps, une maman concentrée sur l’administratif et un fils particulièrement attentif aux ateliers.

"C’est notre force", résume-t-il. À propos des équipes, il l’affirme haut et fort : "La réussite d’une entreprise dépend essentiellement des collaborateurs et de la manière dont ils sont managés." Comprendre par là qu’il a fallu remettre de l’ordre dans la gestion de plusieurs centres repris ces dernières années.

Maîtriser les fondamentaux

"J’aime l’aspect humain de ces défis. Quand vous arrivez dans un atelier à la dynamique dégradée, les salariés sont souvent démotivés et perdus. Moi je n’ai pas de baguette magique, mais je respecte les équipes, je suis à leur écoute, j’essaie d’être attentif à leurs problèmes. Si un technicien arrive avec 10 minutes de retard le matin, je ne m’en prends pas à lui, parce que je sais que si on a une voiture à rendre le soir et qu’il doit terminer une demi-heure plus tard que prévu, il le fera. On ne peut pas demander aux gens de s’investir et leur tomber dessus à la moindre occasion."

Une philosophie qui paie, avec un turnover quasi nul sur ses quatre centres et sa quinzaine de salariés. Le deuxième aspect de la réussite de Kévin Carrillo Perez tient dans sa maîtrise des fondamentaux. Entretien, réparation, pneumatique sont autant d’acquis dont le rendu doit être irréprochable.

Bien dans son époque, le dirigeant se montre en outre pleinement en phase avec l’évolution du parc automobile, et tâche de s’y adapter. "Ne pas le faire, ce serait reculer. La diversification n’est pas un choix, c’est une obligation pour continuer d’avancer." La meilleure preuve se donnant par l’exemple, chaque jour faisant, il met son bleu de travail pour être l’égal des siens et joue de sa polyvalence pour être à leurs côtés et ne pas apparaître comme "le patron dans son bureau".

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Le goût du challenge

Enfin, le troisième et dernier point est lié à Speedy. Une enseigne dans laquelle il baigne depuis son plus jeune âge grâce à son père, et avec laquelle le deal semble gagnant-gagnant. "On retrouve dans le réseau un esprit familial qui nous convient bien, souligne-t-il. On peut s’appuyer sur une enseigne de premier plan tout en restant des commerçants indépendants. Après, attention, on gère nos affaires comme on le souhaite, mais je considère qu’il faut tout de même jouer le jeu de l’enseigne. Dans le cas contraire, autant partir…"

Lui n’en a pas envie, et Speedy ne semble pas vouloir perdre un tel élément. À ce jour, la filiale du groupe Bridgestone compte 500 implantations dans l’Hexagone, dont un peu plus de 300 en franchise, mais ambitionne de se délester progressivement de ses succursales en les confiant, notamment, à ses propres adhérents. En étant, d’une part, pleinement engagés dans ce mouvement et en ayant, d’autre part, un vrai savoir-faire pour redresser des situations complexes, Kévin Carrillo Perez et ses parents demeurent de précieux éléments pour Speedy.

Le trentenaire en a bien conscience, et n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Sans toutefois voir plus grand. À la tête de quatre centres aujourd’hui, il en aura peut-être un cinquième demain, ou alors il restera à quatre en en cédant un pour en reprendre un autre, en difficulté. Face à ceux qui empilent les franchises comme des Lego, lui revendique encore et toujours ce goût du challenge.

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°180 de mai-juin 2023.

 

Dirigeant et gestionnaire, Kévin Carrillo Perez n’en reste pas moins un technicien qui met la main à la pâte quotidiennement pour aider ses équipes.

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