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Innovation

Continental façonne son premier pneu au latex de pissenlit

Publié le 7 décembre 2014

Par Jérôme Fondraz
2 min de lecture

Les recherches du Groupe sur le Taraxacum ont franchi une étape importante. Cette plante commune produit un caoutchouc naturel qui peut se substituer à celui de l’hévéa dans la fabrication des pneumatiques. Un concept a ainsi été présenté pour la première fois en septembre dernier lors du salon IAA de Hanovre, qui prouverait que les performances intrinsèques sont conservées. Cependant, il faudra encore attendre longtemps avant que cette solution ne devienne une réalité.

Carla Recker et le pneu Taraxagum

Trop dépendants de l’hévéa, et soumis à la grande volatilité des cours du caoutchouc naturel, les manufacturiers de pneumatiques cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement. L’arbre ne pousse que dans certaines régions du globe, comme le Brésil et le Sud-Est asiatique, soit dans une bande qui s’étend de 30° au nord et au sud de l’Équateur. Il faut attendre près de 8 ans avant qu’une plante arrive à l’âge adulte et commence à produire du caoutchouc, à moins que le climat s’en mêle ou qu’une maladie enraye sa croissance.

Dans ce contexte, les manufacturiers recherchent des alternatives. Déjà, les pneus été des voitures particulières n’utilisent presque plus cette matière première, mais surtout du caoutchouc synthétique, dérivé du pétrole. En revanche, ce n’est pas le cas des pneus hiver et surtout, des pneus industriels, qui font encore appel à de grandes quantités de caoutchouc naturel. Sur la planète, Continental considère qu’il n’existe que 3 grandes espèces de plantes capables de produire du latex en grandes quantités.: l’hévéa, le guayule et le Taraxacum, qui est le nom savant du pissenlit (Dandelion en anglais).

Le manufacturier a choisi d’explorer cette dernière voie en 2007. Elle n’est pas nouvelle. « Le premier brevet déposé qui mentionne l’utilisation du Taraxacum remonte à 1905 », relève Carla Recker, responsable du projet Dandelion Rubber chez Continental. Les recherches se sont poursuivies au fi l des années, mais l’intérêt s’est amenuisé car le caoutchouc naturel issu de l’hévéa est resté pendant longtemps une ressource abordable. Elles sont revenues sur le devant de l’actualité et des projets se multiplient depuis sur le guayule et le pissenlit.

A chacun sa chapelle. « La qualité du caoutchouc issu du guayule est moins convaincante. Et les régions du monde où on peut le cultiver sont moins nombreuses », explique Carla Recker, qui travaille sur le sujet depuis 2011. En e.et, le Taraxacum pousse dans des régions qui connaissent un climat continental, comme l’Europe et les USA. On peut aussi le cultiver en Afrique du Sud ou en Nouvelle Zélande. Alors que le guayule, originaire du Mexique, est sensible au froid et à l’humidité. Pour autant, le Taraxacum n’est pas à l’abri du mauvais temps. « Notre plus grand défi reste la régularité de la production. L’année dernière, le climat a mis à mal le rendement de nos cultures », confie Carla Recker.

Pour autant, ses recherches avancent. Elles sont menées sur le sol allemand, en coopération avec l’institut Fraunhofer en biologie moléculaire et écologie appliquée (IME), l’institut Julius Kühn et le cultivateur Aeskulap. Un pneumatique expérimental a été fabriqué, dont le caoutchouc naturel est exclusivement issu du Taraxacum. Une espèce spécifique est utilisée, plus productive que celle qui pousse dans les prés et les jardins. Il s’agit d’un pissenlit russe robuste et à haut rendement en caoutchouc naturel, soit de 1 à 1,5 tonne par an et par hectare, selon le chef de projet.

Le Groupe a choisi de s’appuyer sur le porte-drapeau de sa gamme hiver, le Conti WinterContact TS 850P, qui a été rebaptisé TaraxaGum, pour l’occasion, et présenté pour la première fois en septembre dernier. Mais si Continental assure que ses propriétés ont toutes été conservées parce que le latex employé est très similaire à celui de l’hévéa, il n’a pas encore été testé dans des conditions hivernales.

Un bémol doit être apporté à l’annonce de ces résultats apparemment encourageants, car Continental préfère rester prudent sur la date d’une éventuelle production en série. « Nous ne prévoyons pas d’industrialisation avant 5 à 10 ans », convient Carla Recker.

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