Du capteur de pression au pneu intelligent
Le TPMS ou système de surveillance de la pression des pneus inaugure l’ère du « pneu connecté ». Etienne Besnoin, Project leader, Tire Information Systems, au centre de R&D de Goodyear au Luxembourg (GICL) et Alexis Morin, TPMS Platform manager de Continental Automotive, ont partagé leurs visions du pneu du futur.
Alors que les équipements actuels se contentent d’afficher l’état de la pression des pneumatiques au tableau de bord (ou un dysfonctionnement du système : capteur cassé, batterie usée, problème d’étanchéité, etc.), de nouvelles solutions sont en développement chez les manufacturiers.
En introduction de la conférence sur le Pneu Connecté,Etienne Besnoin, Project leader, Tire Information Systems, au centre de R&D de Goodyear au Luxembourg (GICL), a passé en revue deux innovations qui en disent long sur les évolutions prévisibles des TPMS. La première a été révélée lors du salon automobile de Genève 2014. Elle se présente sous la forme d’une micro-puce sans batterie, intégrée au pneumatique.
Conçue avec la société Huf, qui est spécialisée dans l'électronique automobile et en particulier les capteurs, elle communique à l’ordinateur central du véhicule des informations exploitables par les systèmes ABS et ESC du véhicule. La pression, la température locale et les caractéristiques techniques (dimensions, indice de vitesse) permettent ainsi d’optimiser le freinage et le contrôle de stabilité.
Etienne Besnoin a également présenté le pneu concept Triple Tube, dont la forme de la bande de roulement pourrait s’adapter au dessin de la route et aux conditions de conduite, fusionnant les informations des capteurs du TPMS avec celles du système de navigation, afin d’optimiser la zone de contact au sol. Cette étude avait été dévoilée lors de l’édition 2015 du salon automobile de Genève.
Chez Continental Automotive, représenté par Alexis Morin, TPMS Platform manager, « on travaille sur des capteurs qui arriveront en 2020-2025 ». D’ici là, le groupe,« n°2 mondial des capteurs de pneus », a déjà entrepris de créer une application pour smartphone, qui permet à son utilisateur de lire la pression des pneus de son véhicule et même de l’alerter lors du gonflage quand le niveau de pression correct a été atteint. « En Europe, cette fonction sera probablement proposée sur les voitures allemandes en premier ».
Mais Continental a d’autres idées déjà bien avancées. Son REDI Sensor propose de désolidariser le capteur de la valve. Le système se présente sous la forme d’un capteur en forme de palet, encapsulé dans un socle en caoutchouc, qui est collé sur la face intérieure du pneu. Le capteur est « universel », c’est-à-dire qu’il convient à plusieurs modèles de véhicules. Il sera commercialisé à partir de septembre comme TPMS, mais le groupe imagine déjà qu’il pourra détecter la charge du véhicule, déduire le niveau d’usure des pneus, communiquer ces informations directement aux garages environnants via le cloud, si nécessaire.
A plus long terme, lorsque les véhicules autonomes feront leur apparition, Continental prévoit de faire communiquer ses capteurs avec les infrastructures ou les autres véhicules, afin d’introduire une conduite prédictive, encore plus sécuritaire. Le véhicule qui précède pourra alors prévenir d’un problème d’adhérence sur une chaussée gelée, ou d’un ralentissement soudain sur une voie à grande vitesse, par exemple.
D’autres manufacturiers développent des solutions de pneus intelligents, à l’instar de Bridgestone et de sa technologie CAIS pour Contact Area Information Sensing, et de Pirelli avec son « cyber tire », qui cherchent également à fusionner leurs informations avec celles du système de sécurité active du véhicule.