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Innovation

Tout connaître du pneu grâce à l’IA de Compredict

Publié le 9 décembre 2024

Par Tristan Baez
2 min de lecture
Fondée en 2016 par Stéphane Foulard et Rafael Fietzek, Compredict fait partie de ces entreprises de la tech qui pourraient révolutionner l’automobile dans le futur grâce à la maintenance prédictive. Les startupers ont signé jusqu’à 2030 avec le groupe Renault pour installer leurs capteurs virtuels dans ses véhicules.
Stéphane Foulard et Rafael Fietzek ont cofondé Compredict en 2016 dans le but de révolutionner la maintenance prédictive avec les capteurs virtuels. ©Compredict

Tout commence un peu avant 2016 pour Stéphane Foulard, alors double doctorant sur les sujets de data, d’ingénierie et de mécatronique entre l’Allemagne et la France. Intéressé par l’automobile, sa thèse basée sur les capteurs virtuels et les boîtes de vitesses lui sert de point de départ dans la création de son entreprise avec Rafael Fietzek. "Compredict est une sorte de spin-off de ces années d’études." L’enjeu est alors de créer un capteur virtuel basé sur les données communiquées par le véhicule défini par logiciel.

"Chaque véhicule transmet plusieurs milliers de données, entre 10 000 et 30 000, qui ne sont pas suffisamment exploitées", confirme le directeur de l’entreprise désormais basée à Munich. De son constat naît l’idée d’utiliser l’intelligence artificielle pour entrecroiser toutes ces données et les utiliser à bon escient, dans la maintenance prédictive : "Plutôt que d’utiliser dix capteurs physiques, nous pourrons les réduire à sept, tout en ayant bien plus d’informations."

Qui dit moins de capteurs, dit économies financières, diminution des contraintes de conception ou encore réduction des besoins en terres rares. Une opportunité que le groupe Renault a su déceler au bon moment. À travers la Software République, un écosystème incubateur de start-up dont Renault Group, Thalès ou encore Dassault font partie, le constructeur au losange repère la jeune entreprise et décide de la soutenir grâce à son fonds d’investissement pour les projets durables, Shift4Good.

Toyota fait de même avec un financement de 15 millions de dollars avec son fonds de croissance Woven Capital, mais c’est bel et bien Renault qui s’empare de la technologie. En septembre dernier, le constructeur signe un contrat commercial avec Compredict pour équiper les véhicules de ses trois marques, Renault, Dacia et Alpine, jusqu’à 2030.

Faire plus avec moins

Le capteur virtuel ne doit rien à la mécanique et à la réparation automobile. Son fonctionnement est entièrement informatique et même basé sur l’intelligence artificielle. Intégré dans l’ordinateur de la voiture, cet algorithme se sert des données communiquées en permanence par les capteurs réels restants et les informations que les éléments mécaniques remontent.

Ainsi, l’angle du volant, la pression dans le maître-cylindre de frein, l’accélération ou le débattement des suspensions vont permettre de calculer et de déduire d’autres données propices à la maintenance prédictive du véhicule. Libre alors au constructeur ou au conducteur de personnaliser les informations qu’il estime nécessaires.

Dans un premier temps, les capteurs virtuels destinés aux véhicules du groupe Renault doivent permettre de connaître l’épaisseur et l’usure de la bande de roulement du pneu, l’état des disques de freins ou encore l’usure des plaquettes. "Nous arrivons à générer des informations sur ce qu’il se passe dans le véhicule jusqu’à cent fois par seconde. Pour les pneumatiques ou les systèmes de freinage, on est précis en dessous du millimètre. De même que sur les forces latérales exercées sur le pneumatique qui sont de l’ordre de la centaine de newtons."

Pour Stéphane Foulard, il est évident que cette maintenance prédictive devrait permettre d’offrir de nombreuses autres possibilités pour le conducteur. "Pour les personnes n’ayant pas d’affinités avec l’automobile, cela permettrait de connaître facilement l’état de ses pneus, d’étendre leur durée de vie et de savoir le bon moment pour les changer." À terme, le capteur virtuel pourrait même aider les manufacturiers à concevoir les pneumatiques…

 

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°187 de novembre-décembre 2024.

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