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Manufacturiers

Après les accusations de Complément d'enquête, Michelin contre-attaque

Publié le 10 octobre 2025

Par Charlotte Morvan
2 min de lecture
Diffusé le 18 septembre 2025, le numéro de Complément d'enquête consacré aux multinationales a pris pour cible Michelin. Le reportage accuse le manufacturier d'avoir délocalisé la production de Cholet et Vannes, licencié des salariés malgré des résultats financiers positifs et manqué de transparence sur les aides publiques. Dans un communiqué, le groupe réfute ces accusations et dit vouloir "rétablir les faits".
Fermeture de Cholet et Vannes en 2024 : 1 254 emplois supprimés. ©Michelin

La fermeture des sites de Cholet et Vannes en 2024, touchant 1 254 salariés, est au cœur des critiques. Le magazine Complément d'enquête diffusé le 18 septembre 2025 avance que la production aurait été transférée en Pologne et en Italie. Ce que Michelin dément. Selon l'entreprise, ces fermetures répondent à ces motifs économiques devenus "inéluctables" : chute continue des marchés du poids lourd et de la camionnette, perte de compétitivité en Europe et particulièrement en France.

Le groupe assure qu'aucune usine n'a été créée à l'étranger pour remplacer ces sites et précise que la production a été redistribuée entre Golbey (France), Cuneo (Italie) et Olsztyn (Pologne). Michelin rappelle par ailleurs que la France reste, après ces fermetures, le pays où il compte le plus grand nombre d'usines en Europe.

Autre point contesté : le contraste entre les 1,9 milliard d'euros de bénéfices nets engrangés en 2024 et les suppressions d'emplois. Michelin affirme que ces résultats reflètent l'activité mondiale du groupe, présent dans 175 pays, et non la seule performance française.

Dans l'Hexagone, les activités industrielles seraient déficitaires, souligne la direction industrielle. Les dividendes versés aux actionnaires (964 millions d'euros en 2024) sont également calculés sur la performance globale et non sur la situation nationale : "Relier bénéfices mondiaux et fermetures d'usines françaises est une lecture simpliste et trompeuse", estime le groupe.

Aides publiques et ancrage en France

Le documentaire a également mis en cause les recours aux aides publiques. Michelin indique avoir communiqué la liste de ces aides à la commission sénatoriale sur le sujet. Concernant le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), dont il a bénéficié entre 2013 et 2021, le manufacturier rappelle que ce dispositif n'imposait pas de conditionnalité. Il précise que 4,3 millions d'euros avaient été investis à La Roche-sur-Yon pour moderniser les ateliers, quatre ans avant sa fermeture. Le groupe indique s'être rapproché de l’État pour envisager un remboursement volontaire.

Aujourd'hui, le principal dispositif reste le Crédit impôt recherche (40,4 millions d'euros en 2023), soit dix fois moins que les investissements annuels de Michelin en R&D en France (400 millions d'euros). À cela s'ajoutent 32,4 millions d'euros d'exonérations sociales, des montants que l'entreprise compare à une contribution fiscale de 220 millions d'euros et à une masse salariale de 1,5 milliard d'euros.

Pour défendre son ancrage, Michelin met en avant 2,6 milliards d'euros investis dans l'Hexagone en dix ans, dont 1,5 milliard pour moderniser ses usines, ainsi que le rapatriement de 300 chercheurs depuis le Japon et les États-Unis.

Face aux critiques, Michelin défend donc un double message : ses restructurations industrielles ne relèveraient pas d'une stratégie de délocalisation, et les aides publiques perçues doivent être mises en perspective avec l'ensemble de ses investissements et contributions en France.

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