Bridgestone annonce la fermeture de son usine de Béthune
Depuis plusieurs mois, les annonces se succèdent et se ressemblent sur le marché européen du pneumatique. Alors qu’il y a près d’un an, Michelin annonçait la fermeture de son usine vendéenne de La Roche-sur-Yon, il y a quelques jours Continental montrait sa volonté de faire de même avec son site allemand d’Aix-la-Chapelle. Et ce 16 septembre 2020, c’est Bridgestone qui déclare, lors d'un comité social et économique extraordinaire, projeter de cesser son activité de Béthune (62).
Pour justifier ce projet, le manufacturier nippon invoque un marché du pneumatique confronté à de nombreuses difficultés depuis plusieurs années, sans même tenir compte des conséquences à venir de la pandémie de Covid-19. Mais aussi une concurrence asiatique, dont il estime que les parts de marché ont crû de 6 % à 25 % entre 2000 et 2018. Des tendances qui entraînent une surcapacité de production en Europe ainsi qu’une une pression sur les prix, "en particulier sur le segment LRD (jantes à dimensions inférieures à 18 pouces de diamètre)".
L’usine la moins performante
Il indique également que son usine de Béthune est la moins performante de sa dizaine d’usines européennes. "En une décennie, ses effectifs ont chuté de 40 %, au même rythme que ses volumes de production (passés de 8,5 millions d'unités à 5,1 millions) dans un marché stable", a-t-il confié à l’AFP.
Le manufacturier déclare "envisager la cessation totale et définitive de l’activité de l’usine de Béthune comme étant la seule option qui permettrait de sauvegarder la compétitivité des opérations de Bridgestone en Europe". Au total, 863 employés seraient concernés par cette mesure qui ne devrait pas être effective avant le deuxième trimestre 2021.
Limiter l'impact sur l'emploi
Laurent Dartoux, CEO et Président de Bridgestone EMIA, a assuré avoir pleinement conscience des conséquences de cette décision : "La cessation d’activité de l’usine de Béthune est un projet que nous ne prenons pas à la légère. Malheureusement, il n’existe pas d’alternative qui nous permettrait de surmonter les difficultés auxquelles nous sommes confrontés en Europe. Cette étape est nécessaire pour pérenniser les activités de Bridgestone à long-terme", a-t-il indiqué.
Ainsi, ce plan devrait être mis en place en collaboration avec syndicats du personnel et le groupe assure vouloir limiter le nombre de licenciements en privilégiant des mesures de pré-retraite, le reclassement interne des salariés au sein des autres activités de Bridgestone en France, et en favorisant le reclassement externe. Le manufacturier a également annoncé vouloir limiter l’impact de cette fermeture sur la région, et s’est notamment engagé à trouver un repreneur pour son site.
"L'effet d'une bombe"
Cette annonce a provoqué l'effet d'une bombe pour les salariés et les syndicats qui ont appris la nouvelle ce matin. Elle a également suscité de vives et nombreuses réactions de nombreuses personnalités politiques.
Le gouvernement et le président de la région, Xavier Bertrand, ont contesté immédiatement "la brutalité, la pertinence et les fondements" de cette annonce auprès de l’AFP, demandant à l’entreprise d’ouvrir et d’analyser "en détail l’ensemble des scénarios alternatifs à la fermeture du site". De son côté, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, juge cette décision comme "une trahison de la confiance que l'Etat et la région Hauts-de-France ont placée dans le groupe japonais", ajoutant que "Bridgestone doit aujourd'hui assumer ses responsabilités plutôt que de chercher des prétextes". A suivre...
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