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Manufacturiers

Bridgestone Béthune : voilà, c'est fini…

Publié le 3 mai 2021

Par Romain Baly
3 min de lecture
L'usine nordiste du groupe Bridgestone a définitivement fermé ses portes, vendredi 30 avril 2021. Sans violence, ni pneus brulés, les 863 salariés du site partent sur un plan social généreux qui n'enlève toutefois rien à l'amertume de cette fin d'histoire.
Ouvert en 1961, le site a fermé ses portes le 30 avril 2021.

Annoncée pour le 3 mai, la fermeture définitive de l'usine Bridgestone de Béthune a finalement été avancée de quelques jours. Ce vendredi 30 avril 2021, la dernière équipe a quitté le site en fin de journée alors que les chaînes tournaient au ralenti depuis plusieurs semaines. "Beaucoup de gens ont pris des congés, ce n'est pas évident de rester six mois dans ce climat", explique Stéphane, un assembleur de 46 ans, dont 24 chez Bridgestone. "Mais pour la dernière journée, beaucoup ont voulu venir, c'est une famille Bridgestone, on le ressent comme ça", confie-t-il.

Acquis par le logisticien nordiste Log's, le site, qui produisait des pneus de petit calibre, doit être transformé en "pôle industriel", mais le nombre d'emplois qui pourraient y être créés reste à préciser. Stéphane a déjà décidé de "prendre un grand virage", pour devenir "moniteur-éducateur".

Hommage sur la Grand-Place de la ville

Pour permettre aux salariés mais aussi aux habitants de faire leurs "adieux" à leur "regrettée entreprise", installée depuis 1961, d'abord sous la marque Firestone puis à partir de 1988 sous celle de Bridgestone, "un moment symbolique et fraternel" a été organisé à la mi-journée sur la Grand-Place de la ville de l'ancien bassin minier. Un livre d'or doit être ouvert à la mairie et la constitution d'une association d'anciens discutée. "La mairie met à notre disposition un local pour continuer à suivre les salariés, avec les cabinets de recrutement", explique le secrétaire du Comité social et économique, Stéphane Lesix (CFDT).

La ministre de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a évoqué l'avenir industriel du site avec élus et représentants des salariés. Elle était déjà venue sur place à plusieurs reprises ces derniers mois, engageant d'abord un bras de fer avec Bridgestone pour tenter d'éviter la fermeture puis, devant la fin de non-recevoir du groupe malgré les promesses d'argent public, pour chercher des pistes de revitalisation industrielle. L'annonce brutale au mois de septembre de sa fermeture par le géant du pneu, invoquant une surcapacité de production en Europe et la concurrence asiatique à bas coûts, avait suscité un branle-bas de combat politique.

Le plus grand employeur de la région avec PSA et Roquette

Avec 863 salariés, l'usine constituait l'un des plus gros employeurs du bassin d'emploi, derrière le constructeur automobile PSA et Roquette (ingrédients d'origine végétale). Elle ferme ses portes une décennie après Continental à Clairoix, dans l'Oise, et sept ans après Goodyear à Amiens-Nord, deux pneumaticiens.

Sur France Bleu Nord, la ministre a indiqué vendredi dernier que 256 salariés avaient déjà pris une nouvelle direction, CDD de plus de six mois, CDI, départ à la retraite anticipée ou projet de création d'entreprises. Log's "est prêt à implanter 300 emplois sur le site" mais "nous souhaitons avoir un équilibre entre activités logistiques et industrielles", ces dernières"pouvant créer plus d'emplois et étant plus proches des compétences" des ex-Bridgestone, a-t-elle ajouté.

Neuf projets à l'étude

Alors que neuf projets d'activité sont en cours d'examen pour revitaliser le site, l'objectif, a-t-elle détaillé, est "d'avoir, d'ici la fin de l'été, de premières annonces d'implantations", et "l'ensemble des implantations d'ici la fin de l'année 2022". Le 20 avril, Bridgestone France et la filiale SIG de Log's avaient annoncé un accord pour l'acquisition "pour un montant symbolique" de l'intégralité du site de Béthune "afin d'y accueillir divers projets et de créer un Pôle Industriel Multi-Technologies".

Dans l'attente des potentiels repreneurs, direction et représentants des salariés ont fini par s'entendre en février sur un Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) offrant "des niveaux d'indemnisation comme on n'en a jamais vus", "à la hauteur du préjudice subi", selon l'avocat de l'intersyndicale, Me Stéphane Ducrocq. Et ce dernier de rappeler que, pendant neuf mois, les salariés se sont démenés avec dignité, sans jamais avoir recours à la violence. (Avec AFP)

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