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Manufacturiers

Fermeture chez Michelin : certains salariés de Cholet ne décolèrent pas

Publié le 25 novembre 2024

Par Romain Baly
3 min de lecture
Trois semaines après l'annonce des fermetures à venir des usines Michelin de Cholet (49) et de Vannes (56), les salariés restent mobilisés. Ceux de la première nommée sont en grève depuis le 5 novembre 2024 et entendent se battre pour "partir dans la dignité".
Les salariés du site Michelin de Cholet, dans lequel sont employés 955 personnes, sont en grève depuis l'annonce de la fermeture de leur usine début novembre 2024. ©Michelin

Près de palettes en feu et d'une montagne de pneus, l'effigie d'un salarié Michelin se balance du haut d'une potence. En colère face à la fermeture prochaine du site de Cholet (49), des salariés restent mobilisés pour "partir dans la dignité". "C'est terminé, mon boulot, mon salaire, mes amis. Ce n'était pas que leur usine, c'était la nôtre aussi. Ce qui a fait leur richesse, c'est nous, les employés. Et maintenant, ils nous virent comme des malpropres. Bosser chez Michelin, c'était une fierté", explique Jack Roux, 50 ans, dont 24 à l'usine de Cholet.

Depuis l'annonce de la fermeture le 5 novembre dernier, plusieurs dizaines de salariés se relaient jour et nuit près des grilles de l'usine. Un canapé gris et des chaises de jardin ont été installés sous une tonnelle, à côté de barils d'où s'échappent quelques flammes et une fumée grise. Hors de question pour Jack Roux de "partir avec des miettes". "Cela ne m'amuse pas d'être ici, mais c'est la dernière chose qu'on peut avoir : des négociations pour partir dans la dignité", ajoute-t-il, bras croisés devant des dizaines de pneus empilés.

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Gilet CFDT sur le dos, Anis Ben Tijani, 47 ans, se dit "effondré". "Je cogite jour et nuit. Ma compagne dit que j'en parle même dans mon sommeil", affirme le salarié qui redoute, après "13 ans de boîte", de ne pas retrouver ailleurs son niveau de salaire actuel. "Un travail, ce n'est pas qu'un travail, j'étais heureux de dire que j'étais chez Michelin. Ils peuvent proposer des mutations, mais il y a des contraintes. Ma femme est choletaise, l'éloigner de sa famille est compliqué, c'est ce qui fait son équilibre", explique-t-il.

Une usine au ralenti

Sur le muret blanc qui borde l'entrée de l'usine, des tags multicolores ont été tracés. "Arrivé jeune et motivé, largué usé et abîmé" ou "Vous nous devez plus que des discours et la charité" peut-on lire. Le 5 novembre, la direction du fabricant de pneumatiques français avait annoncé la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet (955 salariés) et Vannes (299), mettant en cause "l'effondrement" des ventes des pneus pour camions et camionnettes.

Selon Michelin, ces fermetures sont devenues "inéluctables" en raison de la concurrence asiatique dans ce domaine. À Cholet, les salariés en colère avaient aussitôt voté la grève et bloqué l'entrée et la sortie des camions sur le site. L'usine tourne depuis au ralenti. "On n'empêche personne d'entrer à pied, des salariés vont chaque jour travailler. Mais la production est au ralenti sans les camions qui entrent et sortent", explique Bastien You, délégué CGT.

Michelin assigne en justice des grévistes

Pour mettre fin au blocage, le groupe Michelin a assigné sept salariés en référé devant le tribunal d'Angers (49), demandant à ce que les mis en cause ainsi que "toute personne entravant le libre accès à l'enceinte de livraison de l'entreprise" soient "condamnés à laisser libre l'accès de l'établissement de Cholet à tous véhicules et personnes", selon l'assignation consultée par l'AFP.

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À l'audience vendredi 22 novembre 2024, l'avocat du groupe a affirmé comprendre la "souffrance" et l'"angoisse" des salariés. "Leur usage du droit de grève est évidemment respectable, mais il n'est pas admissible que des actes illicites soient menés dans ce cadre", a déclaré Me Jean-Christophe Gouret. Les actions des salariés entravent selon lui "la liberté de circuler des biens et des personnes et donc la liberté de travailler des salariés", alors que "80 %" d'entre eux "souhaitent reprendre le travail".

En face, l'avocat des sept salariés, Me Hugo Salquain, a dénoncé le "capitalisme sauvage" de Michelin et regretté que le groupe ait assigné des salariés "alors même que la direction disait être dans le dialogue". "On invoque la liberté de travail alors qu'on va priver ces salariés de ce travail", a-t-il ajouté. En fin de semaine dernière, police et pompiers étaient venus sur le site demander aux salariés de mettre fin aux feux de pneus et à leurs fumées noires. Des morceaux de bois ont depuis remplacé le caoutchouc dans les brasiers. (Avec AFP)

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