Fermetures chez Michelin : Bercy appelle à un accompagnement "exemplaire"
Sans surprise, l'annonce ce mardi 5 novembre 2024 par Michelin de la fermeture avant 2026 des usines de Cholet (49) et de Vannes (56) n'a pas manqué de faire réagir. Dans la classe politique, Marc Ferracci a déploré ce choix. Le ministre délégué chargé de l'Industrie "regrette la décision de Michelin". Il appelle "de la part du groupe un plan d'accompagnement exemplaire des salariés et des territoires", a indiqué le cabinet du ministre rattaché à Bercy.
Ce dernier "sera vigilant sur la qualité des mesures qui seront mises en œuvre tant sur le reclassement et la reconversion de chaque salarié que sur les actions de recherche de repreneur pour ne pas impacter l'empreinte industrielle du territoire".
Le maire de Vannes parle d'une "journée noire"
Du côté de Vannes, le maire, David Robo (divers droite), a qualifié de "séisme" cette annonce. "C'est une journée noire pour Vannes et c'est un séisme pour le territoire" a ajouté l'édile de cette commune de 55 000 habitants. Et de parler d'un "coup très, très dur porté à l'économie" locale. "Pendant très longtemps, Michelin a été le premier employeur privé de la ville", a-t-il rappelé auprès de l'AFP.
David Robo a ainsi souligné que le développement de l'usine Michelin avait conduit à la création d'une voie ferrée, d'une usine d'eau ou encore de logements pour les ouvriers et les cadres. "Je pense vraiment aux 316 salariés qui, ce (mardi) matin, sont anéantis pour la plupart, parce qu'ils étaient très attachés à leur outil de production. J'appelle vraiment Michelin à un suivi très individualisé de ces salariés".
Devant l'entrée de l'usine, située dans une zone industrielle, des salariés brûlaient des pneus et des palettes mardi, a constaté un journaliste de l'AFP. L'annonce par la directrice de la fermeture du site, mardi vers 9h, "a été accueillie par un grand silence. Tout le monde a accusé le coup", a dit Éric Boisgard, employé depuis 2004 et ancien délégué syndical CGT. "On a vu l'usine se dégrader petit à petit", a-t-il ajouté.
Un sentiment de désolation et de tristesse partagé plus à l'ouest par les salariés du site de Cholet. Ces derniers ont voté pour la grève mardi en fin de matinée. "C'est un mouvement spontané de colère et de révolte face aux suppressions d'emplois. On verra ensuite ce que les assemblées générales de salariés en lutte décideront sur les actions à mener", a déclaré à l'AFP Bastien You, délégué syndical CGT.
Des sites emblématiques pour leur territoire
Les salariés de l'usine de Cholet, dont environ 200 empêchaient la circulation sur un carrefour menant au site, autour d'une pile de pneus, ont bloqué l'usine peu après les annonces de la direction. Celle-ci avait prévu de toute façon d'arrêter la production jusqu'au 13 novembre.
Sur place, le maire DVD, Gilles Bourdouleix, a dénoncé "la version voyou du capitalisme". "Là, visiblement, la volonté depuis des années, c'était de laisser la situation dégénérer. Et puis arriver à cette décision brutale, et qui est brutale sur le plan économique, mais brutale, évidemment, avant tout, sur le plan humain", a-t-il déploré, en rappelant que Michelin est depuis "54 ans à Cholet". "Donc c'est emblématique. Et pour nous, c'est un crève-cœur", a-t-il ajouté.
La présidente (Horizons) de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, a pour sa part indiqué dans un communiqué "partage(r)" l'émotion des salariés de Michelin à Cholet après cette "nouvelle extrêmement dure pour les salariés et [le] territoire". (Avec AFP)