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Manufacturiers

Fermetures chez Michelin : Michel Barnier se demande où est passé l'argent public

Publié le 6 novembre 2024

Par Romain Baly
3 min de lecture
Le Premier ministre Michel Barnier a vivement critiqué la décision de Michelin de fermer deux de ses usines en France et réclamé des explications quant à l'utilisation de l'argent public. Le groupe clermontois n'a pas manqué de lui répondre.
La polémique enfle après l'annonce par Michelin de la fermeture de deux usines en France. ©Michelin

L'intention de Michelin de fermer, avant 2026, ses sites industriels de Cholet (49) et de Vannes (56) continue de faire parler. Notamment du côté de la classe politique. Après Marc Ferracci, le ministre délégué chargé de l'Industrie, Michel Barnier s'est lui aussi exprimé sur le sujet. Le Premier ministre a déclaré mardi 5 novembre 2024 vouloir "savoir" ce que les groupes Auchan, qui a également annoncé un vaste plan social, et Michelin, ont fait "de l'argent public qu'on leur a donné".

"Je ne suis pas fier (...) d'une politique qui détruirait des emplois, jamais", a déclaré le chef du gouvernement. Devant l'Assemblée nationale, il a expliqué avoir "le souci de savoir ce qu'on a fait dans ces groupes de l'argent public qu'on leur a donné". "Je veux le savoir. Et donc nous allons poser des questions et nous verrons si cet argent a été bien ou mal utilisé pour en tirer les leçons", a-t-il développé, en réponse à une question sur le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) dont ont profité Auchan et Michelin lorsqu'il existait encore.

Michelin souligne ses efforts et ses investissements

Joint par l'AFP, Auchan a rétorqué que "la réduction de charges annuelle de 83 millions accordée au titre du CICE entre 2013 et 2018 a été intégralement utilisée pour les objectifs ciblés par ce dispositif", notamment la redistribution "du pouvoir d'achat à ses collaborateurs." L'entreprise indique par ailleurs avoir payé 258 millions d'impôts et de taxes et 607 millions d'euros de "charges sociales pour la part patronale au seul titre de 2023".

De son côté, Michelin a rappelé à l'AFP ne plus toucher le CICE, transformé en 2019 en baisse durable de cotisations sociales. Le fabricant de pneumatiques a par ailleurs indiqué avoir reçu de l'État en 2023 42 millions d'euros, essentiellement par le biais du Crédit d'impôt recherche, qu'elle juge "très important" pour "rendre les chercheurs compétitifs".

"Ce crédit a permis de rapatrier des activités de recherche et développement du Japon et des États-Unis en France, rendant le coût d'un chercheur en France compétitif avec l'Allemagne et d'autres pays." Un porte-parole du manufacturier indique que Michelin investit chaque année 1,2 milliard d'euros en dépenses d'innovation.

Accompagner les salariés et les territoires

Michel Barnier a dit être "en désaccord" avec la décision du groupe automobile Michelin de fermer ses sites vannetais et choletais. 1 254 salariés y travaillent. Il a indiqué avoir rencontré son PDG, Florent Menegaux,"il y a quelques jours". Le distributeur Auchan prévoit pour sa part de supprimer 2 389 emplois via notamment la fermeture d'une dizaine de magasins. Une manière pour lui de tenter de se relancer après plusieurs exercices compliqués.

Le Premier ministre a souhaité que ces groupes puissent "travailler avec le tissu local, les élus locaux (...), les syndicats, le patronat local, les chambres de commerce" pour "mettre (...) ensemble tous les outils dont nous disposons pour accompagner individuellement chacun des salariés et accompagner ces territoires dans la possibilité de reconversion".

"Nous devons créer ou recréer de l'emploi industriel, comme maintenir l'emploi agricole dans notre pays", a encore martelé le chef du gouvernement, en évoquant la création début 2025 d'un "livret d'épargne industriel", ainsi que des "réponses européennes" avec "moins de naïveté" face à la concurrence étrangère "pas toujours loyale".

Fabien Roussel veut un "moratoire sur les plans de licenciement"

Dans un communiqué, le leader communiste Fabien Roussel a appelé à "un moratoire sur les plans de licenciement". "Notre industrie est engluée dans une crise structurelle, notamment sur la question énergétique", a poursuivi le numéro un du PCF. Ce dernier estime que "le gouvernement peut immédiatement baisser de 30 % le prix de l'électricité pour nos entreprises, comme pour les ménages", en "sortant du marché européen de l'énergie, mais aussi en se donnant réellement les moyens de développer notre production nucléaire".

L'argument a été partagé par Marine Le Pen (RN), qui a dénoncé "l'échec total d'Emmanuel Macron à enrayer la désindustrialisation de notre pays". Elle a également réclamé une baisse des "impôts de production" et la sortie "des règles européennes de fixation des prix de l'énergie" en évoquant "l'avantage compétitif que devrait nous procurer notre production nucléaire". (Avec AFP)

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