Fermetures d'usines chez Michelin : Florent Menegaux se justifie devant le Sénat
Ce mercredi 22 janvier 2025, la Commission des affaires économiques du Sénat recevait Florent Menegaux. Le PDG de Michelin était invité à s'expliquer sur les raisons qui ont conduit le manufacturier a annoncé la fermeture prochaine de ses sites de Cholet (49) et de Vannes (56). Entre la concurrence des pneus chinois, les coûts de l'énergie et le poids des salaires, Michelin ne peut plus exporter depuis l'Europe, a affirmé le dirigeant.
Une situation qui "n'est plus tenable"
Si le géant mondial du pneu exporte toujours plus qu'il n'importe depuis l'Europe, "ce n'est plus tenable". "On a une hyperconcurrence, des surcapacités massives" dans les usines, a-t-il lancé. Depuis 2019, entre la hausse des coûts de l'énergie et l'inflation qui "s'est retraduite dans les salaires", il est devenu globalement "deux fois plus cher" de produire des pneus en Europe qu'en Asie. "Pour maintenir notre outil industriel en Europe, il faut qu'on ait un outil ramassé, hyperproductif (...). Il faut qu'on investisse massivement dans la robotisation", a jugé Florent Menegaux.
Le groupe a ainsi annoncé, fin 2024, la fermeture de deux usines, à Cholet et à Vannes, où travaillent 1 254 personnes. Certains d'entre eux manifestaient mercredi à Paris à l'appel de la CGT. Cholet était le site du groupe "le plus cher au monde pour fabriquer des pneus de camionnette", selon le PDG. Vannes, qui fabrique des renforts métalliques pour des pneus destinés aux poids lourds – un marché en crise –, a été sacrifié plutôt que l'usine de Golbey (Vosges) car "le bassin d'emploi du Morbihan était beaucoup plus actif et dynamique".
Le dirigeant dénonce un système à deux vitesses
Si le groupe a son siège et de nombreuses activités de recherche dans l'Hexagone, "nos activités de production en France perdent de l'argent", a-t-il encore souligné. "En France, il n'y a pas beaucoup d'autres solutions que d'aller dans le haut de gamme." L'usine de pneumatiques agricoles de Troyes est par ailleurs concurrencée par "un manufacturier indien qui produit en Inde et exporte massivement en France". Tandis que l'Inde a interdit les importations de pneus. "Et on laisse faire ! C'est ce type de choses-là qu'il faut résoudre."
Bien que l'Hexagone ait des "atouts formidables" avec "une infrastructure remarquable, une électricité décarbonée d'ampleur, un peu trop chère mais disponible, des personnes bien formées, un tissu industriel préexistant", le patron de Michelin a répété que l'industrie avait "besoin de stabilité réglementaire, fiscale, environnementale". (Avec AFP)