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Manufacturiers

La fermeture de l'usine Bridgestone de Béthune suscite l'indignation des politiques et syndicats

Publié le 18 septembre 2020

Par Romain Baly
3 min de lecture
La décision du manufacturier nippon de fermer son site de production du nord de la France a provoqué de nombreuses réactions. Si la classe politique dénonce les choix de Bridgestone, les représentants syndicaux pointent du doigt le rôle de l'Etat.
Une fermeture est attendue pour le 2e trimestre 2021.

L'annonce de la fermeture de l'usine Bridgestone de Béthune (62) a provoqué une onde de choc. Intérrogé par nos confères de CNews, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, juge qu'il s'agit là d'une "décision révoltante, avec une méthode révoltante et des conséquences révoltantes." "Nous allons nous battre" a assuré le ministre, dans un premier temps pour tenter de "développer une autre activité avec des pneus plus larges que ceux qui sont produits actuellement sur le site de Béthune". "Et si jamais nous n'arrivons pas à cette solution-là, (pour) trouver des solutions de réindustrialisation du site pour qu'il y ait, pour chaque ouvrier de Bridgestone, une solution qui soit une solution cohérente et acceptable pour eux", a-t-il ajouté.

Le gouvernement et Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, ont dénoncé de concert "la brutalité "de l'annonce. Dans un communiqué commun, fait rare, "ils en contestent" aussi "la pertinence et les fondements" et "demandent à l'entreprise que soient ouverts et analysés en détail l'ensemble des scénarios alternatifs" à cette fermeture. A l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a dénoncé "une trahison de la confiance" placée dans Bridgestone, qui doit "assumer ses responsabilités plutôt que de chercher des prétextes. C'est l'entreprise qui a sous-investi dans le site de Béthune au profit d'autres sites", et qui "a été incapable d'instaurer les conditions d'un dialogue social sain".

"On a affaire à des menteurs, des cyniques"

Xavier Bertrand a laissé éclater sa colère alors qu'il était sur le site : "on a affaire à des menteurs, des cyniques. Ce plan est inacceptable". Bridgestone a "dit non à toutes les propositions qu'on lui a faites, c'est quelque chose qu'ils avaient en tête depuis longtemps", a-t-il accusé avant d'ajouter : "notre rôle n'est pas seulement d'être en colère" mais "de trouver des solutions".

"C'est bien que les politiques s'indignent aujourd'hui" de la décision de Bridgestone "mais il faut être plus vigilant quand on nous promet des choses et il faut vérifier qu'elles sont bien tenues", a insisté le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. "L'argent qu'on a donné avec le CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, ndlr), à quoi il a servi, est-ce qu'on a investi, modernisé ?"

Des aides publiques mal maitrisées

La question des contreparties aux aides publiques "s'est posée encore dans le plan de relance" et "c'est pour ça qu'on parle de conditionnalité des aides", a-t-il souligné. "Des aides publiques, il y en a beaucoup aux entreprises et, du jour au lendemain, elles font ce qu'elles veulent", a déploré Philippe Martinez.

"Il faut être plus ferme. Il faut que ce soit notifié", il faut préciser "combien d'emplois, quels investissements, comment vous aidez à la préservation de la planète, un genre d'accord, conclu, écrit noir sur blanc, avec des sanctions, des amendes pour les entreprises qui ne respectent pas, non seulement rendre l'argent mais avoir des amendes", a-t-il détaillé. Depuis la crise sanitaire, "le moins qu'on puisse dire, et l'exemple de Bridgestone en est un admirable, c'est que du point de vue du patronat, rien n'a changé", a-t-il regretté. "Voyez les premiers de corvée comment ils sont remerciés !"

Trop peu d'investissements sur le site, selon FO

Un avis sur les aides publiques partagé par Yves Veyrier, secrétaire général de Force Ouvrière : "On a beaucoup débattu de la question des contreparties aux aides publiques" et Bridgestone "fait partie des entreprises qui savent faire la recherche aux aides publiques et une fois qu'elles ont été absorbées, on va voir ailleurs", a-t-il lancé au micro d'Europe 1.

"Il faut absolument mettre une pression, les moyens, pour maintenir l'activité parce qu'on a vu venir les choses", même si "l'annonce est soudaine", car "depuis longtemps, il y avait insuffisamment d'investissements" sur le site, a continué Yves Veyrier. "Dans l'immédiat", le responsable de FO "pense qu'il faut mettre la direction de l'entreprise autour de la table avec les pouvoirs publics, il faut un discours ferme, mais aussi regarder comment on peut appuyer et les pouvoirs publics doivent y mettre aussi les moyens peut-être nécessaires pour qu'on maintienne l'activité". (avec AFP)

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