Les syndicats de Michelin tournent le dos à leur direction
Inquiète de la baisse d'activité observée depuis plusieurs années dans les sites de Cholet (49), Vannes (56) et Joué-lès-Tours (37), une intersyndicale du groupe Michelin (CFE-CGC, CGT, FO et Sud) interpellait la semaine dernière sa direction. Son objectif était ainsi d'obtenir des réponses aux questions qui restent en suspens. Ce mercredi 16 octobre 2024, cette même intersyndicale a annoncé qu'elle suspendait sa participation à toute réunion avec sa hiérarchie.
Un manque de transparence selon les syndicats
"Devant l'absence de transparence de l'entreprise, l'intersyndicale a décidé de suspendre, à compter de jeudi toute participation de nos organisations syndicales à des réunions officielles et non officielles (groupes de travail, etc.)", dit-elle dans un communiqué diffusé à l'issue d'un comité social et économique central (CSEC). "Nous ne pouvons plus continuer de participer à un simulacre de dialogue social", poursuit-elle.
Michelin "comprend l'inquiétude exprimée par les salariés des sites et les organisations syndicales", souligne l'entreprise dans une réponse écrite. "C'est la raison pour laquelle, le groupe examine avec beaucoup d'attention les demandes du CSEC et des organisations syndicales et continue d'étudier des solutions pour maintenir le dialogue social, cher à Michelin", précise-t-elle.
Sollicitée, la direction du groupe n'était pas en mesure de réagir dans l'immédiat. "Nous attendons que Michelin revienne avec des réponses sur l'avenir de ces sites et une vision pour les salariés", a déclaré à l'AFP Romain Baciak, délégué syndical central de la CGT.
Michelin a proposé une réunion "pour la semaine prochaine"
Lors du CSEC de mercredi, l'entreprise a proposé une réunion entre les délégués syndicaux centraux, le secrétaire du CSEC et les directeurs industriels Europe "pour la semaine prochaine", précise l'intersyndicale. Mais "cette proposition ne répond pas à nos attentes car elle reporte encore à une date ultérieure sans avoir de garanties de réponses précises à nos demandes. C'est indigne d'une entreprise qui fait de l'attention aux personnes l'un de ses piliers", ajoute-t-elle.
"Derrière ces demandes, se trouvent des salariés en détresse. Des salariés qui, pour certains, ont besoin d'un psychologue tellement cette période de silence est difficile à vivre. Est-ce cela l'innovation sociale voulue par Michelin ?", interroge-t-elle. La CFDT, qui ne fait pas partie de l'intersyndicale, a de son côté indiqué dans un communiqué qu'elle avait "décidé de participer au boycott de toutes les instances ou réunions sur ces trois sites", réclamant "des positions claires sur l'avenir de ces trois sites".
En parallèle, certaines usines françaises de Michelin qui fabriquent des pneus spécialisés (génie civil et pneus agricoles), dont Le Puy-en-Velay (43) ou Troyes (10) vont être mises à l'arrêt pendant quelques semaines à cause de la baisse du marché mondial dans le secteur. (Avec AFP)