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Manufacturiers

L'interview WhatsApp de… Judith Sautereau (Goodyear)

Publié le 4 août 2025

Par Romain Baly
4 min de lecture
Nommée fin 2024 à la tête de la communication de Goodyear pour toute l’Europe du Sud, Judith Sautereau porte en elle une histoire aussi riche que précieuse. De son enfance à son parcours, elle qui se décrit comme une pile électrique a vécu mille et une vies. Avec la passion de son métier chevillée au corps.
Judith Sautereau, responsable de la communication Europe du Sud de Goodyear.

Bonjour Judith ! Merci d’avoir accepté cette invitation. Vous êtes à l’aise avec l’exercice de l’interview ?

Bonjour Romain. Non, pas vraiment. Je suis plutôt dans l’ombre.

Avant de parler de votre parcours, évoquons votre enfance… Est-ce que les mots "captivant" et "exaltant" caractérisent bien cette période de votre vie ?

Oui, plutôt. J’ai eu de la chance de grandir entourée de personnes assez fascinantes, inspirantes, qui ont forgé mon caractère et cultivé ma curiosité.

Côtoyer des personnalités publiques, des intellectuels, de grands journalistes vous a ouvert l’esprit ?

Absolument, et même si, à 7 ou 8 ans, on ne comprend pas forcément tout, les entendre échanger leurs points de vue ou leurs expériences permet d’entraîner son esprit. Ce qui m’amusait à l’époque, c’était de voir que des gens plutôt orientés à gauche pouvaient avoir des discussions ouvertes et constructives avec d’autres plutôt engagés à droite ou au centre. Et j’avoue que ce type de discussions fait cruellement défaut à notre époque. Au final, ça ouvre l’esprit, ça ouvre aussi sur le monde en général et je crois que c’est ce qui m’a donné le goût de mon métier.

Paradoxalement, vous avez eu un parcours scolaire pas vraiment linéaire. Détachée de vos études de droit en France mais terriblement concernée par votre cursus aux États-Unis, avez-vous ressenti une réelle différence dans l’approche de l’enseignement entre ces deux pays ?

Je n’ai jamais été très scolaire en France. Je trouvais le parcours un peu trop étriqué à mon goût. Comme je suis curieuse, je voulais découvrir de nouveaux sujets, de nouvelles idées et, aux États-Unis, l’université le permet. On peut choisir une matière principale (la communication dans mon cas) et ensuite en prendre d’autres. J’ai donc suivi des cours aussi variés que la psychologie, l’analyse de l’impact de la mythologie sur les sociétés modernes, les sciences politiques ou l’informatique, en 1996, avec les débuts d’ICQ, d’internet et des mails. Cela a aussi participé à me forger un esprit d’analyse. Et puis, un campus dans Boston était le cadre idéal pour apprendre l’anglais.

En revenant de Boston, vous faites une école de commerce, que vous arrêtez en cours de route parce que Ralph Lauren vous propose un poste. Coup de folie ou opportunité qui ne se refuse pas ?

Une opportunité, clairement ! J’ai toujours préféré l’action ! Bon, après j’ai mis 25 ans à avoir un master 2, mais je ne regrette pas un seul jour.

La suite va vous mener dans des agences, dont une en particulier où vous allez rester six ans, Ketchum. Votre recruteur a préféré discuter avec vous plutôt que de regarder votre CV. N’est-ce pas là le meilleur des entretiens ?

Oui, c’est aussi une déformation professionnelle, je pense. Savoir créer du lien, identifier un sujet commun et finalement trouver ce qui nous rapproche. Un peu comme dans mon enfance avec tous ces gens qui cherchaient leurs points communs plutôt que leurs différences.

Durant ces années, vous allez vous marier, devenir mère, grandir en somme. Et pourtant vous avez préféré quitter une bonne situation pour suivre vos envies. Une question de personnalité ?

Certainement, j’ai un côté impulsif, hyperactif, donc parfois j’ai besoin de me bousculer et de changer mes habitudes. C’est une question de cycles.

S’écouter et ne pas avoir peur, c’est important pour vous ?

On m’a dit dans un de mes précédents postes que j’avais souvent de bonnes intuitions, et finalement, ça se cultive. Ça permet de se dépasser, et ce n’est pas tant de ne pas avoir peur que d’avoir confiance dans son intuition. Un peu comme sauter d’un plongeoir la première fois, ou conduire seule après avoir eu son permis… Ça fait peur, mais si on connaît son sujet, il faut savoir se faire confiance.

Après différentes étapes, votre carrière va vous mener chez Disney pendant six ans. Une expérience que vous qualifiez d’exaltante. Pourquoi ?

L’équipe était incroyable, les sujets passionnants et plus complexes que l’on peut imaginer. Et puis, vivre le lancement d’une nouvelle plateforme – Disney+ – en pleine crise de la Covid, avec tout ce que cela implique, c’était top ! Quand on est une fan de pop culture, c’est franchement assez magique.

Mais finalement, vous avez décidé de partir parce que, dites-vous, il n’y avait plus de limites. La passion avait pris le pas sur la raison ?

Pas seulement. Je sentais aussi que c’était la fin d’un cycle. J’avais envie de voir autre chose, de découvrir de nouveaux secteurs, de nouveaux sujets, et aussi de me ressourcer, j’en avais besoin. Le rythme était intense, et d’ailleurs, une anecdote : je n’ai pas regardé de films ou de séries pendant quatre mois ensuite, préférant lire.

En 2024, vous avez rejoint Goodyear et le pneu. Un univers qui vous était inconnu. Qu’est-ce qui a motivé votre arrivée ?

La curiosité ? J’ai travaillé pour des entreprises IT qui proposaient des solutions pour l’industrie, notamment l’automobile, et j’avais envie de ne pas faire que du service, mais aussi de comprendre comment on fabrique un objet, comment on réfléchit à sa conception, l’impact qu’il a dans notre quotidien. Ainsi, j’ai appris en arrivant chez Goodyear qu’un pneumatique était bien plus qu’un produit noir et rond. Comme dans la cuisine (une de mes passions), il y a de nombreuses étapes pour le créer, et de nombreuses recettes. Sans compter que le poste est aussi une combinaison de tout ce que j’ai fait avant, avec de la com interne, externe, un peu de réseaux sociaux, de la coordination avec cinq pays à gérer, etc. Bref, mon hyperactivité alliée à ma curiosité a repris le dessus…

Quand on est tombé dans la marmite d’un métier, celui des relations presse en l’occurrence, très jeune, s’imagine-t-on faire autre chose ?

Je n’y ai jamais vraiment réfléchi. Ça s’est fait comme ça et, finalement, ce métier me correspond parfaitement. Créer une maison d’hôtes, monter un food truck, faire du freelance… Mais en fait, je reviens toujours à la com. Je suis née dedans, même si j’adore vraiment cuisiner et recevoir ! Et puis ma maman n’est plus là depuis plus de 20 ans, donc c’est aussi un moyen de lui rendre hommage un peu tous les jours. Pour la cuisine, car elle était excellente cuisinière, mais aussi pour l’amour du métier.

Merci, Judith. Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

J’ai hâte de découvrir les courses autos, motos et camions. Il paraît que c’est incroyable. Ou peut-être juste de continuer ma carrière en gardant ma curiosité et mon envie d’apprendre ? Et enfin de transmettre, montrer que finalement rien ne change vraiment, ça va juste beaucoup plus vite.

 

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°190 de mai-juin 2025.

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