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Manufacturiers

L'usine Michelin de Troyes souffle ses 60 bougies et prépare l'avenir

Publié le 14 juin 2023

Par Louis Choiset
3 min de lecture
À l'heure de fêter son soixantième anniversaire, l'usine auboise de Michelin, spécialisée dans les pneus agricoles, affiche ses ambitions. À l'avenir, le site espère consolider sa performance globale et conforter sa place dans la stratégie industrielle du groupe en Europe.
L'usine Michelin de Troyes emploie aujourd'hui 760 salariés. ©Michelin

En ce matin du 12 juin 2023, c'est avec l'esprit léger que les salariés déambulent au milieu des ateliers de l'usine Michelin de Troyes (10). Boules quies dans les oreilles et sûrement les festivités de la veille en tête. En effet, à l'occasion des 60 ans de l'usine auboise, ces derniers ont pu célébrer cet anniversaire, sur le site en compagnie de leurs familles. Née en 1963, à la suite de la volonté de Kleber de développer son activité, l'usine est rachetée avec ses 1 200 employés par Michelin en 1981. Ce n'est qu'en 2012 que le site Kleber prend les couleurs et le nom de Bibendum.

Aujourd'hui, le site compte 760 salariés. Il exporte 85 % de sa production, notamment en Europe (66 %) et en Amérique du Nord (29 %). Parmi ses clients, des constructeurs majeurs tels que les groupes CNH (Case, Steyr, New Holland) et AGCO (Fendt, Challenger, Massey-Ferguson, Valtra) ou encore John Deere et Claas.

Les ambitions de demain

Après avoir rendu hommage au passé, la question de l'avenir se dresse sur la table. Les enjeux sont forts et particulièrement autour de l'agriculture. C'est ce qu'explique Manuel Montana, membre du comité exécutif et directeur business spécialités du groupe. "Dans les années à venir, il va falloir nourrir un milliard de personnes en plus sans agrandir la planète. Il est évident que le monde agricole devra se développer pour répondre à cet enjeu". 

Pour apporter sa pierre à l'édifice, Michelin mise fortement sur son usine troyenne. Depuis 2021, une enveloppe de 80 millions lui est dédiée avec des investissements jusqu'en 2026. Cet apport financier est le symbole d'un projet ambitieux qui s'articule autour de deux priorités. La première consiste à fabriquer les gammes de pneus de demain à des coûts compétitifs. Avec dans le viseur des marchés plus rémunérateurs, notamment celui des tracteurs à forte puissance.

La seconde porte sur l'amélioration de l'attractivité avec comme ligne de conduite une meilleure qualité de vie au travail pour les salariés. "Remplir cet objectif et améliorer la qualité de vie au travail de nos salariés passe notamment par le développement des machines pour lutter contre la pénibilité au travail", annonce Petar Nikolic, directeur du site.

L'usine dans le Cosmos

Le site aubois travaille aujourd'hui sur son projet phare : le projet Cosmos. Il s'agit d'une machine d'assemblage de pneus agricoles innovante, plus performante et plus ergonomique. Codéveloppée par une équipe pluridisciplinaire réunissant des ergonomes, des ingénieurs, des développeurs produits, des techniciens et des opérateurs de production du site, le premier prototype devrait être achevé en décembre 2023.

A lire aussi : Le futur de Michelin s'écrit à Cuneo

"Il faut marquer un point d’étape. L'industrie n’est pas figée, elle évolue. On constate ces transformations, il faut les suivre", déclare Pierre-Louis Dubourdeau, directeur industriel du groupe Michelin. En 2022, le site inaugurait ses premiers robots dans le but de supprimer les tâches pénibles et à faible valeur ajoutée au sein des ateliers. Un projet de mise en place de chariots automatisés verra également le jour en 2024.

La neutralité carbone en 2050

Depuis 2020, le site de Troyes ambitionne aussi d'atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Un objectif conforme à ceux du groupe Michelin. L'usine vise donc à réduire de moitié ses émissions d'ici 2030 et améliorer annuellement son efficacité énergétique de 2 %.

Cette démarche repose sur plusieurs actions clés. Tout d'abord, une sensibilisation accrue des salariés de l'usine. Mais aussi une meilleure isolation des machines et des bâtiments. La maintenance et le pilotage quotidiens sont, quant à eux, effectués avec rigueur afin de garantir une utilisation optimale des ressources. De plus, la digitalisation occupe une place importante, permettant de mesurer rapidement les résultats des actions mises en œuvre et d'ajuster les stratégies en conséquence.

Deux leviers techniques complémentaires

Afin d'atteindre les objectifs de décarbonation fixés par le groupe d'ici 2030, le site étudie actuellement deux leviers techniques complémentaires. Tout d'abord, la refonte du système de chauffage est envisagée, ce qui permettrait de réduire considérablement les émissions de CO₂. Par ailleurs, le développement de l'électrification pour certains procédés industriels est également à l'étude. De quoi offrir des solutions alternatives plus respectueuses de l'environnement.

Une étape importante a déjà été franchie avec la mise en place de l'Unité de Valorisation Énergétique par l'entreprise Valaubia en 2021. Celle-ci fournit déjà 50 % des besoins en vapeur décarbonée, contribuant ainsi à la réduction des émissions. En parallèle, une meilleure gestion de l'eau s'avère être une priorité environnementale pour l'usine de Troyes. Grâce à différents projets de modernisation, à l'évolution des procédés et à la mise en place de circuits fermés, une diminution significative de la consommation d'eau du site est prévue d'ici fin 2024.

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