Michelin, un fleuron tricolore qui s'effrite
Les chiffres ne disent pas tout mais ils donnent souvent une première mesure de la situation. Ainsi, les 2 300 emplois que Michelin souhaite voir disparaitre d'ici trois ans viennent s'ajouter à de nombreux autres. A coup de réorganisations et de fermetures d'usines, l'empreinte française du groupe, attaché à l'Auvergne depuis sa création en 1889, a fondu à moins de 21 000 salariés sur le territoire national, dont environ la moitié dans son bastion historique. En huit ans, près de 2 700 équivalents temps plein ont déjà disparu dans l'Hexagone. Ce nombre prend en compte les salariés d'Euromaster, le distributeur de pneumatiques contrôlé par Michelin.
Des sites dans 17 pays
En 2019, le fabricant comptait 127 187 salariés dans le monde selon son document de référence annuel, dont 69 853 en Europe. "Avec plus de 20 585 équivalents temps plein, la France représente 17 % des effectifs du groupe", précise le document, contre 22 % en 2013. La France compte aujourd'hui un total de 15 sites Michelin, dont 10 de production sur les 69 usines disséminés dans 17 pays que compte l'équipementier automobile. Qu'en sera-t-il dans trois ans lorsque le "plan de compétitivité" dévoilé mercredi aura abouti ?
Le groupe français, qui a récemment supprimé déjà près de 1 500 postes, notamment à son siège de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et fermé son usine de La Roche-sur-Yon (Vendée), prévoit désormais de tailler plus de 10 % de ses effectifs dans l'ensemble de ses sites français. Année après année, la présence du groupe s'est affirmée dans le reste du monde, tandis qu'elle a eu tendance en Europe à se déplacer à l'Est après des sites fermés ou en voie de l'être au Royaume-Uni, Italie et Allemagne et particulièrement en France.
En 1999, 7 500 postes avaient été supprimés
En 2020, Michelin, qui a accepté de diminuer son dividende au plus fort de la pandémie au printemps, a pourtant distribué près de 360 millions d'euros à ses actionnaires. Juste avant le début de la crise sanitaire et économique, il avait également vu son bénéfice net 2019 progresser de 4,2 % à 1,73 milliard d'euros.
En 1999, Michelin avait déjà effectué une coupe historique de 7 500 postes en Europe, notamment à l'usine de Noyelles-lès-Seclin (Nord), qui finira par fermer en 2009. Les sites de Poitiers (2006), Toul (2008), Joué-lès-Tours (2014) ont aussi mis la clé sous la porte. Pour baisser ses coûts de production, le groupe, qui mise sur les pneumatiques haut de gamme, agricoles, industriels, ou de compétition, a fermé une dizaine de sites en Europe au cours de la dernière décennie.