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Manufacturiers

Michelin va investir dans une usine test produisant un substitut du pétrole

Publié le 26 mai 2025

Par Romain Baly
2 min de lecture
Le groupe Michelin va consacrer 60 millions d'euros à la construction d'une unité de production test dédiée au développement de la molécule 5-HMF. Ce dérivé du fructose pourrait remplacer plusieurs composés des pneumatiques fabriqués à base de pétrole.
Avec une capacité annuelle de 3 000 tonnes, la future usine test sera "le plus gros site de production de cette molécule à l'échelle mondiale", affirme Michelin. ©Oriane-Dambrune-Design

La course au pneu vert, et par répercussion à la chimie verte, se poursuit. Alors que Michelin partage avec ses confrères l'ambition de produire d'ici 2050 des enveloppes 100 % durables, le groupe français a concrétisé plusieurs projets pour y arriver. Début 2024, il a inauguré à Bassens (Gironde) le premier démonstrateur industriel au monde permettant de produire du butadiène biosourcé. En parallèle, il a créé une première usine de recyclage de pneus, à Uddevalla (Suède), avec Antin et Enviro.

Aujourd'hui, Michelin pose une nouvelle brique dans sa quête de pneus verts. Le clermontois a annoncé un investissement de 60 millions d'euros à Péage-en-Roussillon (Isère) pour construire une usine test produisant une "molécule plateforme" dérivée du fructose susceptible de remplacer des composés dérivés du pétrole dans de nombreuses applications industrielles.

Un site opérationnel "courant 2026"

Le démonstrateur, qui devrait entrer en service "courant 2026", aura une capacité annuelle de 3 000 tonnes de cette molécule appelée 5-HMF. Cela en fera "le plus gros site de production de cette molécule à l'échelle mondiale", affirme le fabricant dans un communiqué. Le 5-HMF (abréviation de 5-hydroxyméthylfurfural) est un monomère, c'est-à-dire que cette "molécule plateforme" constitue une brique élémentaire entrant dans la construction d'autres molécules, plus grosses.

Issu du fructose, un sucre naturel, ce composé biosourcé peut remplacer des composés chimiques originaires de produits fossiles comme le pétrole, avec un large potentiel d'applications industrielles. Il permet donc de produire des résines "non toxiques" utilisables dans les peintures, colles ou biocarburants, souligne Michelin.

Approvisionnement européen

"Des molécules telles que le résorcinol, le formaldéhyde, le bisphénol ou les isocyanates" font l'objet "de règlementations de plus en plus strictes. On observe un besoin de substituts de la part de nos clients qui souhaitent préparer l'avenir. Nous sommes très engagés dans cette voie" avait indiqué en septembre 2024 au magazine L'Usine Nouvelle Laurent Lemonnier, directeur général de ResiCare, filiale à 100 % de Michelin qui fabrique des résines adhésives à partir du 5-HMF.

Michelin envisage de s'approvisionner en fructose, dérivé de la production de maïs ou de blé "à l'intérieur des frontières de l'Europe", selon Laurent Lemonnier. Ce marché "est aujourd'hui naissant car la molécule est produite en très petite quantité en Asie et reste inabordable pour des usages industriels", fait valoir Michelin.

Un réseau d'usines sous licence

L'industriel table sur un marché potentiel de "plus de 40 000 tonnes" d'ici 2030 et prévoit de développer un système de licences pour générer la construction d'usines. L'usine test, qui a reçu des subventions publiques de l'Ademe et de l'Union européenne, devrait permettre la création d'une trentaine d'emplois.

Les leaders en pointe sur l'innovation en matière de chimie du végétal en France sont souvent issus ou liés au monde agricole comme Avril, Roquette ou Tereos, mais comptent aussi des start-up comme Carbios ou Fermentalg. Le chimiste Arkema produit pour sa part un monomère biosourcé, le Rilsan, qui permet la fabrication de plastique biosourcé (polyamide 11) à partir d'huile de ricin. (Avec AFP)

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