Pneus défectueux : une double mise en examen pour Goodyear

L'affaire des pneus défectueux de Goodyear prend un nouveau virage. Dans le cadre d'une enquête où le géant du pneu est soupçonné d'avoir dissimulé les défauts de certains modèles équipant des camions, à l'origine d'accidents mortels, des représentants du groupe ont été reçus ces 12 et 13 mai, à Besançon (Doubs), par le juge d’instruction Marc Monnier.
Ces auditions ont débouché sur la mise en examen des entités Goodyear Opérations, basée au Luxembourg et producteur des pneus incriminés, et de Goodyear France, distributeur de ces mêmes pneus, pour "pratique commerciale trompeuse", "tromperie sur la qualité substantielle de la marchandise", et pour un fait d'"homicide involontaire", a indiqué le parquet de Besançon dans un communiqué. Les chefs de tromperie sont passibles d'une amende pouvant monter "jusqu'à 10% du chiffre d'affaires" de l'entreprise, selon une source judiciaire.
"Goodyear France confirme avoir été informé de sa mise en examen pour certains chefs d'accusation ainsi que de son placement sous le statut de témoin assisté pour d'autres, dans le cadre d'une instruction en cours, en lien avec certains accidents de la circulation de véhicules poids lourds datant de 2014 et 2016", a indiqué une porte-parole de la multinationale américaine à l'AFP. "Goodyear France apportera sa pleine coopération dans le cadre de cette instruction", a précisé la firme.
"Les deux sociétés contestent les faits qui leur sont reprochés. L'information judiciaire se poursuit", a écrit dans le communiqué Margaret Parietti, procureure de la République de Besançon par intérim.
Une affaire longtemps silencieuse
Pour rappel, l'enquête - relancée grâce à la ténacité de Sophie Rollet, veuve d’un chauffeur décédé sur l’A36 - porte sur trois dossiers de collisions mortelles impliquant des poids lourds équipés de pneus Goodyear dans la Somme, le Doubs et les Yvelines, en 2014 et 2016, qui ont fait quatre morts au total. D'après les investigations, plusieurs accidents ont été provoqués par l'éclatement du pneu avant gauche des camions, des pneus Goodyear Marathon LHS II ou Marathon LHS II+, faisant perdre le contrôle du véhicule aux chauffeurs.
Il est reproché au géant américain d'avoir eu connaissance d'un défaut de fabrication de ces modèles, mais de ne pas en avoir averti ses clients. A partir de 2013, Goodyear a mis en place des "programmes volontaires d'échange", ce qui lui a permis de récupérer environ 50 % des équipements incriminés. (Avec AFP)