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Marché

Automobile : l'emploi progresse, les candidats manquent à l'appel

Publié le 16 septembre 2025

Par Charlotte Morvan
3 min de lecture
La dynamique de l'emploi reste solide dans les services automobiles, mais le secteur peine à attirer des profils. Le dernier baromètre ISM-MAAF met en évidence un déséquilibre croissant entre les besoins des entreprises et la disponibilité des candidats.
L'emploi salarié et les établissements de réparation automobile progressent fortement, mais la pénurie de candidats rend l'activité de plus en plus difficile. ©AdobeStock_littlewolf1989

Le secteur automobile poursuit sa croissance, porté par l'essor du nombre d'établissements et d'emplois salariés. Mais cette dynamique se heurte à une difficulté persistante : la pénurie de main-d'œuvre. C'est le constat dressé par le baromètre ISM-MAAF 2025, publié début septembre, mettant en lumière un paradoxe bien connu des professionnels : malgré la création de postes, les ateliers peinent à recruter et voient leur activité freinée.

Depuis 2019, les services automobiles, regroupant entretien, réparation, carrosserie, contrôle techniques et motocycles, affichent une progression constante. Le nombre d'établissements employeurs a progressé de 10 %, pour dépasser 42 000 fin 2024. L'emploi salarié suit la même tendance, avec une hausse de 14 % en cinq ans, soit plus de 156 000 postes créés ou consolidés.

Cette progression traduit le rôle essentiel des ateliers dans les territoires. Dans des régions comme l'Occitanie ou le Grand Est, la croissance dépasse même la moyenne nationale. Fortes hausses en Corse ou en Guyane, mais recul récent en Martinique.

"Alors que l'emploi artisanal reste solide après le rebond post-covid, les entreprises font face à des tensions croissantes pour recruter. Une situation marquée par une hausse de 46 % des offres d'emploi depuis 2019, et une baisse du nombre de candidats", rappelle Anne-Sophie Prissé, directrice marketing et communication de MAAF.

Un écart qui se creuse entre besoins et candidats

Cette vitalité se retrouve dans le marché du recrutement. En 2024, près de 39 000 offres d'emploi pour des mécaniciens automobiles ont été publiées, soit 45 % de plus qu'en 2019. Certaines régions connaissent une hausse spectaculaire : + 88 % en Bretagne, + 82 % à La Réunion. Ces chiffres montrent l'ampleur des besoins exprimés par les ateliers, qui cherchent à embaucher pour suivre la demande croissante des automobilistes.

Mais le vivier de main-d'œuvre se réduit. Sur la même période, le nombre de demandeurs d'emploi mécaniciens est passé de 35 280 à 32 810, soit une baisse de 7 %. Plusieurs régions enregistrent des chutes encore plus marquées : - 11 % en Bretagne, - 12 % en Centre-Val de Loire et jusqu'à – 18 % en Martinique. Seule l'Île-de-France résiste, avec un niveau de candidats stable, tandis que l'Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine connaissent un léger regain depuis 2022.

Ce décalage entre besoins et candidats créé une tension durable sur le marché de l'emploi. Les entreprises multiplient les annonces mais peinent à trouver des profils qualifiés. Dans certains territoires, la pénurie devient structurelle et ralentit même l'activité des ateliers, incapables d'absorber toute la demande.

Les tensions de recrutement atteignent un pic

Les difficultés sont plus visibles dans la carrosserie. Selon l'enquête BMO (Besoin en Main-d'œuvre), plus de huit recrutements sur dix y sont jugés difficiles au niveau national. Si la tension recule légèrement en 2025 (80,8 % contre 85,8 % en 2024), certaines régions restent en extrême difficulté : 100 % de recrutements compliqués en Corse et à Mayotte, et plus de 95 % en Pays de la Loire.

Cette situation traduit un manque d'attractivité. Les métiers de la tôlerie, de la peinture ou du vitrage souffrent d'une image moins valorisée auprès des jeunes, alors qu'ils offrent de vraies perspectives d'emploi et d'évolution. Faute de candidats, les délais de réparation s'allongent, ce qui accentue la pression sur les équipes déjà en place et peut parfois détériorer la relation client.

"Globalement, la plupart des grands secteurs de l'artisanat ont des difficultés à pourvoir leurs emplois. Il est aujourd'hui plus difficile de recruter dans ces métiers "essentiels" que dans les métiers du commerce, de la gestion-administration, les métiers de cadres-ingénieurs ou du transport-logistique", souligne Catherine Elie, directrice des études à l'ISM.

Le baromètre ISM-MAAF 2025 confirme un paradoxe : le secteur créé de l'emploi, mais ne parvient pas à le pourvoir. Le vieillissement du parc automobile et l'essor des motorisations hybrides et électriques multiplient les besoins techniques. L'emploi est là, les opportunités aussi, mais il manque encore trop de bras pour que le secteur fonctionne à plein régime.

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