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Marché

Des professionnels dans l'attente

Publié le 23 mars 2020

Par Romain Baly
3 min de lecture
La crise sanitaire qui touche actuellement la France est une mauvaise nouvelle pour les réseaux et leurs chefs d'entreprise. Après deux derniers exercices décevants, tous se montrent vigilants et espèrent que les aides promises par l’État arriveront rapidement.
Dans les ateliers, les pièces détachées commencent à manquer.

La pandémie de coronavirus et les mesures de confinement prises pour tenter d'enrayer sa propagation constituent une mauvaise nouvelle pour toute l'économie française et particulièrement pour les professionnels du pneumatique. La crise des Gilets Jaunes en 2018 et les mouvements sociaux fin 2019 avaient déjà plombé le marché. Ses représentants espéraient entrevoir une petite éclaircie en 2020. Las, la crise sanitaire actuelle risque de les pénaliser pour un bon moment. Libre de continuité à exercer, les réseaux ont toutefois adopté différentes stratégies.

Norauto a ainsi fait le choix dès dimanche 15 mars de fermer l'ensemble de son réseau. Une décision valable pour les succursales et les franchisés "jusqu'à nouvel ordre" alors que certains centres ont rouvert ces dernières heures pour accueillir notamment les professionnels de santé. Le réseau Siligom adopte quant à lui une autre stratégie. "Nous avons laissé nos adhérents choisir s'ils ouvraient ou s'ils restaient fermés, précise Olivier Pasini, directeur général de l'enseigne. La situation est variable d'une région à une autre et nous estimons que cette décision doit être analysée localement". Adhérent Siligom à Anglet, dans les Pyrénées-Atlantiques, José Da Silva poursuit son activité "pour gérer les urgences" avant de fermer notamment "par manque de pièces".

Un service minimum difficile à maintenir

Gérante d'un centre Midas à Tavers, dans le Loiret, Christelle Millot a quant à elle décidé de fermer son point de vente mardi dernier, dès le début du confinement. "Nous avons ouvert en début de semaine pour gérer les urgences et permettre à nos clients de récupérer leur véhicule", indique-t-elle. Là-encore, le réseau a laissé ses membres libre de leur choix. "C'est mon mari et moi-même qui avons pris cette décision. Il est de notre responsabilité de ne pas mettre en danger nos employés et nos clients mais aussi de participer à l'effort national", ajoute la gérante.

 

"Si l'Etat réagit vite, l'impact sera limité. Sinon…"

 

Patron d'une quinzaine de centres Point S et Norauto dans le Haut-Rhin, une zone particulièrement touchée par le Covid-19, Fabien Rosenblatt a très tôt réorganisé son groupe. "Une semaine avant le confinement national, nous avons fermé tous nos sites pour n'en laisser qu'un seul d'ouvert. Celui-ci nous permet de rendre les derniers véhicules mais aussi de gérer les dépannages car beaucoup d'automobilistes ont encore besoin de se déplacer, essentiellement pour des raisons professionnelles, malgré les mesures de confinement." Comme pour son compère basque, le chef d'entreprise craint de ne pas pouvoir assurer ce service minimum encore longtemps, faute de stock suffisant.

Des trésoreries en souffrance

Pour les uns comme pour les autres, l'heure n'est toutefois pas à l'inquiétude. "Nos chefs d'entreprise font preuve de sang-froid, confirme Olivier Pasini. Ils sont en attente d'un soutien qu'on leur donne depuis le siège en leur communiquant le cadre légal, les dispositions à prendre s'ils restent ouvert et en leur envoyant quotidiennement une note d'information". "Notre tête de réseau est là pour nous soutenir mais pour le moment il n'y a pas lieu de s'affoler", juge Christelle Millot qui explique avoir la trésorerie pour "tenir jusqu'au 15 avril. Après, on avisera".

José Da Silva juge pouvoir tenir "deux à trois mois" et s'estime plus chanceux que d'autres étant propriétaire de son établissement. "Nous n'avons pas de lourdes traites à assumer chaque mois contrairement à certains confrères et amis…" Fabien Rosenblatt estime quant à lui avoir "deux mois de trésorerie" d'avance pour gérer la situation mais le dirigeant pense que l'équilibre économique du secteur se joue ailleurs. "Tout l'enjeu porte sur la réactivité des aides promises par le Gouvernement. Si l'Etat réagit vite, l'impact sera limité. Sinon…" Telle est la grande inconnue du moment pour tous ces professionnels.

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