Edouard Philippe annonce un plan de déconfinement "progressif et régional"
Le retour à une vie normale n'est pas pour demain. Sur un ton solennel, Edouard Philippe a tenu à souligner, ce mardi 28 avril 2020 devant les députés, que nous allons "devoir vivre avec le virus car aucun vaccin n’est disponible, aucun traitement n’a fourni ses preuves et nous ne sommes pas assez immunisés. Nous allons devoir apprendre à nous en protéger". Dans l'hémicycle, le Premier ministre a détaillé les lignes directrices du plan de déconfinement qui dictera les retours à la vie sociale et à l'activité économique des Français. Des lignes directrices qui devront être adaptées localement par les Préfets et bien sûr les maires.
Une situation réévaluée toutes les 3 semaines
Deux grands principes vont régir ce déconfinement ou tout au moins le relâchement dans les restrictions de circulation. Si la date du 11 mai est bel et bien conservée, la notion de progressivité est le mot d'ordre. "La période de déconfinement a permis d'éviter près de 60 000 décès et de ralentir la progression du virus en France. Notre système hospitalier a tenu mais au prix d'une fatigue incroyable des femmes et des hommes de notre système de soins et au prix d'une consommation de médicaments jamais vue. Le risque d'une seconde vague qui viendrait frapper le système de santé est un risque qu'il faut prendre au sérieux", a précisé le Premier ministre.
Toutes les trois semaines, à compter de maintenant, le nombre de nouveaux cas d'hospitalisation et d'entrée en réanimation seront ainsi scrutés et si les indicateurs de santé ne sont pas au rendez-vous, le déconfinement sera retardé. "Les incertitudes doivent inciter tous les Français à la plus grande discipline face au risque de relâchement que nous sentons dans le pays", a-t-il ajouté. Ainsi, un premier bilan sera dressé le 2 juin 2020 et une nouvelle phase d'observation se déroulera entre cette date et le début de l'été. A chaque fois, les grandes règles du déconfinement seront remises dans la balance.
Une carte de France sur la circulation du virus
Depuis le début de l'épidémie, les territoires français ne sont pas logés à la même enseigne quant à la circulation du virus dans la population. Trois ensembles de critères seront donc pris en compte pour chaque département et permettront de lever ou resserrer le déconfinement : un nombre de nouveaux cas élevé, des capacités hospitalières en tension, un système de tests ou de détection de la chaîne de contamination qui n'est pas opérationnel. Ces trois indicateurs se traduiront en une carte de France à deux couleurs (rouge pour une circulation intense du virus ou vert). Cette carte sera présentée aux Français chaque jour.
Ces décisions étaient déjà connues, mais le Premier ministre a rappelé les grands principes du déconfinement : le port du masque sera rendu obligatoire dans les transports en commun, pour les élèves à compter du collège, dans les entreprises et dès qu'une distance d'un mètre entre les individus ne peut être respectée. A compter de ce jour, 50 % des masques qui seront commandés, seront pris en charge par l'Etat selon des modalités et un coût qui reste à définir. Mais un appui spécifique sera accordé aux TPE et aux indépendants avec la création d'une plateforme d'e-commerce par la Poste à compter de la fin du mois d'avril 2020.
700 000 tests par semaine à compter du 11 mai
Les tests seront également généralisés. Le gouvernement prévoit la réalisation de 700 000 tests par semaine dès le 11 mai. Dès qu'un Français aura été testé positif au Covid-19, toutes les personnes qui auront été en contact seront également testées et mises en isolement à domicile ou dans un hôtel réquisitionné. "Les médecins libéraux seront en première ligne. L’assurance maladie appuiera cette démarche. Des brigades dans chaque département appelleront les cas contacts et s’assureront des tests et du confinement. L’objectif final de cette politique de tests doit permettre de casser les chaînes de transmission", a précisé Edouard Philippe. L'application de géolocalisation Stop-Covid, qui n'est pas encore prête à ce jour, fera l'objet d'un débat public et d'un vote ultérieur à l'Assemblée nationale.
Maintien du chômage partiel jusqu'au 1er juin
Les commerces sont autorisés à ouvrir à nouveau à compter du 11 mai, exception faite des bars, cafés, restaurants, musées de grande capacité, salles de spectacle et centres commerciaux de plus de 40 000 m2. "Il faut réorganiser la vie au travail, mais le télétravail doit être maintenu au moins pendant les trois premières semaines du déconfinement (NDLR, soit jusqu'au 2 juin) pour limiter le recours aux transports publics" a précisé le Premier ministre. Dans le cas où le télétravail n'est pas possible, des horaires décalés doivent être aménagés afin que tous les salariés ne soient pas présents en même temps. 33 guides métiers sont disponibles, permettant de détailler les mesures sanitaires. IRP Auto a d'ailleurs publié celui dédié aux métiers des services de l'automobile. Mais il en manque aujourd'hui 27 afin de couvrir l'ensemble des activités.
Par ailleurs, Edouard Philippe a confirmé le maintien du dispositif du chômage partiel jusqu'au 1er juin. Une adaptation sera envisagée ensuite au cas par cas.
Les attestations de circulation ne seront plus obligatoires pour se déplacer mais entre régions, le déconfinement prend la forme d'un régime de "liberté avec exception" selon la formule employée par le Premier ministre. Ainsi l'attestation de déplacement sera toujours obligatoire pour tous les déplacements à 100 km de son domicile.