Marché du pneu : les Français surfent en ligne mais achètent en atelier

Avec l'étude Gipa 2025, conduite par le Syndicat du Pneu, un constat clair se dessine : jamais les automobilistes n'ont eu autant recours au web pour préparer leur achat, mais jamais non plus ils n'ont autant confirmé leur fidélité aux garages pour finaliser la transaction.
Lors de leur dernier changement de pneus, près d'un automobiliste sur deux (43 %) s'est informé sur internet, contre seulement 7 % qui se sont tournés vers la presse spécialisée. Les plus jeunes (18-24 ans) sont les plus connectés : 69 % ont effectué une recherche en ligne avant l'achat. De l'autre côté, seuls 28 % des plus de 65 ans adoptent ce réflexe, préférant le conseil en atelier.
Ce renseignement en ligne ne signifie pas que l'acte d'achat se fait majoritairement sur internet. Au contraire : environ 63 % des automobilistes continuent de passer par un point de vente physique (garage, concession ou centre auto). Les pure players captent 18 % du marché, tandis que les modèles hybrides "click & mortar" (commande en ligne et montage en atelier) séduisent 17,7 % du panel.
L'étude distingue trois profils types de consommateurs. Concernant le client pure player, il s'agirait d'un homme actif, plutôt jeune, propriétaire d'un véhicule récent ou très ancien, et parcourant plus de 20 000 km/an. Selon l'étude, l'acheteur click & mortar est généralement un homme, âgé entre 18 et 24 ans ou 35 et 49 ans, cadre ou employé et roulant entre 10 000 et 15 000 km/an avec un véhicule hybride ou flex fuel. Concernant les acheteurs en point de vente physique, le profil serait plutôt féminin, âgé de plus de 50 ans et propriétaire d'un véhicule avec une ancienneté entre trois et six ans.
Budget, besoin, sécurité
Trois motivations dominent quels que soient les canaux : la proximité du garage, la maîtrise du budget et l'adaptation du pneu à l'usage. Internet conserve l'avantage sur les promotions et la possibilité de comparer les marques, mais le garage possède l'atout de la fidélité et du conseil personnalisé.
Huit conducteurs sur dix déclarent porter de l'intérêt au choix de leurs pneus au-delà du prix, et neuf sur dix affirment accorder de l'importance au niveau de gamme (premium, medium, budget). Mais seuls 31 % d'entre eux accordent beaucoup d'importance à ce critère.
Les automobilistes citent en priorité la sécurité, la conformité avec la loi, la longévité et le confort de conduite comme critères essentiels. Problème : ces éléments sont jugés difficiles à évaluer. Les garagistes et spécialistes du pneu conservent donc un rôle central, car ils restent perçus comme les interlocuteurs les plus fiables, bien devant les forums, la presse ou les influenceurs.
Une perception contrastée des gammes
Lorsqu'ils évoquent un pneu premium, les automobilistes associent spontanément les mots "sécurité", "qualité", "longévité" et "prix élevé". À l'inverse, les pneus d'entrée de gamme riment avec "moins cher", mais aussi "mauvaise qualité" ou "adhérence limitée". Le milieu de gamme, lui, est perçu comme le compromis "bon rapport qualité/prix".
Dans les faits, la répartition des ventes confirme ce ressenti : le premium reste dominant (48 %), devant le budget (22 %) et les marques intermédiaires. L'essor du segment économique traduit une pression croissante du pouvoir d'achat sur les comportements.
Dans un marché en tension, partagé entre premium et budget, cette dualité illustre bien le paradoxe du consommateur : connecté et rationnel, mais toujours attaché à la confiance de proximité.