Jantes Alu Services déploie sa franchise
"Nous voulons ouvrir 90 ateliers, dont au moins 80 en franchise, d’ici cinq à dix ans", annonce Thomas Banctel, responsable marketing et communication de Jantes Alu Services. "Nous voulons ancrer l’idée que l’on peut réparer les jantes. Car, aujourd’hui, lorsqu’une jante est abîmée, elle est changée. Alors qu’elles sont réparables et que nous avons tous les outils pour les remettre quasiment à neuf." Il estime que si le coût varie selon les marques et les modèles, "une jante d’origine est environ 75 % plus chère qu’une remanufacturée" en moyenne.
C’est avec ce credo que l’entreprise bretonne est partie à l’assaut du territoire national. Elle a lancé l’offensive en mai 2022, avec l’ouverture de l’atelier de son premier franchisé, à Lille (59). Une évolution majeure pour cette société qui en a toutefois connu d’autres – à commencer par la sédentarisation de son activité mobile.
Réorganisation de l’entreprise
Jantes Alu Services a été créée en 2010 par trois associés de Vitré (Ille-et-Vilaine) : Patrice Bouvier, Benjamin Corbel et Rémy Génin, qui seront rejoints plus tard par Charles Le Bourhis. À l’époque, leur activité repose sur un camion-atelier, qui sillonne la Bretagne de concession en garage, pour réparer les jantes alu automobiles…
Quatre ans plus tard, leur succès et l’évolution des techniques de réparation (avec des outils plus gros) les poussent à ouvrir un premier atelier à Noyal-sur-Vilaine. 2018 marque une nouvelle étape, avec le déménagement de l’atelier vers un site plus grand, à Cesson-Sévigné, toujours dans la banlieue rennaise.
En parallèle, pour répondre à la demande croissante des particuliers et des professionnels, la société ouvre aussi deux sites à Caen (14) et à Nantes (44). Cette articulation autour d’ateliers a déjà poussé l’entreprise à se réorganiser. "Le camion mobile a été remplacé par des commerciaux-ramasseurs. Ils collectent les jantes dans les concessions pour les ramener directement dans nos ateliers. Puis, après rénovation, ils les ramènent chez les professionnels. Chaque atelier en emploie un ou deux, pour tourner dans tous le département", explique Thomas Banctel.
L’entreprise est entrée dans l’ère du remanufacturing car, en atelier, les jantes aluminium sont traitées dans des bains de décapage. Elles peuvent être éventuellement dévoilées ou usinées avec un tour à commande numérique. Tandis que dans les grandes chaînes de peinture, elles peuvent être traitées par thermolaquage…
Parmi les prestations proposées, outre la rénovation, figurent le dévoilage, le décapage, la soudure, les personnalisations (couleurs, design, finitions) et la tribofinition (polissage avec effet miroir). L’objectif est de les reconditionner en qualité constructeur.
L’enseigne ne connaît pas la crise
Aujourd’hui, la majorité de sa clientèle est composée de concessionnaires et de réparateurs indépendants. "Notre chiffre d’affaires est réalisé à 80 % avec des professionnels, et à 20 % avec des particuliers", précise le responsable communication et marketing. L’entreprise soigne aussi son image de marque et sa communication. Elle a développé une charte graphique et une identité visuelle avec un logo, pour mettre en valeur ses qualités techniques.
Cela semble fonctionner, puisqu’elle revendique avoir vu son chiffre d’affaires multiplié par huit entre 2015 et 2021 – elle refuse toutefois de le communiquer. Parallèlement, elle a triplé ses effectifs et emploie une cinquantaine de salariés. "Pendant la crise sanitaire, nous n’avons pas observé de différence avec l’activité normale. Nous avons même poursuivi notre croissance", affirme Thomas Banctel.
C’est ce succès qui a poussé Jantes Alu à passer à la vitesse supérieure en créant un réseau sous forme de franchise. Une opération que l’entreprise a préparée pendant deux ans. Elle a d’abord créé sa maison mère, Jantes Alu Services Développement, à son siège de Vitré en 2020. Outre ses services administratifs, elle y a installé une centrale d’achat et d’innovation. Ses ateliers y bénéficient d’un support en gestion, technique, marketing, communication, etc.
Franchisés en série
Ce dispositif est nécessaire pour accueillir et accompagner des franchisés. L’ouverture de la franchise a donc été réalisée l’an dernier et largement communiquée sur le salon Franchise Expo (Paris). Le droit d’entrée s’élève à 30 000 euros (comprenant la formation), avec des redevances de 5 % sur l’enseigne et de 3 % sur la communication. Un investissement de 50 000 à plus de 300 000 euros est à prévoir, selon la taille des ateliers…
Les candidats se bousculent devant le panneau, car "ses fondateurs ont trouvé une idée novatrice dans le domaine de la réparation et du service, sur un marché ayant un bon potentiel", insiste Thomas Banctel. Résultat de ce minutieux travail préparatoire : en quelques mois, les ateliers Jantes Alu Service ont fleuri. Lille, Le Mans (72), Vannes (56) et Bordeaux (33) ont vu l’ouverture des premiers ateliers franchisés. Tandis que d’autres sont annoncés d’ici à la fin de l’année à La Roche-sur-Yon (85), Metz (57) et Rouen (76). Une nouvelle succursale est prévue à Brest (29).
Enfin, des projets sont aussi en cours notamment à Lyon (69), Toulouse (31), Annecy (74) et Aix-en-Provence (13)… Si ce déploiement est rapide, Thomas Banctel l’assure : "Grâce à notre structure, nous pouvons nous développer assez rapidement. Mais nous voulons rester structurés et organisés."
Un accompagnement minutieux
L’enseigne ne veut pas griller les étapes. Parmi ceux qui se sont lancés dans l’aventure figurent des chefs d’entreprise expérimentés – pas forcément dans l’automobile. Pour d’autres, c’est la première expérience en tant qu’entrepreneur… "Ceux que nous recherchons sont des gens motivés pour adhérer au concept, avec un esprit d’équipe." Les personnalités trop individualistes ne sont pas compatibles avec l’esprit de l’enseigne.
La zone de chalandise des franchisés est soigneusement étudiée et préparée, avec l’aide d’un cabinet de conseil en géomarketing. Une fois installés, les membres du réseau peuvent compter sur un accompagnement dans les domaines de la technique, de la communication, du marketing, de la comptabilité, etc.
Parallèlement, l’autre grande ambition de Jantes Alu Services est de promouvoir sa spécialité comme un métier à part entière de l’après-vente automobile. Ainsi, dans la centrale d’innovation, "on cherche constamment à améliorer nos process, pour rendre un service de remanufacturing irréprochable à nos clients, explique Thomas Banctel. Par exemple, nous créons nos propres machines et sélectionnons nos matières premières."
L’enseigne forme ses propres techniciens et l’ouverture d’un CFA fait partie de ses projets… De fait, si celui-ci voit le jour, les futurs apprentis apprendront un métier d’avenir, car on aura toujours besoin de réparer des jantes, transition énergétique ou pas…