Un bilan 2016 nuancé pour Aliapur
Malgré d'importants problèmes sur le marché marocain, Aliapur a enregistré un nouveau record de matière collectée sur l'exercice 2016.
Avec un chiffre d'affaires de 54,6 millions d'euros (+ 2%) et un nouveau record de matière collectée, 335000 tonnes en l'occurrence, soit l'équivalent de plus de 44 millions de pneus Tourisme, l'année 2016 aura été plutôt faste pour Aliapur. Faste mais complexe. Derrière les chiffres se cache en effet une autre réalité pour le spécialiste du recyclage et de la valorisation des pneus usagés qui a dû faire face, lors du dernier exercice, à un cinglant revers au Maroc.
Un marché stratégique pour Aliapur, qui y écoulait jusqu'alors entre 70 et 80000 tonnes de broyat de pneus en direction de l'industrie cimentière, qui s'est brutalement refermé. Terre d'accueil de la COP 22 (novembre 2016), le Maroc a ainsi vu ses autorités décider, quelques mois plus tôt, d'interdire l'entrée de tout type de déchets sur son territoire. "Un déclic", à en croire Hervé Domas, directeur général de la société, "car cela nous poussé à changer de stratégie en allant chercher à la fois de nouveaux marchés et de nouveaux secteurs".
La stratégie de l'Open Data
Le second semestre 2016 aura permis à Aliapur de s'internationaliser en signant des accords en Espagne, au Portugal, en Turquie ainsi qu'au Pakistan et en Corée pour de la valorisation cimentière, en Inde pour de la valorisation matière et enfin au Japon pour de la valorisation énergétique. En parallèle, le recycleur s'est aussi attaché à mettre l'accent sur la R&D ce qui a permis d'obtenir des avancées significatives en termes de valorisation pour le secteur industriel (bâtiment, travaux publics) grâce au soutien "de partenaires engagés ayant la volonté de faire émerger de nouvelles solutions", dixit Hervé Domas.
Pour lui comme pour ses équipes, l'avenir passera logiquement par un renforcement de ces deux axes de travail. Pour accélérer le second et favoriser l'émergence de nouvelles pistes de valorisation, Aliapur a également choisi d'ouvrir ses bases de données et de permettre à des start-up, des chercheurs ou des entreprises spécialisées souhaitant s'inscrire dans cette démarche d'accéder aux études et à l'ensemble des travaux de la société. Suivant la dynamique des dernières années, celle-ci table également sur un nouveau record de collecte avec 350000 tonnes de pneumatiques attendues.
Un changement de statut imminent
Longtemps considéré comme un déchet, le pneumatique recyclé a fait l'objet, ces derniers mois, d'intenses discussions au sein du Ministère de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer. De celles-ci a découlé une avancée majeure pour le secteur, avec une évolution réglementaire portant sur le statut de ce produit, dont l'arrêté d'application entrera vraisemblablement en vigueur d'ici quelques semaines. Plus concrètement, le pneu d'occasion obtiendra de cette façon le statut de "pneu réutilisable" ce qui favorisera "le recours aux pneus de réemploi ainsi que les exportations en permettant aux recycleurs de commercialiser non plus un déchet mais bien un produit à part entière", explique Hervé Domas. De quoi offrir aux spécialistes de nouvelles perspectives de développement (plus de détails dans la prochaine édition Print du Pneumatique, n°144).
R.B.