Malek Douhil construit son chemin méthodiquement
Et dire qu’il n’a que 40 ans ! Après de longues et riches minutes à l’écouter nous détailler le cours de son existence, Malek Douhil nous a un peu surpris à l’énoncé de son âge. Non pas que le directeur du centre Norauto de La Garde (83) fasse davantage que ça, mais son histoire est telle qu’on l’imaginait plus âgé. Le signe d’un homme posé dans le discours, mais pressé dans la trajectoire. Comme tant d’autres dans cet univers de passionnés, Malek Douhil a grandi dans l’automobile. Et ce n’est pas qu’une image.
Durant son enfance, il habite à côté de la station-service que tient son père à La Ciotat, à une trentaine de kilomètres à l’est de Marseille (13). C’est là que se forgent ses premiers souvenirs. "La voiture a toujours été omniprésente dans ma vie. Dès l’âge de 5-6 ans, je me levais très tôt le matin pour aider mon père à ouvrir la station", se rappelle-t-il. Une affaire à l’ancienne, proche de l’image d’Épinal, où le patron fait tourner la boutique, sert le carburant, nettoie les parebrises… et répare quelques véhicules, dans le garage attenant.
Fidèle à ce qu’était une station-service jusque dans les années 1990, celle des Douhil est un parfait service de proximité où l’on prend aussi plaisir à s’arrêter juste pour boire un café et discuter avec le patron. Contrairement à ses deux sœurs, qui ne semblent pas du tout intéressées par cet environnement, Malek continue d’y faire sa place. Vers l’âge de 12 ans, après un échec qui lui vaudra un sacré savon du paternel, il apprend et réussit à monter ses premiers pneumatiques.
La révélation chez AD Farsy
"Mon père n’était pas un grand pédagogue, mais il savait me montrer ce qu’il fallait faire. J’ai beaucoup appris avec lui." Déjà à cette époque, des proches lui prédisent qu’il reprendra tôt ou tard l’affaire. "Sauf que travailler tous les jours de la semaine, ne pas compter ses heures et avoir très peu de vacances n’était pas un avenir qui me plaisait", admet-il. À l’heure de choisir sa voie, il opte donc pour un bac STI puis un BTS technico-commercial.
Il réalise son stage dans l’iconique entreprise AD Farsy, véritable institution de la pièce détachée dans la cité phocéenne. Plus qu’une découverte, c’est une révélation. "J’ai adoré cette expérience. Évoluer chez Farsy a été extrêmement enrichissant", souligne-t-il. Le jeune homme se prend notamment de passion pour tout ce qui touche à l’équipement de garage. À l’issue de son stage, le distributeur lui renouvelle sa confiance et l’embauche. Une belle aventure qui durera quatre ans.
Porté par des valeurs de conseil et d’accompagnement, Malek Douhil souhaite alors faire davantage de comptoir et être plus proche des clients. Une opportunité se dessine du côté d’Aubagne, et le voilà qui intègre le centre local de Norauto. S’il confie qu’il ne "connaissait pas réellement le concept de centre auto", son bagage familial et professionnel en mécanique et en pièces l’aide à trouver rapidement ses marques. Au sein de la deuxième plus grosse affaire du réseau (en chiffre d’affaires), il occupe d’abord un poste de vendeur comptoir, puis de vendeur libre-service.
Départ pour le bout du monde
Volontaire lorsqu’il s’agit de défricher les sujets récents, il vit ainsi de l’intérieur l’émergence des GPS, puis des premières formes de nouvelles mobilités. "C’était très novateur, il y a plus de dix ans, de voir Norauto proposer des scooters ou des vélos électriques, se rappelle-t-il. Mais ça ne me faisait pas peur. Ce qui compte fondamentalement, c’est de s’intéresser au client, de connaître ses attentes et de lui donner les bons conseils."
L’époque 2012-2013 marque ensuite une étape importante de son cheminement. Le Sudiste souhaite évoluer vers d’autres responsabilités, qui n’arrivent pas. Il réalise un premier bilan de sa vie et choisit finalement de demander un congé sabbatique. Il veut alors se "mettre en danger" et prend l’avion, sac sur le dos, direction l’autre bout de la planète. Pendant plusieurs mois, il sillonne l’Australie, la Thaïlande ou encore les Philippines. Autant de pays et de cultures différentes qui l’enrichissent énormément. "J’ai gagné cinq ou dix années d’expérience de vie en découvrant ces pays", image-t-il.
De retour en France, il reprend son poste à Aubagne puis, au bout de quelques mois, l’opportunité tant désirée se présente. Un poste de responsable ventes adjoint se profile dans le nouveau centre de l’enseigne basé à Cogolin (83). Malek Douhil saisit sa chance, et qu’importe si cela le contraint à s’éloigner de ses racines. "Il y avait tout à créer, tout à construire, et ç’a été une expérience vraiment captivante." Trois ans plus tard, le centre de Cogolin désormais bien installé, il poursuit son parcours.
L’erreur est permise
Cette fois, direction Callian, à l’ouest de Cannes, pour prendre les rênes de l’affaire. Un challenge "très excitant" et très vite relevé. Comparé à ce qu’il a connu jusqu’à présent, le centre de Callian est plus petit, mais Malek Douhil peut s’appuyer sur une équipe solide et une boutique qui fonctionne bien. Désormais numéro un, il se confronte aussi plus directement au management, avec une idée assez claire sur le sujet.
Un peu à l’image de ce que faisait son père avec lui-même dans la station familiale, le directeur laisse faire ses collaborateurs. La confiance prime et, avec lui, "le droit à l’erreur est reconnu. Il faut que chacun fasse son chemin." Autre point clé de la "méthode Douhil" : une gestion très fine des générations et des interactions entre l’ancienne et la nouvelle. "Je suis dans une logique de transmission. L’expérience des anciens doit aider les nouveaux à grandir. Tout en laissant les nouveaux apporter leur vision ou leurs idées."
Fort de ces convictions, le Sudiste se voit confier une nouvelle responsabilité en 2022. Le réseau nordiste cherche un nouveau responsable pour son centre de La Garde, le quatrième plus important de son écosystème, alors qu’une importante transformation se prépare. Malek Douhil est l’homme idoine pour relever le défi. Depuis près de deux ans, le voilà aux manettes d’un centre qui, outre son chiffre d’affaires, a une grande valeur pour Norauto.
Grandir encore oui, mais toujours avec Norauto
Il est ainsi site-pilote dans le déploiement d’un nouveau concept faisant notamment la part belle à la notion de RSE, tant au niveau des produits que des services ou des méthodes de travail. Une vraie fierté pour le responsable, qui loue la stratégie de son enseigne. Son attachement envers elle dépasse d’ailleurs ce simple exemple. Après dix-sept ans passés à ses côtés, Malek Douhil ne s’imagine pas faire carrière ailleurs.
"C’est Norauto qui m’a permis d’en arriver là. Mais plus que l’enseigne, ce sont surtout les personnes que j’ai pu rencontrer qui m’ont fait grandir." Et s’il ambitionne d’accéder à de plus hautes responsabilités, il ne le projette qu’au travers de la filiale du groupe Mobivia. Lui qui a grandi dans un environnement entrepreneurial pense-t-il à se mettre à son compte ? "Par moments, ça me vient en tête, confirme-t-il. Mais ça ne pourra se faire qu’avec Norauto, en devenant franchisé, et ce genre de projet demande beaucoup de temps, de réflexion et d’énergie."
Cela dit, cette envie aurait pu se concrétiser plus tôt en reprenant la station-service familiale. "Sauf qu’à l’époque, ce n’était pas mon projet. Je voulais faire mon expérience. Si ça devait se faire aujourd’hui, je dirais oui à 2 000 %, mais quand mon père a cessé son activité, j’étais très loin de tout ça." Qu’importe. Malek Douhil sait son père "extrêmement fier" de son parcours. Lui-même partage ce sentiment en se souvenant qu’il est parti "du bas de l’échelle" avant d’en arriver là. Et le quadragénaire a encore tout le temps de viser plus haut.
Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°182 de novembre-décembre 2023.