Sylvain Massa : "La vente de BestDrive peut apporter une nouvelle dynamique au réseau"

Une opportunité plus qu'un problème. Voilà en résumé le sentiment de Sylvain Massa à l'heure d'évoquer l'opération qui est en cours entre le groupe Continental et ASC Investment, par laquelle le premier céderait ses 130 centres intégrés BestDrive France au second. Grande figure du pneumatique tricolore, le dirigeant du groupe éponyme a indirectement contribué à la construction de l'enseigne du groupe allemand il y a plus de dix ans.

En 2014, alors qu'elle souhaitait pivoter vers un autre modèle et d'autres activités, la famille Massa (aujourd'hui notamment à la tête de l'enseigne Avatacar et du pure player 1001pneus) s'était entendue avec le manufacturier d'Hanovre pour lui céder ses 150 points de vente. Une opération d'envergure, la plus grande dans la jeune histoire du réseau, qui concluait alors une série de rachats ayant permis en cinq ans de faire naître en France un nouvel acteur de la distribution.

Les contraintes liées à un manufacturier

"Pour eux, c'était une belle affaire, se souvient Sylvain Massa. Ils ont récupéré de beaux centres, bien organisés, bien structurés, avec de formidables équipes." Onze ans plus tard, le Sudiste reste forcément très attentif à l'évolution de cette enseigne. Mais alors que celle-ci s'apprête à vivre ce qui s'apparente à un grand bouleversement, le dirigeant partage son optimisme. "Je comprends l'inquiétude des salariés, elle est légitime. Mais je crois qu'ils se trompent car ce rachat peut apporter beaucoup de bonnes choses au réseau."

Pour ce dernier, le modèle de distribution hybride avec des intégrés et des franchisés ne répond plus aux impératifs actuels du marché. "Passer en 100 % franchisés, c'est être plus agile, plus réactif, quand un réseau d'intégrés est plus lourd à gérer, avec des process qui prennent du temps…"

En outre, Sylvain Massa juge que cela donnera plus de libertés aux centres de l'enseigne, à l'avenir totalement délestés des contraintes inhérentes à un fabricant de pneus. "Toutes les acquisitions faites par un manufacturier n'ont jamais été simples pour une raison évidente : bien qu'ils s'en défendent, leur approche consiste à sécuriser un volume de produits sur un marché donné. À l'avenir, les BestDrive sortiront d'une logique monomarque et s'ouvriront à d'autres opportunités."

"Des gens intelligents, on en trouve ailleurs que dans le pneu"

Autre point sur lequel Sylvain Massa partage son optimisme : l'identité du repreneur potentiel, qui suscite des doutes dans les rangs de l'entreprise, ne semble pas être forcément un souci à l'entendre. "Effectivement, ASC n'a pas de connaissances dans le pneumatique. Mais c'est peut-être mieux. L'expérience dans nos marchés n'est pas toujours un atout. Ils vont partir d'une feuille blanche et ce n'est pas plus mal. Des gens intelligents, on en trouve ailleurs que dans le pneu."

C'est d'ailleurs cette même idée de feuille blanche, de repartir de zéro, qui a guidé son groupe, motivé par la vision novatrice de ses enfants Cédric et Magali, il y a une dizaine d'années. "Aujourd'hui, dans nos métiers, il faut miser sur le digital, l'intelligence artificielle, des outils modernes, novateurs. Un réseau comme BestDrive doit s'appuyer sur ce genre d'atouts pour avancer", affirme Sylvain Massa. "Je pense que Continental a pris la bonne décision", conclut-il.