Chez Continental, la petite reine a trouvé son royaume
Partenaire du Tour de France depuis 2018, Continental a fait du cyclisme l'un des piliers de sa stratégie marketing. Mais aussi, et on en parle moins, industrielle. Derrière la vitrine que matérialise ce partenariat de grande envergure, se cache un savoir-faire savamment entretenu et développé. Korbach, charmante petite bourgade située à 180 kilomètres au nord de Francfort, accueille en effet depuis 1907 l'une des plus anciennes usines du groupe Continental. Si le site est aujourd'hui devenu le temple des pneus VL UHP (ultra haute performance), il est aussi connu pour fabriquer depuis son ouverture des pneus de vélo.
Dire que de solides liens unissent ainsi le manufacturier à la petite reine est donc un euphémisme. Et celui-ci n'a eu de cesse de se renforcer ces dernières années. D'importants investissements se sont opérés en matière de recherche et développement pour coller aux standards du marché. Une logique qui prévaut sur à peu près tous les segments. Au plus haut niveau, la concurrence entre fabricants demeure aujourd'hui intense pour accompagner les meilleures équipes du peloton.
Performances, durabilité, sécurité…
Sept d'entre elles s'étant alignées sur le dernier Tour de France roulaient grâce à des enveloppes Grand Prix 5000 produites par Continental. Avec des attentes finalement aussi basiques que complexes. "Ces équipes ont des attentes élevées en termes de performances, de durabilité et de sécurité des pneus, note Monzon Traoré, responsable des ventes vélo de la division commerce France pour Continental Tires. Elles sont de plus en plus exigeantes en matière de pneus, car elles savent que ces derniers jouent un rôle crucial dans les performances de leurs coureurs".
Au-delà de la compétition, la stratégie de Continental s'avère aussi guidée par un phénomène de société. Depuis 2020 et la pandémie de Covid-19, la pratique du vélo a explosé. Aujourd'hui, 18 % des Français disent l'utiliser au moins deux fois par semaine. C'est certes deux fois moins qu'en Allemagne et trois fois moins qu'aux Pays-Bas mais la tendance se veut exponentielle. Et dans la mesure où le vélo n'a jamais été aussi à la mode, les fabricants de pneus doivent se positionner sur ce marché.
Un marché très varié
"L'équipement d'origine est devenu un enjeu pour de nombreuses entreprises de pneumatiques, y compris Continental, ajoute Monzon Traoré. Avec la popularité croissante du cyclisme et des mobilités douces, de nombreuses marques de vélos cherchent à offrir des vélos de haute qualité équipés de pneus de qualité supérieure." Le groupe germanique a ainsi noué des partenariats avec différents fabricants spécialisés.
Mais le dynamisme de cette activité tient aussi dans sa diversité. Vélos de course, urbains, tout-terrain, gravel, à assistance électrique… le spectre est large et les besoins aussi. "Les consommateurs recherchent des pneus qui offrent une combinaison de performance, de durabilité, de résistance à la crevaison et de confort de roulement", étaye encore le représentant. Ces mêmes utilisateurs sont aussi plus soucieux de leur impact sur la planète, d'où une demande accrue en pneus respectueux de l'environnement.
Des technologies pensées pour les VAE
D'un point de vue technologique, Monzon Traoré cite en exemple de succès les pneus "tubeless" (sans chambre à air), très prisés par les utilisateurs de vélos route et VTT en raison de leur capacité à réduire les crevaisons et à améliorer le confort. Un atout rendu possible par le recours à des technologies de renforts (intercalaires) "anti-crevaison", développées pour réduire le risque de perforations, plus résistantes mais aussi plus légères.
D'autres technologies ont également vues le jour pour répondre aux spécificités des VAE. Plus lourds et plus rapides que des vélos traditionnels, ces modèles, qui ont représenté 28 % des ventes en 2022 (source Observatoire du Cycle), bénéficient de plus en plus d'enveloppes conçues spécialement pour eux.
Si les chiffres ne disent pas tout, les tendances récentes ne devraient pas inciter Continental et consorts à ralentir. En 2022, le chiffre d'affaires global cumulé du secteur (vélos, pièces et accessoires) s'élevait à 3,6 milliards d'euros, selon l’union sport et cycle (USC), soit une augmentation de 5,2 % par rapport à l'année précédente. Sur les quatre derniers exercices, une croissance de 52 % a été observée.