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Manufacturiers

Confidences de Catherine Dumoutier à l'aube de sa carrière de retraitée !

Publié le 19 février 2025

Par Romain Baly
4 min de lecture
Responsable de la communication de Goodyear France pendant 19 ans, Catherine Dumoutier a quitté son poste, fin 2024, pour profiter d’une retraite méritée. Celle qui a gravité dans l’univers de l’automobile pendant quarante ans revient pour nous sur son parcours. Un chemin fait d’engagements, de passions et de souvenirs.
De ses débuts en agence jusqu’à ses quasi vingt années chez Goodyear, en passant par des expériences chez Daewoo et Saab, Catherine Dumoutier a vécu mille et une vies au cours de sa carrière. ©Goodyear

Une ambition contrariée vaut moins qu’un conseil avisé

"À la base, je voulais devenir journaliste. Lorsque j’étais en terminale, c’était vraiment mon objectif. Sauf que la mère de ma meilleure amie, qui était rédactrice en chef d’un magazine féminin, me l’a déconseillé. Elle m’a plutôt suggéré de regarder du côté de la communication. Je me suis rendue à une journée porte ouverte de l’Efap (École française des attachées de presse, ndlr) et j’ai adoré ! On passait autant de temps à l’école qu’en entreprise et c’était très enrichissant. J’ai pu connaître des expériences en agence de presse, dans une mutuelle ou encore, en dernier, chez Honda. Je me suis retrouvée au sein de la division moto et ça m’a tout de suite parlé. À tel point qu’à l’issue de l’Efap, je suis restée encore six mois chez Honda, mais côté voiture."

Les années en agence, un apprentissage accéléré

"J’ai décroché mon premier poste fixe dans une agence où j’évoluais notamment avec Nathalie Geslin. Le travail en agence est très formateur. On fait tout, on évolue sur plusieurs dossiers à la fois, on doit être flexible pour les clients, on doit aussi anticiper leurs besoins… Au cours de cette expérience, puis d’une seconde, j’ai pu accompagner des fabricants de pneus comme Firestone ou Uniroyal, des équipementiers comme Osram ou Monroe, ainsi que le réseau Speedy, par exemple. Et grâce à ces grands noms, j’ai pu côtoyer des journalistes qui connaissaient bien les marchés, les produits, tout en pouvant profiter de certains à-côtés comme les 24 Heures du Mans."

L’évolution de la com, d’anecdotique à indispensable

"Dans la communication, il faut analyser les forces d’une entreprise pour laquelle on travaille, les sujets pertinents, l’environnement dans lequel elle évolue… Ça permet de sortir des sentiers battus, d’attirer un journaliste vers un sujet qu’il n’aurait pas identifié, mais qui est pourtant pertinent. La place de la communication a beaucoup évolué depuis mes débuts. À l’époque, ce n’était pas un réflexe. Aujourd’hui, c’est devenu un enjeu. La communication s’est spécialisée et la notion d’image est devenue très sensible. De même, la communication de crise est intégrée désormais dans les stratégies, elle est anticipée et préparée avec différents scénarios catastrophes. Ça fait partie de notre métier."

Daewoo, Saab… les années passion

"Au début des années 1990, je suis devenue indépendante, ce qui m’a permis de travailler sur le Shell Eco Marathon (iconique manifestation étudiante organisée par le pétrolier), et aussi de devenir maman. En novembre 1994, j’ai été sollicitée pour rejoindre les équipes de Daewoo. La marque n’était pas encore présente en France et il fallait préparer son lancement quelques mois plus tard. C’était une aventure professionnelle et humaine ! Il fallait appréhender une nouvelle culture, de nouvelles méthodes, il fallait aussi lancer la marque donc travailler sur l’image des concessions, faire découvrir les produits à la presse, comme lors d’un voyage en Corée, ou au grand public, avec notre premier Mondial de l’Auto… Ce qui était aussi formidable, c’est qu’on a pu rapidement voir les résultats de notre investissement. En 2001, j’ai décidé de rejoindre Saab, une marque emblématique avec autant de passionnés à l’extérieur qu’à l’intérieur. C’était une étape importante puisque j’ai intégré le comité de direction. Cette expérience m’a beaucoup servi. J’ai grandi chez Saab en ayant accès aux grands sujets de gestion d’une entreprise."

Avec Goodyear, le grand défi du pneu

"Je suis arrivée chez Goodyear en 2005, un an après le rassemblement au sein d’une seule et même entité avec Dunlop. Il y avait tout à construire. Ce sont deux marques premium, avec une expertise en véhicules légers, en motos, en PL… Mais en même temps, ce sont là des marchés et des problématiques très différentes. Le niveau d’appétence d’un agriculteur, d’un motard ou d’un automobiliste pour ses pneus n’est pas du tout le même. Le pneu est un produit très technologique. L’enjeu est d’expliquer simplement tout ce concentré de technologie. Dix-neuf ans plus tard, je crois qu’on a réussi. La communication a pris une importance majeure chez Goodyear et moi, j’ai beaucoup grandi et appris lors de ces années."

Collègue et mentor pour les femmes

"La place des femmes dans l’univers de l’automobile n’a jamais été un combat pour moi, je ne suis pas féministe dans l’âme, mais ça reste un sujet très important. Avoir des femmes dans une entreprise, et encore plus les aider à s’élever, à accéder à des postes importants, est quelque chose qui m’a toujours tenu à cœur. Souvent, elles ne s’autorisent pas à imaginer prendre de hautes fonctions. Ça relève d’une question de culture, de société, d’éducation aussi, et pour changer les choses, il est fondamental d’expliquer que c’est possible. Ça demande du temps, ça nécessite de les coacher, de les aider, de les écouter pour que chacune puisse avoir réellement confiance en elle."

La suite ne s’écrira pas très loin

"J’ai anticipé ce moment. L’arrêt d’une activité aussi passionnante et prenante ne peut se faire du jour au lendemain. Dans la philosophie asiatique, on dit toujours que la fin d’une aventure amorce forcément le début d’une nouvelle. J’y crois fortement. Je suis désormais diplômée de Qi Gong, je vais donc pouvoir donner des cours. Je compte aussi aider mon fils dans sa société de production. Je vais avoir le temps de voyager encore plus. Et puis je resterai attentive à l’actualité de l’automobile. Déjà parce que je vais continuer à travailler un peu en tant qu’indépendante. Ensuite, parce que j’emporte avec moi de toutes ces années beaucoup de belles amitiés. C’est ça la communication, c’est le partage, la mise en commun, les rencontres…"

 

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°188 de janvier-février 2025.

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