Continental écrit son futur à Lousado

De près comme de loin, on ne voit qu’elle. En arrivant par la nationale 104, avec le fleuve Ave en contrebas, elle s’impose à vous. De l’autre côté de la petite vallée, sur les hauteurs de Lousado, l’usine locale de Continental est impossible à louper. La taille de sa structure XXL tout autant que sa couleur orange flashy attirent forcément l’œil. C’est là, dans cette petite bourgade située à 45 minutes au nord de Porto, que le groupe allemand a choisi de s’implanter il y a près de 35 ans.

Si Hanovre (Allemagne) demeure son fief, le cœur de son histoire et de son savoir-faire, un point stratégique pour son schéma industriel mondial, Lousado est devenue en trois décennies une implantation cruciale dans sa réussite. L’usine rachetée en 1990 n’a, à vrai dire, plus grand-chose à voir avec celle d’aujourd’hui. Le bâtiment initial est toujours là, mais autour de lui tout a changé, tout s’est développé, tout s’est modernisé.

Pleinement intégrée dans l’environnement local, l’usine de Lousado est passée entre 1990 et 2023 de 40 500 m² à 315 000 m² ! ©Continental

De par leur raison d’être, on entend souvent dire que les sites industriels jouent un grand rôle dans leur tissu local. Il est ainsi commun d’expliquer qu’une usine est souvent une ville dans la ville, qui donne le pouls de son environnement, le fait vivre et le fait chavirer quand les choses se gâtent. Cette image se prête fort bien à la proximité qu’entretiennent Continental et Lousado. Responsable de l’industrialisation produit, Rui Baptista rappelle que le site est passé entre 1990 et 2023 de 40 500 m² à 315 000 m² !

Le site ne fait qu’un avec son environnement

Le tout en se fondant brique après brique, bâtiment après bâtiment, dans le paysage du village lusitanien. Et, on y revient, dans la vie des siens. Pour tout le bassin économique s’étendant de Braga à Porto, le fabricant de pneumatiques constitue l’un des principaux employeurs de la région. Plus de 2 700 personnes évoluent au sein de la structure.

Si le taux de féminisation demeure famélique (7 %...), le niveau d’expertise des uns et des autres s’est largement renforcé au fil du temps. En 1990, sur les 982 salariés d’alors, seulement 2 % disposaient d’un diplôme universitaire, contre 18 % à l’heure actuelle, et 70 % d’entre eux étaient illettrés. Une montée en compétence provoquée par une évolution de la société portugaise mais aussi par les efforts de Continental.

Aider les équipes à s’élever et à devenir les techniciens de demain demeure un leitmotiv. De multiples partenariats ont été noués avec des écoles techniques et des universités pour aller dans cette direction. Un engagement qui a du sens et qui porte ses fruits. En travaillant le volet social tout autant qu’industriel, Continental a bâti une implantation ayant valeur d’exemple.

Lousado revendique ainsi aujourd’hui le titre honorifique de première usine du groupe pour la production de pneumatiques TC4 avec un volume 2023 de 18,94 millions d’unités. Un résultat complété par la partie pneus de spécialités dont le volume a été multiplié par douze depuis 2017 pour atteindre près de 49 000 enveloppes.

Une usine responsable

Cette croissance résulte ainsi des croyances de la direction allemande envers Lousado et des moyens alloués au site pour atteindre ce bilan. Lors des trois premières décennies, Continental a dépensé plus d’un milliard d’euros dans cette usine. Entre début 2022 et fin 2024, 300 millions d’euros supplémentaires auront ainsi été investis pour améliorer ou développer de multiples projets. Tous tournés vers l’avenir.

La grande fierté de Continental est ainsi de pouvoir valoriser le caractère responsable et respectueux de l’environnement de son usine. Rui Baptista égraine pêle-mêle les concrétisations telles que la mise en place d’un circuit fermé pour l’eau des extrudeuses, des systèmes de réduction du bruit pour le confort des techniciens, l’installation (toujours en cours) de panneaux solaires sur le toit ou encore la construction d’une centrale interne pour la gestion des déchets.

Autre innovation, pour diminuer son impact environnemental, Continental a investi dans une chaudière fonctionnant entièrement à l’électricité et non plus au gaz. "La nouvelle chaudière à vapeur électrique convertit l’électricité solaire et d’autres énergies vertes en vapeur sans pratiquement aucune perte, détaille le groupe. L’eau est pompée du bas de la chaudière vers le haut, où elle est pulvérisée sur des électrodes. Le courant électrique circule dans les jets d’eau et crée de la chaleur à l’intérieur de l’eau jusqu’à ce qu’elle s’évapore en vapeur."

Une chaudière à gaz traditionnelle continue toutefois d’être opérationnelle, est-il encore précisé, pour "réagir avec agilité aux fluctuations de disponibilité d’énergies renouvelables et à d’autres facteurs environnementaux".

Une production neutre en co2

Directeur des lieux, Pedro Carreira rappelle que "toutes les usines de pneus Continental travaillent intensément à rendre la production de plus en plus durable et efficace sur le plan énergétique". Dans une région où le soleil brille en moyenne sept heures par jour dans l’année (et même encore quatre heures en hiver contre, par exemple, 1,8 heure à Berlin), le recours au photovoltaïque et à l’électrique s’avère ainsi précieux.

"À Lousado, nous démontrons que même les très grandes usines de pneus peuvent parvenir à une production neutre en CO2" se félicite Bernhard Trilken, responsable de la fabrication et de la logistique chez Continental Tires. Plus que jamais, le site lusitanien a valeur d’exemple dans son groupe comme l’explique ce dernier. "Nous préparons toutes nos usines pour qu’elles puissent utiliser autant d’énergie renouvelable que possible. La mise en service de notre chaudière à vapeur électrique à Lousado marque le début d’une courbe d’apprentissage passionnante."

Exemplaire sur le plan environnemental, l’usine l’est aussi sur le plan de l’innovation. Car c’est dans ses entailles qu’a été pensée, testée et déployée l’une des plus grandes avancées majeures du fabricant allemand. Il aura fallu plus de dix ans pour concrétiser le projet Conti.Re Tex-Technology.

L’UltraContact NXT comme vitrine de son savoir-faire

Une dénomination qui cache l’innovante idée de produire des enveloppes à base de polyester issu de bouteilles en PET (polyéthylène téréphtalate) recyclées. Ces bouteilles proviennent "exclusivement de régions dépourvues de circuit de recyclage fermé" précise Continental. Elles sont triées, puis nettoyées, après retrait des bouchons, avant qu’un broyage mécanique transforme la matière en granulés puis en fils de polyester.

Produit de dernière génération intégrant jusqu’à 65 % de matériaux renouvelables et recyclés, l’UltraContact NXT est le fruit du savoir-faire de Lousado. ©Continental

Et alors qu’il faut, en moyenne, une quarantaine de bouteilles pour fabriquer un jeu de quatre pneus tourisme, les premiers à en profiter ont été produits en 2022 à Lousado avec les gammes été PremiumContact 6 et EcoContact 6, ainsi que celles toutes saisons AllSeasonContact. Un an plus tard, cette technologie constituait un élément prédominant du nouvel UltraContact NXT. Un pneu de dernière génération composé jusqu’à 65 % de matériaux renouvelables, recyclés et certifiés ISCC PLUS.

"L’UltraContact NXT est le produit le plus durable jamais fabriqué par Continental" souligne Thomas Wanka, ingénieur senior pneus été. Il s’inscrit aussi dans la feuille de route de l’allemand consistant à être capable d’intégrer 40 % de matériaux renouvelables dans ses gammes d’ici 2030 et 100 % à l’horizon 2050.

En attendant, à Lousado et ailleurs, la technologie Conti.Re Tex va continuer de faire son chemin. Vitrine du savoir-faire de l’usine portugaise, celle-ci sera progressivement introduite dans toutes les gammes. De quoi renforcer encore davantage le poids et le rôle de ce site dans l’écosystème de l’allemand.

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°186 de septembre-octobre 2024.