Pirelli choisit l'Amérique plutôt que la Chine

Dans les tuyaux depuis de longs mois, la décision est désormais actée. Le conseil d'administration de Pirelli, réuni ce lundi 28 avril 2025, a annoncé la fin du contrôle exercé par son actionnaire chinois majoritaire. Le conglomérat public Sinochem était vu comme un obstacle à l'expansion du fabricant de pneus italien sur le marché américain, selon un communiqué.
"Le contrôle du groupe Sinochem sur Pirelli prend fin" avec "un vote majoritaire" du conseil d'administration, indique le groupe italien. Ce dernier précise que "le dialogue avec les principaux actionnaires se poursuit afin d'aligner la gouvernance (du groupe) avec la réglementation américaine".
La gouvernance du groupe va être ajustée
Le conseil d'administration, qui s'était réuni fin mars pour aborder la présence contestée du conglomérat chinois dans son actionnariat, avait décidé de reporter au 28 avril le vote sur les résolutions en débat. Parmi les options sur la table figurait la possibilité que la holding italienne Camfin de Marco Tronchetti Provera, deuxième investisseur avec une part de 26,4 %, demande à Sinochem de sortir du capital de Pirelli ou de réduire sa participation de 37 %.
En raison du décret sur le "golden power", qui confère à Rome des pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques pour le pays, "le contrôle de Marco Polo International Italy (la holding italienne de Sinochem, NDLR) et, par conséquent, de Sinochem sur Pirelli a pris fin", détaille le groupe italien. La résolution a été approuvée par neuf membres sur quinze du conseil d'administration.
"La décision concernant l'absence de contrôle de l'actionnaire Sinochem représente une première étape, mais pas décisive, vers l'ajustement nécessaire de la gouvernance de l'entreprise aux contraintes réglementaires aux États-Unis, (...) notamment en ce qui concerne les véhicules connectés", ajoute Pirelli.
Les technologies chinoises ou russes interdites aux États-Unis
Avec comme premier actionnaire Sinochem, Pirelli était directement visé par l'interdiction de la vente aux États-Unis de véhicules connectés dotés de logiciels ou d'équipements intégrant de la technologie chinoise ou russe. Une décision prise par l'ancien gouvernement américain de l'ex-président Joe Biden, qui estimait que ces composants représentaient un risque pour la sécurité nationale.
Cette mesure frappe surtout les "pneus connectés" de Pirelli dotés de capteurs transmettant des informations au conducteur sur sa vitesse et le contrôle de son véhicule, que le groupe comptait vendre sur le marché américain.
Recourant à son "golden power", le gouvernement nationaliste italien de Giorgia Meloni avait adopté en juin 2023 un décret visant à limiter l'emprise de Sinochem sur Pirelli et à garantir son indépendance, sans toutefois le forcer à vendre sa part. En novembre, le gouvernement avait cependant ouvert une enquête pour "violation possible" de ce décret. (Avec AFP)