Connecté, durable et performant : le transport se réinvente à Solutrans

Deux ans après un succès historique, Solutrans repart sur les chapeaux de roues. Après une édition 2023 couronnée de succès, avec 64 000 visiteurs (+10 % par rapport à 2021) et 1 100 exposants (+28 %), la biennale franchira cette année un nouveau cap avec un espace d’exposition dépassant les 100 000 m². Mais au-delà des chiffres, c’est avant tout l’esprit du salon qui séduit. "C’est vraiment le salon complet autour des solutions du transport", résume Julie Herbault, directrice générale de Profil Plus.
Plus qu’un simple rendez-vous, Solutrans s’impose comme la principale vitrine européenne du transport et de la logistique. Au cœur de cette 18e édition : la transition énergétique. "L’économie d’énergie est l’axe majeur de tous les développements, que ce soit chez les pneumaticiens, les fabricants de camions ou de voitures", analyse Simo Lahloumi, directeur des ventes France de Prometeon.
Une plateforme d’exposition pour tout le secteur
Le manufacturier italien signe d’ailleurs sa première participation à l’événement. Une démarche qui illustre autant le développement du salon que celui de la marque. "Prendre part à Solutrans est une étape importante de notre présence européenne et internationale" souligne Massimo Marcolini, directeur général France et Benelux. Prometeon présentera notamment sa gamme R02, pensée pour optimiser le kilométrage et la robustesse des flottes afin de limiter leurs immobilisations.
Les plus grands manufacturiers seront eux aussi de la partie avec des innovations pour rendre le secteur plus sûr et responsable. "Cette année, nous allons présenter nos gammes Multi-Energy 2, Line-Energy 3, mais aussi notre nouvelle offre pour les petits poids lourds en jante 19,5, ainsi que notre pneu d’approche de chantier, le Works 2", annonce François Le Hen, directeur produit marketing chez Michelin.
Partenaire principal de Solutrans, le groupe clermontois entend améliorer la sécurité des conducteurs tout en réduisant l’empreinte carbone, promettant même une "baisse moyenne de 0,6 l/100 km sur la consommation de carburant" grâce à son X-Works 2. Même son de cloche du côté de Goodyear. Le fabricant américain dévoilera son nouveau KMax Gen-3. Un modèle intégrant une formulation à base de silice pour améliorer l’adhérence et la longévité du pneumatique.
Si les fabricants concentrent l’attention, distributeurs et réseaux ne sont pas en reste. DPI (Doumerc Pneu International), à travers la marque Giti, dévoilera ses modèles GAM 838 et GDM 687, une gamme chantier optimisée pour la durabilité et équipée de puces RFID pour une meilleure gestion du suivi et des stocks. De son côté, le réseau Point S entend valoriser son expertise avec Feed Check, un outil de maintenance préventive destiné aux clients professionnels. L'enseigne dévoilera également en exclusivité une inédite MDD dédiée au segment PL. "Nous voulons gagner un peu de visibilité et de reconnaissance sur nos activités poids lourds", explique Arnaud Laurent, responsable marché industriel. Une stratégie révélatrice qui démontre qu’à Solutrans, la relation client reste plus que jamais au centre des attentions.
Les clients au premier plan
En effet, il ne s’agit pas seulement d’exposer, mais aussi d’échanger. "Un salon comme Solutrans, c’est aussi la possibilité de passer un moment convivial avec nos clients, et l’opportunité de les remercier pour leur fidélité", résume Thomas Doumerc, directeur général de DPI. Un moment pour dialoguer directement avec eux et mieux comprendre leurs besoins, dans un contexte où la filière du transport se transforme à grande vitesse.
Cette recherche de proximité se traduit aussi dans les stands. Afin d’accueillir "l’ensemble de ses clients français", le réseau Point S a par exemple décidé de doubler sa surface d’exposition, passant de 70 m² en 2023 à 140 m². Un dispositif renforcé pour multiplier les échanges et consolider son réseau.
Un salon qui dépasse les frontières de l'Europe
Ces discussions dépassent désormais les allées du salon. Elles s’étendent à des outils digitaux et connectés, pensés pour mieux accompagner les clients au quotidien (gestion de flotte, maintenance prédictive, suivi en temps réel de l’état des pneumatiques). Des dispositifs à la fois portés par les distributeurs et les réseaux pour venir en aide à leurs clients et "potentiellement recruter de nouveaux acteurs", selon Julie Herbault, mais aussi par les manufacturiers.
Prometeon mettra notamment en avant ses outils connectés ProCheck et ProManagement, destinés à améliorer la gestion et la maintenance des flottes. Une démarche partagée par d’autres acteurs comme Michelin à travers sa solution GPS dans son application TruckFly. Des solutions qui traduisent la digitalisation progressive du secteur vers un objectif commun : accompagner les professionnels au quotidien.
Des innovations qui attirent bien au-delà de nos frontières. Depuis la précédente édition, l’internationalisation du salon va s’accélérer, à en croire observateurs et participants. Selon Arnaud Laurent, "40 % des visiteurs viendront de l’étranger en 2025". Solutrans s’impose donc plus que jamais comme un carrefour mondial, destiné à pousser "l’industrie dans la même direction", comme l’explique Christophe Kuss, directeur marketing Europe de l’Ouest de Goodyear.
Conférences de presse, tables rondes et ateliers viendront également rythmer les allées de Lyon-Eurexpo tout au long de la semaine, autour des grands enjeux du transport : décarbonation, électrification ou encore logistique connectée.
Le pneu comme premier levier
Des défis auxquels le pneumatique peut directement répondre. "Le pneumatique reste l’un des leviers d’action les plus efficaces pour réduire le budget opérationnel des flottes", rappelle Thomas Doumerc. "C’est aussi un vecteur de mobilité", poursuit Alicia Dioton, directrice marketing de Profil Plus. Comme en 2023, la gomme sera mise à l’honneur dans le Village du Pneu (voir encadré). Piloté par le Syndicat du Pneu, il mettra une nouvelle fois en avant les enjeux d’innovation et de durabilité propres au secteur.
Mais tous les exposants ne feront pas le choix de cet espace. S’il incarne l’esprit de Solutrans, il reste aussi un lieu où se côtoient des concurrents directs. Un contexte que Goodyear préfère éviter. "Nous voyons plus d’intérêt à bénéficier du trafic qu’à nous positionner dans un village pneumatique au milieu de nos concurrents", explique Christophe Kuss. À Solutrans, coopération et compétition semblent donc aller de pair. Un paradoxe assumé qui fait la singularité du salon : un espace de dialogue, mais aussi une scène où chacun cherche à briller.
ENCADRE
Le pneumatique confirme son succès
Une bouffée d'oxygène pour la filière. Alors que le secteur fait face à un ralentissement du marché (-5 % des ventes d’enveloppes TC4 au premier trimestre 2025 par rapport à 2024), et à des enjeux environnementaux toujours plus forts, le pneu prend la lumière à Solutrans. Pour la troisième édition consécutive, le salon valorisera le Village du Pneu, situé dans le hall 3.
Cet espace, piloté par le Syndicat du Pneu, rassemblera sur plusieurs centaines de mètres carrés l’ensemble des acteurs de la de la gomme : manufacturiers, distributeurs, réseaux indépendants, équipementiers et prestataires de services. Objectif : montrer la richesse et la capacité d’innovation du secteur. Un univers où l’on "commence à intégrer des puces RFID pour mieux suivre les vies du pneu, pour le connecter au véhicule et même à la base d’entretien de la voiture", explique Dominique Stempfel, président du Syndicat du Pneu.
Un dispositif qui illustre bien la reconnaissance croissante d’un produit longtemps perçu comme secondaire mais qui semble aujourd’hui tracer sa route. "Quel que soit le mode de transport routier et quelle que soit la motorisation, les pneus seront toujours indispensables pour transporter des marchandises et les livrer au client final. Il est donc logique qu’il tienne une place importante dans les salons".
Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°192 de novembre-décembre 2025.
