La situation reste tendue sur le front de l’emploi
C'est un fait qui se confirme d’année en année. L’univers du pneumatique peine à trouver des talents ainsi que la parade pour résoudre ce problème. Dans le secteur, rares sont les réseaux et les entreprises à ne pas être touchés, ou a minima craindre de l’être, par ce phénomène. Une situation qui peut s’avérer critique puisqu’elle bouleverse l’équilibre de certaines structures bloquées dans la création de postes ou le renouvellement de leurs équipes.
Plusieurs dirigeants en sont même arrivés aujourd’hui à laisser tomber un éventuel développement, étant persuadés de manquer de bras qualifiés pour faire tourner un nouveau centre. Selon le Syndicat du Pneu, plus de 2 000 postes techniques seraient actuellement à pourvoir dans l’Hexagone. Une tendance qui ne s’améliore pas, alors même que de nombreux réseaux ont compris l’importance du sujet.
"Certaines enseignes sont plus avancées que d’autres parce que leur politique RH est plus développée, mais il y a globalement une prise de conscience générale de tout le secteur sur cette problématique. Toutes s’appuient d’ailleurs sur des programmes de formation internes, voire sur des centres dédiés" note Sarah Benslimane, juriste de l’organisation professionnelle et fer de lance sur les questions d’emploi.
Communiquer toujours plus
Cette dernière souligne le travail effectué… et celui restant à faire. "Les réseaux se mobilisent aujourd’hui davantage. Lors de la Semaine des services de l’automobile et de la mobilité (organisée cette année du 1er au 8 février 2025, ndlr) mais aussi tout au long de l’année, ils sont nombreux à organiser des journées portes ouvertes ou à multiplier les rencontres. Mais cela ne suffit pas et la situation reste tendue."
Doit-on y voir ou non une bonne nouvelle ? Toujours est-il que le monde du pneu réussit de plus en plus à toucher d’éventuelles futures recrues, jeunes ou moins jeunes. En revanche, il peine encore énormément à transformer l’essai. Sarah Benslimane étaye le sujet. "Chez France Travail, on propose nos métiers à des gens qui ont évolué dans des univers a priori similaires, alors que ce n’est pas forcément le cas. De fait, on voit des personnes arriver puis repartir aussi vite, souvent avant la fin de leur période d’essai, parce qu’elles n’ont pas saisi les difficultés des métiers du pneu."
Une problématique commune à de nombreux secteurs méconnus, assure la juriste. Dans la mesure où les prescripteurs de l’emploi ne peuvent pas connaître sur le bout des doigts tous les métiers proposés, il convient aux acteurs du pneu de poursuivre leurs efforts.
Saisir les attentes de la nouvelle génération
"Peut-être que le client d’aujourd’hui sera le technicien de demain, ou si ce n’est pas lui directement, ce sera peut-être son enfant. De fait, les entreprises doivent continuer d’expliquer leurs métiers, de valoriser leurs atouts. Elles doivent aussi s’ouvrir toujours plus." Sarah Benslimane souligne en outre l’importance d’adopter une communication qui soit en phase avec notre époque et qui puisse toucher toutes les cibles.
Dans cette quête de talents, les réseaux sociaux ont ainsi pris une dimension stratégique. LinkedIn permet par exemple de toucher les parents, alors qu’Instagram ou TikTok s’adressent directement aux adolescents. De son côté, le Syndicat du Pneu va également renforcer son travail en déployant prochainement une nouvelle version de son site internet jobs-pneu.fr avec notamment un contenu informatif renforcé.
Toutefois, il n’est pas dit que ces efforts suffiront à inverser la tendance. "France Travail constate que de plus en plus de personnes ne veulent plus travailler… rapporte encore Sarah Benslimane. Ce qui est sûr, c’est que notre société évolue. La génération actuelle est en quête de sens, d’utilité, elle souhaite aussi préserver une certaine forme d’équilibre entre vie privée et professionnelle, elle attend une plus grande écoute de son entreprise, des avantages. Nos adhérents doivent prendre conscience de cela et s’adapter." Sans quoi, les difficultés actuelles risquent de perdurer encore longtemps.
Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°188 de janvier-février 2025.