Le pneu poursuit son opération séduction
Si le secteur du pneumatique, et de l’automobile dans son ensemble, se mobilise depuis de nombreuses années pour convaincre de futurs talents d’intégrer ses rangs, le constat est aujourd’hui amer. En France, 2 200 postes seraient à pourvoir dans l’univers du pneu, selon les estimations du Syndicat du Pneu. Un chiffre sans doute sous-évalué dans la mesure où ce relevé n’est que déclaratif et non exhaustif, et sachant qu’un certain nombre de chefs d’entreprise – pneumaticiens, centres autos principalement – se sont habitués à travailler constamment en sous-effectif et n’évaluent plus forcément leurs besoins…
Beaucoup d’efforts, au niveau de la filière, pour de faibles résultats, mais cet investissement de tous peut aussi s’analyser sur le temps long. Car il faut de la patience pour évangéliser une nouvelle génération insensible à ce sujet, et des parents collés à l’image des « voies de garage » (celles secondaires et peu attractives, et non celles qui mènent aux ateliers). La 8e édition de la Semaine des services de l’automobile et de la mobilité (du 28 janvier au 4 février 2023) était une belle occasion, et le monde du pneumatique y a logiquement pris part, encouragé par son syndicat.
De nombreuses opérations se sont tenues partout en France. Le réseau Euromaster a notamment organisé un événement chaque jour de cette semaine. Même mobilisation côté Point S, qui est allé à la rencontre des plus jeunes. Des adhérents d’autres enseignes se sont également impliqués, comme pour mieux prouver que derrière des noms et des logos se trouvent des entreprises dans lesquelles de belles carrières sont potentiellement à réaliser.
Une prise de température au Garac
Le Syndicat du Pneu a, quant à lui, communiqué de façon très large et notamment sur les réseaux sociaux, en mettant quotidiennement en lumière un métier en particulier. L’organisation professionnelle s’est aussi déplacée au Garac, le 2 février, pour parler de cet univers. Le choix de l’établissement argenteuillais ne doit rien au hasard. En dépit de son statut de référent dans la filière, l’École nationale des professions de l’automobile ne dispose d’aucun cursus dédié au pneumatique.
Or, avec le retour au premier plan de cette spécialité qui deviendra à terme, avec le boom de l’électrique, la première raison d’entrée en atelier, la question de déployer un cursus pneumatique au Garac se pose forcément. "Pour la direction de l’établissement comme pour nous, cette journée est un bon moyen de prendre la température auprès des élèves, explique Sarah Benslimane, juriste du syndicat, très impliquée sur le volet formation.
"Et même si rien ne voit le jour, on sait qu’on ne fait pas tout ça pour rien, poursuit-elle. Les jeunes que l’on rencontre aujourd’hui se rappelleront peut-être dans un an, deux ans ou beaucoup plus tard ce qu’ils ont vu et entendu, et peut-être que ça suscitera chez eux l’envie de faire carrière dans ce secteur." De bon matin, la première session de présentation a réuni une vingtaine d’élèves de seconde. Directeur général du Syndicat du Pneu, Régis Audugé leur a proposé une masterclass faisant la synthèse du sujet.
Adapter le message
Rôle de son organisation, ses actions, ses membres, mais surtout histoire du pneu, ses grands inventeurs, son évolution, ainsi que ses contraintes, ses utilisations ou sa composition, les axes ne manquaient pas et l’audience s’est montrée attentive. Et encore davantage lorsque des points plus prédictifs comme le pneu de demain, sa recette de plus en plus écoresponsable ou son niveau de connectivité ont été abordés.
"Ça prouve qu’on doit sortir du cadre traditionnel du pneu et adapter notre message en fonction des aspirations de tous ces jeunes", poursuit Sarah Benslimane. De la théorie à la pratique, les lycéens ont ensuite pu assister à une démonstration d’intervention mobile. Un opérateur du réseau Euromaster, venu avec son véhicule d’intervention, a réalisé un changement de pneumatique sous leurs yeux. Succès garanti !
Dernier temps fort, un formateur du réseau Point S leur a proposé de découvrir le métier de gestionnaire de flotte. Une fonction méconnue de ce public qui, là encore, a suscité beaucoup d’intérêt. Loin d’être une première, cette expérience sur le terrain démontre encore une fois que les jeunes peuvent s’intéresser au pneumatique. À condition de savoir capter leur attention et d’être patient avant de les voir rejoindre la profession. Le chemin est encore long.
Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°179 de mars-avril 2023.