Pneus usagés : toute la filière mobilisée
L’accord signé le 11 février dernier doit permettre à 15 acteurs privés et institutionnels de converger vers l’excellence dans le traitement des pneus en fin de vie et de réemploi.
Un premier accord avait été déjà signé en novembre 2012 entre les manufacturiers de pneumatiques, Aliapur et les constructeurs automobiles adhérents au CCFA et à la CSIAM. Ce deuxième l’élargit aux autres acteurs de la filière, notamment ceux de la collecte, de la distribution, de leur réemploi et leur valorisation. Ensemble, les 15 entreprises et organisations veulent démontrer à l’Etat qu’ils peuvent s’entendre pour gérer le bon fonctionnement de toute une filière, sans lui demander d’aide. Ce type d’action structurante a déjà été expérimenté avec succès dans le cadre de la résorption des stocks historiques de pneus avec la constitution de Recyvalor, ou de la création d’Aliapur par les manufacturiers. Désormais, tous s’engagent à participer à une réflexion globale sur les moyens d’améliorer le fonctionnement de la filière. Et ils ont tous des idées. Patrick BLAIN, Président du CCFA, souhaite que le coût final du traitement des pneus en fin de vie et de réemploi converge vers 0. Pour mémoire, l’éco-contribution sur les pneus en fin de vie est passée de 2,20 euros à 1,35 euro l’unité en 10 ans. Les priorités d’Éric FABIEW, Président d’Aliapur, et de Jean-Louis PECH, Président de FRP se rejoignent. Ils militent pour revoir les conditions de collecte, faire en sorte de baisser les charges ou d’aménager le temps de travail. Le Syndicat des Professionnels du Pneu s’intéresse aux prix pratiqués sur les bennes, qui varient injustement selon les régions. Il aura son mot à dire. Le tonnage de pneus en fin de vie collectés chez les négociants spécialistes représente 56 % du poids total de pneus usagés non recyclables traités par Aliapur. Pour Jean-Jacques ALMOND, Président du TNPF, il faut absolument peser pour sortir du statut de déchet les pneus en fin de vie, ce qui élargira leurs débouchés à l’international. Les signataires ont prévu de se réunir 2 fois par an. Est-ce bien assez ? Car en plus d’aborder les aménagements nécessaires à l’amélioration de la filière, d’autres objectifs communs ont été fixés, comme renforcer l’information des acteurs et des utilisateurs sur le fonctionnement de la filière, mieux valoriser les flux annuels de pneus en fin de vie, et faire émerger de nouvelles voies de valorisation. La France faisait déjà figure de modèle en Europe dans le domaine du traitement de ses pneus en fin de vie. Pour Ariel CABANÈS, représentant des manufacturiers, cette nouvelle ère qui démarre est l’opportunité de « générer de la valeur ». Aujourd’hui, la plupart des tonnages de pneus en fin de vie sont utilisés comme combustible dans les fourneaux des cimenteries en remplacement de l’anthracite. Mais bien d’autres applications existent comme les aires de jeux et les sols sportifs. Les pneus peuvent servir comme additif au béton ou de procédé antivibratoire pour les plates-formes de tramway. C’est en multipliant les débouchés, que la filière réussira à faire monter les enchères sur la matière première que représente un pneu en fin de vie. Elle s’y attelle aujourd’hui avec encore plus de vigueur, en s’assurant que chacun y trouve son compte.