Retour en force du haut de gamme à Genève
Supercars et voitures de luxe ont marqué cette 85e édition du salon international de l’automobile suisse. Les manufacturiers présents étaient à la hauteur de cette montée en gamme.
Quelques 130 premières européennes et mondiales parmi plus de 900 véhicules exposés, 700 000 visiteurs attendus, le rendez-vous annuel genevois se distingue par son goût immodéré pour l’exceptionnel. Dans la catégorie des bolides de plus de 600 chevaux, Lamborghini présentait une Aventador LP 750-4 Superveloce de 750 ch, McLaren une 675LT de 675 ch et Ferrari une 488 GTB de 670 ch. A côté, les Porsche Cayman GT4 (385 ch.) et 911 GT3 RS (500 ch.) semblaient presque raisonnables. D’autant que sur le stand Audi, une R8 Plus équipée d’un moteur V10 5,2l jouait la star, chaussée de pneus Conti.eContact de Continental en 225/40R19 à l’avant et 275/40R19 à l’arrière. Avec ses 610 ch., ce modèle est désormais le plus puissant de la marque aux anneaux. Il sera disponible aussi dans une version de 540 ch., comme l’indiquait une autre Audi R8, dotée cette fois-ci de pneus Pirelli P Zero (245/30ZR20 à l’avant et 305/30ZR20 à l’arrière).
Aston Martin n’était pas en reste avec une Vantage GT3 propulsée par un V12 de 600 ch. Même Ford avait décidé de muscler son stand. Le constructeur présentait plusieurs modèles illustrant ses gènes sportifs (une GT40 MKIII de 1969 et une Mustang de 1965 notamment), une Ford GT de 600 ch.., ainsi qu’une nouvelle RS animée d’un 4 cylindres EcoBoost 2.3 l de 320 ch. Mais le haut de gamme, c’est aussi du luxe, et le salon suisse n’a pas démérité dans ce domaine. Mercedes-Benz a remis sa marque Maybach sur le devant de la scène en exposant une limousine Classe S Pullman équipée de pneus PAX Pilot Primacy de Michelin en 255-720 R 490 AC. Bentley a présenté une Continental GT Sport et surtout un très racé concept de coupé sportif EXP10 Speed 6 (sur des pneus P Zero slicks de Pirelli!).
En comparaison, PSA faisait un peu pâle figure avec sa Peugeot 208 restylée et chez Citroën un Berlingo et une C4 également restylés. Ce « creux de gamme » coïncide évidemment avec l’arrivée du nouveau patron Carlos Tavares fin 2013, qui a repris en main les programmes en court. Chez Renault, Kadjar faisait sa première apparition publique. Ce crossover grand frère du Captur était présenté avec des ContiSportContact en 225/45R19, un profil tourisme typé sportif de Continental. Tandis que le nouvel Espace, déjà présenté au dernier Mondial de l’automobile, arborait lui des pneus de la gamme SUV CrossContact en 255/45R20. Les lecteurs du dernier dossier du magazine Pneumatique (n°130) ne seront pas étonnés.
La gamme Conti. eContact s’élargit
Continental avait son stand au salon de Genève. Étonnamment, aucun pneu n’était exposé, si ce n’est ceux d’une Audi peinte en noir et blanc dans le sens de la longueur pour illustrer deux solutions de pneus verts. Côté noir, les deux TaraxaGum étaient facilement identifiables grâce à leur marquage couleur sur les flancs. Ils sont fabriqués à partir d’un latex issu du Taraxacum, une variété de pissenlit russe, sur lequel Continental mène des recherches. Côté blanc, les deux pneus Conti.eContact en 225/50R17 V XL témoignaient que du chemin a été parcouru depuis ses premiers tours de roues (en 13 pouces) sur le Renault Twizzy en 2011. Conçu pour les voitures électriques, le pneu noté A en résistance au roulement et A en adhérence sur sol mouillé est désormais produit en 9 dimensions de 17 à 18 pouces. Continental l’a en fait adapté aux exigences des véhicules hybrides pour élargir ses débouchés vers des véhicules comme l’Opel Ampera, la BMW ActiveHybrid 5, la Lexus LS 600H et le Porsche Cayenne S Hybrid, par exemple. L’usine française de Sarreguemines est en charge de la production de ce pneu pour voitures hybrides. Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle car les volumes de ce pneu onéreux à fabriquer seront modestes, au moins au début.
Les toutes-saisons en ordre de bataille
Bridgestone est un habitué du salon de Genève. Mais cette année, le Groupe a décidé d’inviter sa marque Firestone, dont il veut accroître les ventes sur la scène européenne. Ses gammes connaissent un renouvellement accéléré depuis bientôt 3 ans. Le Destination HP lancé à l’été 2014 pour les SUV et le Multihawk 2 arrivé au début de l’année sont maintenant complétés par le nouveau Multiseason, un pneu toutes-saisons disponible en Europe à partir de juillet 2015, avec 25 dimensions de 13 à 16 pouces (9 à partir de juillet et 16 autres au second semestre). Il est homologué pour une conduite sur la neige comme l’indique son symbole 3PMSF (montagne à 3 pics avec flocon de neige). Cette nouveauté va impacter la gamme Bridgestone, qui a prévu de stopper la vente de sa gamme Weather Control de pneus toutes-saisons.
Qui sait, peut-être pour en sortir un autre, qui sera capable de rivaliser avec le nouveau Cross Climate de Michelin. Ce pneu été-hiver (lire article p.57), pas exposé mais présenté à la presse en amont du salon, animait les conversations sur les stands des manufacturiers. Il confirme que le segment des toutes-saisons a le vent en poupe. Cette année, Pirelli lance aussi le Cinturato All Season (lire article p.62). Le nouveau pneu, avec sa technologie anti-crevaison Seal Inside, était d’ailleurs en position centrale sur le stand du manufacturier. Comme à chaque édition, Pirelli fait valoir sa présence en première monte sur de nombreux modèles prestigieux du salon, à l’instar de l’Aventador Super Veloce. Mais les produits des gammes Scorpion (en version Scorpion Verde ou All Season) ou P Zero se retrouvaient aussi sur les nouveaux Audi Q7 et Audi Q3, le Volvo XC90 ainsi que les BMW X5M et X6M. Chez Goodyear, en plus de deux concepts inédits détaillés plus loin, Dunlop présentait 4 nouveaux pneumatiques pour le championnat BTCC (Bristish Touring Car Championship). Il fallait questionner Olivier Rousseau, vice president Consumer PBU EMEA de Goodyear, pour en apprendre d’avantage sur les prochaines initiatives du Groupe. Ainsi, « un pneu toutes-saisons sera lancé un peu avant l’hiver » et « des nouveautés arriveront dans nos deux marques cette année ». Et d’ajouter : « nous allons annoncer prochainement des élargissements de gammes dans nos marques non-premium ».
A Genève, Vredestein a célébré le 5ème anniversaire de sa collaboration avec Carlsson et exposé un cabriolet Bentley Continental GTC de Mansory sur son stand. Le manufacturier entretient des liens étroits avec ces préparateurs automobiles d’origine allemande. Chez Carlson, Vredestein équipait une Mercedes-Benz Classe C (W 205) avec ses Ultrac Vorti (225/40ZR19 à l’avant et 255/35ZR19 à l’arrière). Une Super GT C25, très éloignée et pourtant basée sur la Mercedes- Benz SL 65 AMG, était également exposée avec des Vredestein Ultrac Vorti R (255/30ZR20 à l’avant et 305/25ZR20 à l’arrière).
Dynamisme commercial de Yokohama
Yokohama était venu au salon avec deux surprises, illustrant son dynamisme commercial. La première était le nouveau Geolandar H/T G056, un profil mixte destiné aux 4x4 et SUV, qui arrivera progressivement sur le marché européen à partir de l’été. Par rapport au Geolandar H/T-S qu’il va remplacer, il réduit sa distance de freinage sur le mouillé de 3%, grâce à ses 4 larges sillons sur sa circonférence pour évacuer l’eau, ainsi qu’un mélange de gomme chargé en silice et incorporant de l’huile d’orange, qui accroissent l’adhérence. Yokohama a porté ses efforts à l’amélioration de la résistance à l’usure, qui s’avère 21% moindre, ainsi qu’à la réponse au volant, qui progresse de 13% depuis que les ingénieurs du manufacturiers ont introduit de nouvelles lamelles 3D et renforcé les pains de gomme aux épaules.
Le Geolandar H/T G056 présente également une efficacité énergétique supérieure à 4%, par rapport au produit actuel. Sur l’étiquette, il sera néanmoins noté E en résistance au roulement, C en freinage sur sol mouillé et ses émissions sonores extérieures sont annoncées à 72dB (2 ondes), dans la dimension 265/65R17 112H. L’autre surprise de Yokohama, c’était ce contrat signé pour 5 ans avec le club de foot anglais Chelsea. Un pneu Advan Sport V105 signé de la main du capitaine John Terry était là pour marquer cette opération marketing majeure pour le manufacturier en Europe. Elle va lui coûter près de 55 millions d’euros par an pour avoir son logo sur les maillots de l’équipe. Car la réputation de Chelsea, qui évolue en Premier League anglaise, dépasse les frontières. Elle en a pris un coup avec l’élimination de l’équipe par le PSG en Ligue des champions mi-mars. Mais heureusement, le contrat de sponsoring démarre à compter du mois de juillet 2015.