Le Tribunal européen demande l'annulation des mesures anti-dumping sur les pneus chinois
L'information est passée presque inaperçue et c'est à nos confrères de l'European Rubber Journal (ERJ) qu'on la doit. Le 4 mai 2022, le Tribunal européen a décidé que les mesures antidumping imposées aux pneumatiques chinois par la Commission européenne, inspirées de celles prises quelques années plus tôt aux États-Unis, devaient être annulées. Celle-ci n'a "pas procédé à une comparaison équitable des prix dans son calcul de la sous-cotation des prix" comme l'indiquent les autorités communautaires dans leur jugement.
La justice avait été saisie début 2019 de cette affaire après la mobilisation de l'Association chinoise de l'industrie du caoutchouc (CRIA) et de la Chambre de commerce chinoise des importateurs et exportateurs de métaux, minéraux et produits chimiques (CCCMC). La Commission européenne a désormais jusqu'au 14 juillet pour faire appel de cette décision.
Une mesure aux effets discutables
Pour rappel, ces mesures prises par Bruxelles étaient censées rétablir un certain équilibre sur un marché du pneumatique européen alors mis à mal par la compétitivité des enveloppes produites en Chine. Des taxes comprises en 42,73 et 61,76 euros par pneu avaient été actées. L'UE avait été saisi du problème par un conglomérat de professionnels du secteur, représentant alors 45 % de la production de pneumatiques neufs et rechapés sur le Vieux Continent.
Très attendue, cette réglementation n'a pas totalement eu les effets escomptés et reste encore aujourd'hui soumise à différentes interprétations. Si les importations de pneumatiques en provenance de Chine ont ralenti, le marché continental n'a pas redécollé pour autant même s'il s'est stabilisé. Parallèlement, le segment du rechapé, grand perdant du boom des gommes exotiques, peine encore à retrouver son dynamisme d'antan.
Les manufacturiers chinois ont déplacé leurs productions
Interrogée sur l'impact de cette décision du Tribunal européen sur l'industrie du pneu et du rechapage, une source de l'ERJ a déclaré qu'"il est trop tôt pour se prononcer, ne sachant pas quelle mesure sera prise (par la Commission européenne, ndlr)".
Et d'ajouter : "Nous avions déjà vu que les importations provenaient d'autres pays, entre-temps". En effet, rapidement après la décision de l'UE, plusieurs manufacturiers chinois ont déplacé leurs productions dans des pays voisins pour contrecarrer cette mesure…