Loi Montagne : l'ex-député Joël Giraud appelle à faire appliquer les sanctions
La loi Montagne est son dada. Maire de L’Argentière-La-Bessée (05) de 1989 à 2017 et député des Hautes-Alpes pendant près de deux décennies, Joël Giraud est un fervent défenseur de son territoire. Il a beaucoup œuvré au cours de sa carrière politique pour son rayonnement. La sécurité des automobilistes sur les routes de la région et l'accessibilité des différentes communes sont de véritables mantras pour le gapençais.
Celui qui fut secrétaire d’État de 2020 à 2022 dans le gouvernement Jean Castex s'est battu pendant de longues années pour que la loi Montagne voit le jour. En vigueur chaque saison depuis 2021, cette mesure a trouvé sa place en France. Les usagers de la route l'ont à présent bien identifiée et bien assimilée. Mais aujourd'hui, un autre enjeu sous-jacent demeure.
Des airs de coquille vide
Pour cette quatrième saison, la loi Montagne attend toujours le décret d'application de l'amende de 135 euros prévue pour les automobilistes pris en défaut d'équipement. Les autorités continuent de miser sur la pédagogie plutôt que sur la répression. "Ça m'énerve. Ou plutôt, ça continue de m’énerver car j’ai déjà dit aux précédents gouvernements que c’était ridicule de ne pas sanctionner les contrevenants" expliquait Joël Giraud, le 27 octobre dernier, à nos confrères du Dauphiné Libéré.
Sans amende, cette mesure prend ainsi des airs de coquille vide. Pour autant, cette stratégie est née dans les couloirs des ministères à une époque où Joël Giraud les arpentait encore. Le politicien semble l'avoir oublié. Et aujourd'hui, il s'étrangle de voir que rien ne change.
"Qu’il y ait eu une tolérance la première année pour que les Français aient le temps de s’informer, de s’adapter, de s’équiper, je veux bien, mais maintenant je ne comprends plus." Une position partagée par plusieurs élus comme Fabrice Pannekoucke. Le maire de Moûtiers et président de la région Auvergne-Rhône-Alpes s'était confié dans nos colonnes il y a un an.
Entre crainte et méconnaissance
Pour comprendre cette situation, Joël Giraud avance deux hypothèses auprès de nos confrères. La première, "c’est que les gouvernements ont le trouillomètre à zéro car ils craignent que les Français redescendent dans la rue en mode gilets jaunes donc ils ont peur de tout". La deuxième tient à la "méconnaissance de la réalité du terrain". Et d'ajouter : "Un ministre m’a dit un jour qu’il ne voyait pas l’intérêt d’obliger les pneus neige puisque, selon lui, il n’y a plus de neige."
Se disant étonné et effrayé par cette lecture du sujet, celui qui a arrêté sa carrière politique en juin dernier appelle à une plus grande fermeté. "Pas de sanction sous Élisabeth Borne. Pas de sanction sous Gabriel Attal. Il faut maintenant espérer que Michel Barnier prenne ses responsabilités" espère-t-il.
Haut-alpin comme lui, le Premier ministre connaît les enjeux relatifs aux massifs montagneux. "Normalement, lui, il sait qu’il y a de la neige en montagne…" conclut Joël Giraud.