Nouvelles mobilités : le vélo plébiscité, la trottinette boudée
Les nouvelles mobilités n’ont jamais été autant à la mode. Et le terme ne cesse de se décliner, mobilités douces, micromobilités… Dans les centres urbains, les vélos ainsi que les trottinettes électriques ont connu un essor fulgurant depuis la pandémie de 2020.
Ainsi, l’Ademe estimait en 2023 que 760 000 trottinettes électriques avaient été vendues l’année précédente, que 2,5 millions de personnes l’utilisaient et que 200 villes françaises avaient mis en place le libre-service de cette mobilité.
La dégradation des infrastructures et le manque de sécurité faisant, certaines villes interdisent finalement ce service à la trottinette, mais pas au vélo. La mesure ne suffit pas à ralentir le développement de cette nouvelle mobilité.
Les retailers et autres ateliers de réparation s’implantent massivement dans les centres-villes. Pour autant, si le vélo électrique semble révéler un attrait certain chez les manufacturiers, la trottinette électrique est boudée et ne fait même pas partie du vocabulaire des grands noms du pneumatique.
Une valeur sûre, le vélo
À l’heure où la plupart des centres-villes sont limités à 30 km/h, l’utilisation des mobilités douces remplace l’automobile par sa polyvalence. Le vélo à toujours plus ou moins fait partie du quotidien des citadins, mais sa déclinaison électrique séduit bien plus. Les manufacturiers historiquement présents sur le bicycle tels que Continental ou Pirelli ont donc dû adapter leurs enveloppes à cette nouvelle technologie, avec les contraintes qu’elle impose.
Monzon Traore, responsable des ventes vélo chez Continental Tires, explique : "Un vélo électrique est plus lourd, notamment à cause de la batterie, donc la carcasse du pneumatique doit être adaptée pour supporter ce surpoids et les déformations que ça implique. La seconde contrainte liée à l’assistance électrique est la prise de vitesse rapide. Le pneumatique doit pouvoir garder en motricité sans s’user trop vite, donc il faut plus de gomme."
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En 150 ans d’existence, Pirelli a tout autant produit de pneus pour le cyclisme que pour l’automobile, bien que la conception diffère. Francesco Bruno, directeur des solutions de micromobilité, et Samuele Bressan, directeur marketing division cycle, acquiescent : "Les pneus doivent être plus légers que sur une voiture puisque la puissance est moindre. Ainsi, il n’y a pas de structure en ferraille, mais plutôt un matériau textile fin permettant d’obtenir un pneu léger et plus souple. Seuls les pneus de Formule 1 sont conçus de la même manière."
À l’instar de quelques autres manufacturiers, Continental et Pirelli n’hésitent pas à promouvoir leurs compétences dans la fabrication de pneus pour vélos. Si la déclinaison électrique du cycle est récente et encore en progression, le marché du vélo est cependant bien plus structuré que celui de la trottinette électrique.
La fragilité de la trottinette
Plus récemment introduite, celle-ci connaît une réelle progression. Pourtant, Lenny Carquin, président de la marketplace Shifter, perçoit des fragilités sur ce marché. "Il est loin d’être structuré avec encore beaucoup de petits acteurs, que ce soit dans la distribution ou la fourniture de services", note le dirigeant.
"Les réseaux lèvent des fonds et rachètent petit à petit des indépendants pour prendre de l’ampleur, de même que les fabricants acquièrent leurs grossistes et leurs distributeurs, donc il y a énormément de mouvement" analyse-t-il. Cependant, les ateliers de réparations de vélos, qui se diversifient dans les autres mobilités douces, ont peu de choix dans l’entretien des trottinettes. "La majorité des pièces détachées vient de Chine. Les prix proposés sont très agressifs", explique le président de Shifter.
Difficile donc pour les manufacturiers européens de venir concurrencer les asiatiques sur des pièces peu rentables. D’autant que la trottinette, souvent perçue comme un outil jetable par les consommateurs, ne bénéficie pas toujours d’un entretien, jugé encore trop cher.
Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°187 de novembre-décembre 2024.