Wyz Group : les vertus de la valeur ajoutée
Les apparences sont parfois trompeuses. Si le marché français du pneumatique a renoué en 2024 avec la croissance, celui-ci reste soumis à de multiples aléas. En élargissant la focale tant sur le plan contextuel que géographique, de lourdes incertitudes demeurent. Entre "dépremiumisation" des ventes, évolution des habitudes d'achat, interrogations géopolitiques ou économiques, ce constat est loin de prêter à un optimisme débordant en France, en Europe ou dans le monde entier.
Un avis partagé par Pierre Guirard, PDG de Wyz Group, qui admet que, l'an passé, "le marché a été compliqué" avec des clients "dans la douleur" tant chez les constructeurs, les groupes de distribution ou les acteurs de l'après-vente. Fidèle à ses habitudes, le dirigeant a joué la carte de la transparence face aux journalistes au cours d'un point presse qui aura permis d'évoquer l'évolution récente de la société compiégnoise, mais surtout son avenir.
Depuis son lancement en 2009, le spécialiste des solutions digitales a pris la bonne habitude d'enchaîner les exercices positifs. En se plaçant au cœur du "jeu" et avec sa philosophie tournée vers l'innovation, Wyz Group a su trouver sa place et se rendre incontournable pour tout l'écosystème de l'automobile, jusqu'à devenir le leader européen de la création de solutions autour du pneumatique. Nonobstant ses beaux états de services, la société n'en reste pas moins, elle aussi, soumise aux fameux aléas du marché.
Le tournant stratégique de 2021
En 2024, elle a ainsi dû gérer la perte de Michelin. En réorganisant en France et en Belgique son activité dépannage des marques Michelin et Kleber, notamment pour son réseau Euromaster, Bibendum a créé un trou dans la raquette de Wyz. Évalué à 140 millions d'euros en 2023, son chiffre d'affaires a reculé à 114 millions l'an passé. Pas de quoi effrayer Pierre Guirard et ses associés.
Directeur général d'Holnest, partenaire du premier jour de la société, Alexandre Aulas précise pourquoi cette baisse n'est pas un problème. "Déjà parce qu'à périmètre constant, l'activité a augmenté de 10 %. Ensuite, parce que la rentabilité, point sur lequel nous sommes très vigilants, a elle aussi progressé. Enfin, parce que Wyz s'est engagé depuis plusieurs années dans une stratégie tournée vers la valeur ajoutée."
C'est en effet un véritable cheval de bataille tout autant qu'un garde-fou pour la société. Depuis 2021, un virage s'est opéré. "On s'est dit à ce moment-là que notre métier d'aujourd'hui ne serait pas celui de demain" rappelle le PDG. Aux côtés du pneu, cœur de métier de la structure, la partie services est donc montée en puissance. Complémentaires, la première étant moins profitable mais générant plus de chiffre d'affaires et inversement pour la seconde, ces deux activités devraient à terme s'équilibrer.
Une suite de logiciels sans équivalent
C'est du moins l'ambition de Wyz Group qui, pour ce faire, investit chaque année massivement. Quatre millions d'euros ont encore été mobilisés l'an passé. "Clairement, notre objectif est d'avoir les meilleurs outils, pointe Pierre Guirard. Aujourd'hui, on est à la tête d'une suite de logiciels sans équivalent sur le marché." Le "end to end du pneumatique" renchérit Alexandre Aulas qui évoque une "référence incontestable à l’échelle mondiale".
Un engagement qui se veut toutefois pragmatique. Loin d'être jusqu'au-boutiste, la société sait aussi aller chercher la compétence là où elle se trouve quand il le faut pour pérenniser sa croissance. Le rachat de l'entreprise allemande UIM (facturation centralisée et sécurisée) ou l'entrée au capital de CaRool (diagnostic des pneus) ces derniers mois viennent confirmer cela. À date, Wyz Group est donc en mesure de répondre à tous les besoins de ses clients.
Et ces derniers, manufacturiers, groupes de distribution, constructeurs automobiles, grossistes, réseaux IAM, ne s'y trompent pas. En France, la marque Porsche, le réseau Vulco et les groupes NGE et Allios se sont laissés convaincre par la société. À l'international, Toyota, Volvo et Jaguar Land Rover ont fait de même, tout comme le groupement Nexus Automotive. Un partenariat qui n'a rien d'anodin alors que ce dernier rayonne sur tous les continents et pourrait ouvrir de nombreuses portes à Wyz.
Des ambitions et des valeurs
La question de l'internationalisation est d'ailleurs centrale dans le développement actuel et futur. "On n'a pas peur d'aller partout" résume Pierre Guirard alors que sa société est désormais présente dans 19 pays. Parmi les derniers découverts, le Japon, où était déjà présent UIM, est sans doute l'un des plus symboliques "parce que développer une plateforme dans ce pays, au-delà de l'aspect linguistique, implique de nombreux défis."
Des défis parmi d'autres. Car pour continuer de grandir et demeurer ce maillon essentiel de son écosystème, Wyz Group connaît la musique : anticiper et innover. Encore et toujours. La problématique de l'intelligence artificielle s'avère ainsi en bonne place sur sa feuille de route. Sa solution "smart stock", testée avec OPAL (groupe Dubreuil), intègre cette technologie et permet aux plateformes d'optimiser les stocks et d'anticiper les ruptures. Un sujet crucial pour l'avenir.
Au final, si Pierre Guirard se félicite de la trajectoire prise par son entreprise, rappelant souvent que tout ceci lui paraissait bien impensable il y a quinze ans, le dirigeant n'en reste pas moins fidèle à ses valeurs. Valoriser celles et ceux qui font Wyz, ces 80 salariés répartis en France et en Allemagne, est un sujet crucial. Soutenir les nouveaux entrepreneurs ou adopter et encourager des pratiques vertueuses le sont tout autant. Des éléments peut-être moins visibles et pourtant si importants dans la réussite de la société.