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Distribution

Chez Distri Cash, pneus et pièces ne font définitivement plus qu’un

Publié le 14 décembre 2023

Par Romain Baly
5 min de lecture
Si le pneumatique est inscrit dans les gènes du groupe de Charente-Maritime, la pièce détachée, portée par l’enseigne DCA, s’est progressivement faite une place de choix dans l’univers de Distri Cash. Générateurs de croissance, l’un et l’autre semblent désormais indissociables.
La plateforme Distri Cash de Berre-l’Étang, inaugurée en juin 2020, permet au groupe de rayonner sur toute la région PACA.

Mi-octobre 2023, en amont des essais de la nouvelle gamme été de son partenaire Sailun organisés sur le circuit du Grand Sambuc à Vauvenargues (13), Distri Cash a convié ses clients et quelques journalistes privilégiés à découvrir son site de Berre-l’Étang. Et plutôt que de focaliser toute l’attention sur son savoir-faire historique, sa raison d’être première, le groupe de Sainte-Soulle (17) a fait le choix d’ouvrir toutes les portes. Celles du pneu, bien entendu, mais aussi celles de la pièce détachée.

Deux activités qui ont suscité un vif intérêt et de nombreuses interrogations. Preuve finalement que le binôme fait sens. Acteur incontournable de la distribution de pneumatiques dans l’Hexagone, Distri Cash a commencé à structurer sa diversification dans la pièce voilà déjà huit ans. En 2015, ouvrait ainsi la première plateforme DCA, à Gennevilliers, en Ile-de-France.

"L’opportunité d’ouvrir une plateforme, et donc de diversifier le groupe avec une nouvelle activité, s’est présentée et c’était un vrai challenge car on découvrait une région très dynamique, commercialement parlant, mais aussi très concurrentielle, très exposée, très chère aussi…", se remémorait il y a deux ans Jean-Philippe Moyet dans nos colonnes (JDP n° 168).

Mais le PDG, plutôt du genre très visionnaire, savait où il allait, et surtout comment. Pour relever ce défi, Distri Cash ne s’est pas vu plus beau qu’un autre. Appréhender ce nouveau business demandait une remise à plat du fonctionnement.

Une offre exhaustive

Dupliquer le modèle d’un univers à un autre, si différent dans son approche, aurait été voué à l’échec. D’où l’idée de rester fidèle aux valeurs maîtresses du distributeur (des volumes, des marques, de la disponibilité, de la réactivité…) tout en s’adaptant à ce nouveau monde. La plateforme de Berre-l’Étang est de ce point de vue assez significative.

Sur les 7 500 mètres carrés, deux tiers sont logiquement consacrés à la gomme. Y sont stockés, en ce début d’automne, environ 86 000 produits dans des allées rangées au cordeau, au sein desquelles rien ne traîne, du sol au plafond – à 13 mètres de haut. Si l’entrepôt dispose d’une capacité de 110 000 unités, sa direction ne souhaite pas aller aussi loin, jugeant que cela nuirait à sa productivité.

Comme le veut la stratégie de Distri Cash, les principales marques premium du marché (Michelin, Continental, Goodyear…) voisinent avec d’autres noms quality (Kleber, Firestone…) ou budget (dont Sailun, mais aussi Taurus ou encore Tracmax).

 

Côté pneus (5 000 m²), le site rassemble environ 86 000 enveloppes et expédie quotidiennement 2 300 produits en moyenne.

 

Une exhaustivité de l’offre qui fait la singularité et le succès de l’entreprise. Inauguré en juin 2020, en plein Covid, ce site rayonne sur toute la région PACA. Ses clients locaux sont livrés 2 fois par jour, ce qui représente, en moyenne, 2 300 pneus qui sortent de l’entrepôt quotidiennement. Des volumes absorbés par les 3 ou 4 semi-remorques (de 900 pneus chacun) qui ravitaillent chaque matin l’entreprise. Pour gérer tous ces flux, une quinzaine de collaborateurs sont mobilisés.

Gage à eux de faire tourner la boutique. Ils sont aidés dans leur travail par l’informatique, omniprésente à toutes les étapes. Chaque référence entrante est scannée, intégrée dans le système, puis mise en racks avant que ces derniers soient envoyés quelque part dans l’entrepôt. Chaque emplacement disposant d’un code barre, le préparateur n’a "simplement" qu’à suivre son chemin de picking pour récupérer le bon produit. La suite se joue dans la zone d’expédition où les commandes sont finalisées, et certaines enveloppes filmées.

Filmer les pièces pour mieux responsabiliser

Accolé à ce vaste espace, se trouve le dernier tiers du site : 2 500 mètres carrés dévolus à la pièce détachée. Avec un certain contraste, puisque le calme de l’un tranche avec l’effervescence de l’autre. Logique pour une activité qui demande plus de main-d’œuvre et qui génère une démultiplication des commandes.

Sur trois niveaux, 50 000 références sont stockées selon une logique de marques et de familles de produits, bien connue des spécialistes du genre. Si l’espace pour cette activité est plus restreint, la demande est bien là. Plus de 1 500 colis sortent chaque jour de l’entrepôt. Certains dans des cartons, d’autres sous film. Cette technique évite les colis "à moitié remplis" avec un contenu mal adapté au contenant, et surtout, elle responsabilise les livreurs.

Lionel Gautherie, le directeur du site, souligne "qu’avec un carton, dans la précipitation, le livreur peut être un peu moins vigilant. Une pièce filmée, comme il la voit, il va y faire beaucoup plus attention." C’est simple et pratique, encore fallait-il y penser.

Quant à savoir si les clients ont pris le pli de s’appuyer sur l’une et l’autre de ces deux activités pour leurs propres besoins, le responsable fait remarquer la marge de progression qui existe encore. Mais "la plupart de nos comptes pneus ont aussi un compte pièces", se félicite-t-il. Si, pour des questions juridiques, Distri Cash et Logic System (repris en 2018) demeurent deux entités séparées, les affaires s’avèrent bel et bien complémentaires.

Le réseau DCA va continuer de grandir

Voilà comment fonctionne donc la rechange automobile façon Distri Cash. Et la recette porte clairement ses fruits. Sur un chiffre d’affaires 2023 attendu d’environ 550 millions d’euros, le groupe va en générer à peu près 18 % grâce à la pièce. C’est quasiment 4 fois plus qu’en 2010, lorsque le sujet était abordé de façon désordonnée dans les agences. Mais surtout, les perceptives de croissance sont réelles.

 

Côté pièces (2 500 m2), si l’espace est plus restreint, l’activité demeure intense avec 1 500 colis préparés chaque jour.

 

En quelques années, après celle de Gennevilliers, des plateformes DCA ont vu le jour à Lille, Rennes, Bordeaux, Lyon, Berre-l’Étang donc, mais grâce à la reprise de Logic System (d’où l’absence du nom DCA dans les Bouches-du-Rhône…), en attendant de trouver une solution à Rouen où la société a été victime d’un incendie cette année. Une implantation est aussi espérée à terme dans l’Est, et la découverte de Toulouse est actée pour 2024. Le réseau peut par ailleurs compter sur le soutien du groupement Alternative Autoparts, auquel il est affilié depuis fin 2022.

Une organisation plus mature côté pneu

Face à un marché du pneu difficile à lire autant qu’à anticiper, Distri Cash voit dans la pièce une force, avec l’assurance d’une activité plus linéaire au fil de l’année, et qui est en réalité le parfait complément de son expertise initiale sur le pneu. N’allez pas croire pour autant que celle-ci est laissée de côté. Bien au contraire. Simplement, sur un plan structurel, le groupe de Charente-Maritime s’appuie sur une organisation bien plus mature côté pneu.

La Rochelle, Valence, Dijon, Rennes ou Berre-l’Étang sont de véritables vaisseaux amiraux, des plateformes de premier rang (A selon la classification maison) qui disposent d’une offre exhaustive. Mais leurs petites sœurs, aux tailles et aux rayonnements moins importants, le sont tout autant. Avec 27 implantations sur le territoire national, Distri Cash revendique un rayonnement homogène.

L’idée n’est plus d’en créer de nouvelles, mais plutôt de moderniser ou d’agrandir certaines existantes. Façon pour Jean-Philippe Moyet et ses équipes "de choisir de ne pas choisir", autrement dit, d’assumer le fait que le monde du pneumatique continue de se complexifier avec toujours davantage de références et qu’il revient plus que jamais aux distributeurs d’y faire face.

Un grand service rendu à la fois aux manufacturiers et aux revendeurs. C’est grâce à cette stratégie que le groupe n’a cessé d’engranger de la croissance depuis le milieu des années 2010. Et c’est encore grâce à elle qu’il peut pérenniser son statut de mastodonte du secteur. Pragmatique et réaliste, le PDG estime qu’un ratio 75/25 entre le pneu et la pièce constituerait à l’avenir un bon équilibre pour son groupe.

 

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°182 de novembre-décembre 2023.

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